Faire du Defense Tower à l’envers, c’est la nouvelle mode de nombreux développeurs de jeux vidéo. Néanmoins, certains parviennent à sortir du lot pour proposer une vraie nouvelle expérience. Le jeu de 11 bits Studios est-il de ceux-ci ?
Attaque stratégique
Tout le monde connaît le Tower Defense. Ce genre de jeu consiste à mettre en place puis gérer des tourelles aux capacités de tirs différentes, pour empêcher une armée arrivant par vagues de franchir votre ligne de défense et de détruire votre quartier général. Dans Anomaly : Warzone Earth, c’est exactement tout le contraire qui est proposé au joueur.
Des envahisseurs venus d’une autre planète ont débarqué sur Bagdad et Tokyo. D’étranges zones contaminées par les tourelles aliens ont alors fait leur apparition. Votre escouade de sauveurs de l’humanité, armée jusqu’aux dents et dirigée par un haut gradé à l’accent anglais particulièrement savoureux, va alors devoir faire le ménage en territoire ennemi et réussir plusieurs objectifs dans l’espoir de les renvoyer chez eux illico presto. C’est alors qu’entre le concept du Tower Defense à l’envers. Car cette fois c’est vous, la vague ennemie.
Sur une carte stratégique, se mettant en pause à tout moment du jeu, il est possible d’acheter des unités et de les améliorer. Celles-ci apparaissent alors à l’écran en même temps que les premières lignes de scénario et la description d’objectif du niveau joué. Une fois votre escouade crée, selon vos finances, le jeu est lancé. Il faut, sur cette même carte stratégique, donner la direction que prendra l’escouade tout au long de son périple. À chaque intersection dans les rues de Bagdad ou de Tokyo, vous pourrez choisir la destination que vous voulez prendre. Une seule obligation : toujours aller de l’avant. Pour retourner à un endroit déjà passé, il faudra contourner les rues. Impossible de faire marche arrière donc.
Cette stratégie à mettre en place à l’aide des directions est bien entendu modifiable à tout moment du jeu. Celui-ci se fait d’ailleurs un plaisir de vous annuler une direction choisie avec l’apparition d’un ennemi venu vous barrer la route à la dernière minute. Il faudra être très vigilant et savoir utiliser ce menu tactique avec beaucoup d’intelligence. Le seul problème c’est que s’il est peu aisé d’être à la fois au four et au moulin, Anomaly : Warzone Earth ne vous en donne pas trop le choix.
Un soldat pour les diriger tous !
Plutôt que de ne contrôler vos engins de guerre que par le seul biais de simples clics sur ceux-ci, 11 bits Studios propose quelque chose de très original qui fait tout le fun de leur jeu : un personnage principal. Celui-ci est positionné au même endroit que ces troupes et doit être ensuite bougé à travers la carte à l’aide de la souris.
Ce personnage doit constamment suivre les unités du joueur et surtout, il peut les aider au fil de leur périple contre les différentes tourelles ennemies. Ainsi plusieurs « pouvoirs » de soutien seront à débloquer. Ceci ira du simple soin, au bombardement, en passant par un ersatz de fumigène et des cibles factices permettant de faire diversion. Ces bonus sont limités en nombres et sont à collecter en tant que récompenses lorsqu’un ennemi est détruit.
Anomaly : Warzone Earth, vous l’avez bien compris, demande de gérer son escouade, leur direction, le personnage qui les suit, le soutien qu’il peut leur apporter et tout cela en étant vigilant sur ce qui se passe dans l’environnement. Diabolique, le rythme de ce titre est on ne peut plus réussi et permet de proposer un amusement de tous les instants. Seuls quelques petits temps morts, où il ne se passe vraiment rien, sont à déplorer dans quelques parcelles de niveaux. Cela ne dure pas bien longtemps, n’est pas gênant, mais mérite d’être souligné.
Michael Bay serait jaloux…
D’un point de vue du gameplay, du fun, il n’y a rien à redire pour Anomaly : Warzone Earth. Il demande un petit temps d’adaptation, mais est somptueusement bien pensé pour un jeu très agréable à la souris. Mais ce qui rend l’atmosphère réellement réussie et passionnante, c’est incontestablement la réalisation du scénario. Avec une histoire plus que simple et sans réel chamboulement, ce titre propose tout de même des graphismes de haut niveau pour un jeu de cet acabit et surtout, un doublage et une bande-son signée Piotr qui méritent tout deux d’être réellement mis en avant.
Aux effets forcément très cinématographiques, grandiloquents, la mise en scène d’Anomaly : Warzone Earth est une pure réussite qui sublime le concept du jeu certes intelligent, mais qui aurait très bien pu paraitre quelconque dans de mauvaises mains. Le résultat ? Un jeu bien pensé, original, beau, chronophage, sans limites d’amusement malgré un scénario assez court. Il n’a que pour seul défaut de faire partie d’un genre qui ne peut pas plaire à tout le monde et de manquer de finesse. Mais il en faut pour tous les gouts et il faut avouer que ceux qui trouvent les habituels Tower Defense un peu mous du genou risquent d’être complètement séduits par cette petite pépite.
Et si on a des amis, ça donne quoi ? (Version PS3)
Anomaly : Warzone Earth est un jeu qui sera sorti sur toutes les plateformes imaginables. Sorti en début d’année dernière sur PC (vous devez le savoir vu qu’au dessus de ce paragraphe se trouve le test fait à l’époque même de sa sortie initiale), au début de cette année sur Android grâce à un Humble Bundle et quelques mois plus tard sur Xbox Live Arcade (d’ailleurs, c’était ma première news sur GSS ! Comment ça c’est pas important ?), c’est en cette fin de mois d’août qu’il débarque sur le PlayStation Network. Ayant déjà le jeu sur Android et sur PC, je dois avouer que cette version est celle que je préfère. Je trouve notamment que le contrôle du personnage est plus intuitif et réussi au pad qu’en cliquant là où on veut qu’il soit (comme sur PC) ou que sans personnage, en utilisant notre doigt pour réaliser les actions (comme sur Android). Pour se faire pardonner du « retard » de la version PlayStation 3, les développeurs de chez 11 Bits Studios ont décidé d’y ajouter du contenu exclusif. Ainsi, un mode en coopération locale vient s’additionner à ce qui était déjà présent, soit la campagne et les modes Baghdad Mayhem et Tokyo Raid. Ce nouveau mode de jeu contient deux campagnes et n’est malheureusement pas jouable en ligne, il vous faudra donc vous trouver un ami afin de les terminer.
Ainsi, chaque joueur contrôle un commandant ayant des capacités et des attributions différentes. Le premier est chargé de coordonner les troupes, choisissant sur la carte l’itinéraire à emprunter afin d’éliminer ou éviter les ennemis et de mener à bien les différents objectifs. Le second est aux commandes des troupes mêmes, étant celui ayant accès à la boutique et pouvant acheter de nouvelles unités, améliorer ou vendre celles déjà déployées ou bien changer leur position dans la formation. Quant aux points communs, les joueurs doivent tous deux suivre l’escouade alliée (et ne peuvent pas trop s’éloigner l’un de l’autre sous peine de ne plus pouvoir avancer), peuvent chacun activer les sortes de pouvoirs (la réparation d’unité, la fumigène, le leurre ou le bombardement) mais à la différence que le monde continuera de bouger pendant le choix et l’utilisation du pouvoir, contrairement au mode solo où tout se met en pause. Enfin, les deux joueurs doivent appuyer ensemble sur la touche attribuée s’ils veulent accélérer le jeu. La répartition des tâches et la simultanéité des différents actions sont des choses plutôt intéressantes par le fait que ça exige une véritable coopération des joueurs, ceux-ci devant absoluement s’entraider et surtout communiquer afin de s’organiser (ce qui n’est pas forcément possible avec un inconnu et expliquerait l’absence de jeu via internet) sous peine de vite se retrouver désorganisé si l’un des deux joueurs ne fait pas ce qu’il doit faire. Un ajout plutôt sympathique au final, surtout que ce « tower offense » déjà très bon de base est plutôt bien adapté au pad et se joue relativement bien sur la console de Sony. La version à acheter en priorité si vous avez un ami avec qui jouer (et la console bien sûr…) donc !
* Paragraphe PlayStation 3 écrit par Ripper