Critique

Bus Simulator PS4

Développeur : Astragon – Éditeur : Stillalive Studios Date de Sortie : 17 septembre 2019 – Prix : 39,99 €

J’avoue, j’ai un gros faible pour les simulateurs. Les simus, c’est un truc bien antérieur au jeux vidéos, mais avec la capacités du matériel informatique c’est devenu un support de choix. D’abord quelque chose de très sérieux et destiné à un marché professionnel, il s’est vite démocratisé et est devenu un genre à part entière pour le plus grand bonheur des fans d’aéronautique et d’automobile. À vrai dire, pour le reste du monde, pas grand chose à se mettre sous la dent à quelques exceptions près, immédiatement qualifiées d’ovnis. Je vais me hasarder un peu plus loin dans l’analyse historique et avancer que c’est avec le succès de Farming Simulator (2008 pour la première mouture) qu’est apparue une nouvelle mouvance pour les simulateur : tantôt s’essayant à des disciplines nouvelles, tantôt parodiant totalement le genre.

Mon premier contact avec Bus Simulator fut l’édition 2016 sur PC, obtenu dans un « bundle » avec l’achat d’autres jeux. D’abord lancé par curiosité, j’y ai consacré une bonne dizaine d’heures et j’avoue m’être attaché au titre, malgré ses défauts évidents. Toujours est-il que lorsque j’ai vu que le jeu était disponible dans une édition physique sur PS4, mon manque de lucidité légendaire m’a poussé à me l’offrir.

Comme le précédent opus, Bus Simulator (qui porte le patronyme 2018 sur PC) vous place dans la peau du responsable d’un réseau de bus urbains. Après avoir choisi un uniforme parmi 3 fringues et 42 couleurs toutes incroyablement inesthétiques, on vous alloue une somme de départ permettant d’acheter un véhicule. À la façon d’un Eurotruck, le jeu se concentre sur la conduite mais aborde également la gestion d’une flotte de véhicules. Plus vous roulez, plus vous obtenez de fonds que vous pourrez utiliser pour augmenter la taille de votre parc et employer de nouveaux conducteurs pour vous épauler, ce qui vous fera gagner plus d’argent et ainsi va la start-up nation.

Il vous faudra toutefois continuer à conduire, il est nécessaire d’effectuer un trajet pour « faire avancer le temps » d’une semaine et ainsi en récolter les bénéfices, chaque ligne de bus que vous définissez devant être « validée » en l’effectuant vous même. D’ailleurs, il me semble que ce n’est pas explicitement annoncé et l’on s’aperçoit parfois qu’une ligne ne rapporte rien malgré l’affectation d’un conducteur et sa machine. Vous n’aurez pas non plus le temps de flâner : s’il existe bien un mode de conduite libre, celui ci ne fera pas s’écouler la semaine et n’engendrera pas de revenus.

Des missions seront proposées au fil de votre progression et vous permettront d’accéder à nouvelles zones de la map et obtenir des bonus en argent. Elles consistent principalement à créer des lignes selon des contraintes de passage à certains arrêts, de les parcourir et de les exploiter.

L’interface nous propose donc de consulter un rapide récapitulatif de vos gains, de composer des itinéraires et y attribuer vos ressources humaines ou matérielles, d’embaucher du personnel et enfin d’investir dans des bus et les décorer. Tout ceci évoluera avec l’expérience acquise lors de vos phases de conduites. Et justement, passons à la simulation.

En premier lieu, Bus Simulator se veut plutôt réaliste. Pas de « distorsions » du temps au des distances comme pour EuroTruck, il faut dire que le transport urbain se prête plus à une utilisation en temps réel. Il est toutefois proposé quelques arrangements au joueur : on peut par exemple se passer du trajet entre le dépôt et la ligne à proprement dite ou désactiver la vente de tickets à la montée du véhicule.

La physique du véhicule est plutôt bonne même si l’on ne sort pas du cadre normal de l’utilisation d’un bus. Lorsqu’on s’aventure hors du bitume on est surpris par les capacités des engins. N’ayant jamais fait de rodéo sauvages je ne pourrais pas réellement m’exprimer mais c’est plutôt surprenant.

Les véhicules et piétons ont un comportement correct sans pour autant être criant de réalisme. Lorsque la circulation commence à être dense il peut arriver que l’on passe pas mal de temps à attendre aux intersections, mais sans jamais observer de situations bloquantes. D’ailleurs l’observation de l’IA est assez déroutante et, aux carrefours sans feux, on a la sensation que les voitures suivent un code de la route bien à eux, se laissant la politesse à chaque intervalle régulier… Par contre méfiez vous des piétons, il n’est pas rare de les voire subitement changer de direction au niveau d’un passage protégé et de se jeter littéralement contre votre engin.

Des événement particuliers peuvent survenir pour pimenter votre expérience, par exemple des travaux sur la route, des usagers handicapés demandant un accès rampe, voire quelques petites incivilités du type utilisateurs laissant des débris ou écoutant de la musique trop fort (Ah oui, un service de qualité, tout ça). J’ai personnellement ragé plus d’une fois quand le jeu me demandait de rendre à une personne un objet oublié qu’il m’était impossible de saisir. Enfin, je regrette de ne pas avoir recroisé le mec bourré de la version 2016 qui, s’il te faisait baisser l’xp acquise, te filait 50 balles sans te demander la monnaie. Non, dans cette version il y a des resquilleurs, qui en cas de contrôle des titres de transport (action qu’il faut donc faire soi-même, pas moyen d’engager de personnel pour ça), sont mis à l’amende de 120€.

Je parlais précédemment d’xp : les accidents, excès de vitesses et autres sont punis directement au porte monnaie. L’expérience est acquise en fonction de la qualité de conduite, un clignotant mis, un arrêt desservi à l’heure et c’est un bonus. A contrario, un trottoir heurté ou un passager oublié équivaudront à un malus.

La maniabilité est relativement bonne au niveau de la conduite, malheureusement l’interface et la disposition des fonctions à la manette n’est pas idéale sur la version PS4, le jeu ayant certainement été pensé initialement pour un clavier. Le déplacement de la caméra (indispensable en vue intérieure) est assez pénible. Pour finir, l’utilisation du poste de vente de ticket et du monnayeur est un véritable enfer.

La map est plutôt variée et habillement conçue. On retrouve les différentes zones propres à une agglomération sur un espace relativement restreint. L’interface semble toutefois indiquer qu’il existe plusieurs map alors que je n’ai pu en choisir qu’une seule. Est-ce que les développeurs ont anticipé d’éventuels DLC ou est-ce un reliquat de la version PC qui est peut être moddable? Toujours est-il que c’est le genre de détail qui chagrine un peu, comme le dernier bus annoncé comme DLC, indisponible sur la plate-forme de SONY…

La réalisation reste correcte mais est loin des standards actuels. Les véhicules sont relativement bien modélisés, les environnements également même si on repère assez rapidement des assets qui se répètent beaucoup, nuisant quelque peu à l’immersion. Les personnages, qu’ils soient passagers ou piétons paraissent la plupart du temps absolument grotesques que ce soit dans leur apparence ou leur comportement, ce qui nuit parfois au réalisme même si cela occasionne quelques bons fous rire. Ajoutons également des bugs au niveau de l’interface, en particulier de la carte, qui, s’ils ne sont jamais bloquants ne font pas vraiment pas bon genre.

Une version du jeu en ligne est disponible même si je n’en ai pas vraiment perçu l’intérêt. Il y est possible de partager son entreprise avec trois joueurs qui assument alors le rôle de conducteurs lambda avec un déroulement inchangé.

Que conclure après ce constat pour le moins mitigé ? Effectivement Bus Simulator n'est pas un titre qu'on peut conseiller à n'importe quel joueur. Soyons honnête, si la réalisation est clairement loin d'un triple A, c'est un genre dans lequel on est habitué à certaines concessions. Admettons toutefois que Bus Simulator est globalement un peu en dessous de la moyenne actuelle. Ses défauts et son parti pris très axé simulation rebuterons à coup sûr la majorité. Mais pour ceux qui ont déjà quelques titres à leur actif, qui sont avertis que le jeu n'est pas parfait et qu'il demande un peu d'investissement, il sera une expérience vraiment originale. Personnellement je commence à accumuler pas mal de temps de jeu sans forcément m'en être rendu compte.

Bjorn nah

Bjorn nah

Joue un peu à tout et parfois, code sur des machines rassies. Mais dans tous les cas ; ne finit jamais ses jeux.

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