Suite spirituelle de Tail Concerto, un autre jeu de rôle typiquement nippon sortit sur PlayStation première du nom, ce Solatorobo franchit nos frontières sans prévenir et avec son lot de surprises…
Un jeu qui a du chien !
Faisant partie de la série des « Little Tail Bronx », avec Tail Concerto et le beaucoup moins connu Mamoru-Kun, Solatorobo : Red the Hunter met en place un anthropomorphisme canin et félin dans un monde magique à mi-chemin entre un « Tales of » et Skies of Arcadia. Pour ceux qui n’y connaissent rien en RPG japonais et qui n’ont saisi aucune des références de ce petit paragraphe, je tiens à vous rassurer : Solatorobo est une excellente mise en bouche pour entrer de plein pied dans ce genre de jeu très particulier et il n’est totalement pas nécessaire d’avoir joué aux deux précédents jeux.
La création de CyberConnect 2 nous plonge dans l’univers de Shepherd, constitué de plusieurs iles flottantes pour la plupart habitées par deux races distinctes et visuellement très félines ou canines. Sur ces iles, la langue est le Français, ce qui donne au titre une saveur toute particulière pour nous autres qui découvrons alors des doubleurs japonais se faire très plaisir en tentant de lancer des phrases types. Charmant et souvent drôle. Par contre, n’espérez pas découvrir l’histoire du jeu de façon sonore : les textes ne sont pas doublés et les voix ne sont la que pour rapidement accompagner les débuts de dialogues et se font vite répétitives. Chaque personnage ayant un peu près une demi-dizaine de « phrases/mots » doublées, tels que « la classe », « vous avez gagné », « sapristi » ou le magnifique « nom d’un chien » forcément de situation.
Dans le même ordre d’idée, la plupart des personnages ont un nom à consonance française. Ainsi vous découvrirez Chocolat Gelato, Opéra ou encore Merveille Million, mais surtout Red Savarin notre héros. Avec ses airs du Sherlock Holmes du dessin animé de notre enfance, Red est un chien prétentieux, mais héroïque et au bon coeur. Il va se retrouver obligé d’aider un jeune homme à découvrir les plans du Kuvasz, une sombre organisation venant de libérer une étrange force dans le ciel de Shepherd. Aussi, quel est ce médaillon trouvé sur le bateau QG des ennemis ? Pourquoi ce jeune homme est-il aussi mystérieux ? Les questions habituelles du RPG japonais se posent encore, mais sont traitées assez intelligement pour que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Ce titre n’est pas un RPG habituel. Il se situe davantage dans l’action, avec certes des niveaux à franchir et des points d’expériences lorsque les ennemis sont battus, mais aussi pas mal de matraquage de touche puisqu’il faudra frapper les ennemis avec son robot ou son épée/fusil. Tout le jeu tourne autour d’une simple idée : le robot peut soulever les ennemis et les balancer, contre des congénères ou à même le décor. C’est ainsi que l’on se bat le plus souvent. On tente d’agripper l’ennemi avec la bonne touche et à la presser le plus rapidement possible avant qu’il ne tente de répliquer. Une fois saisi, la cible se voit propulsée en l’air : il ne tient plus qu’au joueur de bien faire les choses et de réceptionner l’ennemi pour le rebalancer une seconde fois au sol et « comboter » de cette façon. Il faut une petite dose de rythme et beaucoup de rapidité. Cela reste toutefois très accessible.
Disons-le franchement : Solatorobo est excessivement facile. Les missions sont simples, le gameplay des combats est on ne peut plus rapide à prendre en main et il est excessivement rare de se retrouver bloqué au fil de l’histoire. Pourtant, cela ne dérange jamais. On s’en moque presque, tant la trame scénaristique est passionnante. Franchement pas très originale, elle parvient tout de même à saisir le joueur et à ne plus le quitter avant les crédits de fin grâce à un univers léché, particulièrement savoureux à découvrir.
Une réalisation au poil (de chat ?)
Graphiquement très avancé pour de la Nintendo 3DS, la 3D des environnements et des personnages est aussi très colorée et bien mise en scène. On se souvient de Final Fantasy III et IV sur ce même support et sincèrement, on voit vite la différence. En fin de vie, la DS brille de mille feux. À noter aussi l’absence totale de long chargement et de baisse de fluidité.
La narration est aussi portée par des cinématiques, certaines réalisées avec le moteur du jeu et agrémentées d’un léger Cel-Shading très intéressant. D’autres sont beaucoup plus marquantes et animées par le célèbre studio Madhouse (Metropolis, Tokyo Godfathers, Paprika, j’en passe et des meilleurs). Ce melting-pot de talent sublime encore une fois la narration et donne vraiment envie de se donner à fond pour tout découvrir. Surtout qu’il y a de quoi faire !
En plus de l’histoire et de son gameplay original et efficace, Solatorobo à beaucoup à offrir aux amoureux de longue durée de vie sans que ce soit non plus abusé. Il faudra miser autour des 50 heures pour en faire un maximum. Tout d’abord grace à un système de quêtes annexes se trouvant dans tous les bons « magasins » de chaque île visitée. À chaque nouveau dénouement scénaristique ou épisode terminé, de nouvelles quêtes se valident un peu partout dans le monde. Souvent simples, elles permettent surtout d’appuyer les relations entre les personnages avec des dialogues amusants. Quant aux objectifs, ils vont du simple « rangement de caisse » aux affrontements avec des ennemis plus grands ou/et dans des niveaux plus labyrinthiques et tarabiscotés que la moyenne. Il y a aussi un système de duels officiels et réglementés, avec un commentateur au français inégalable et plusieurs récompenses à gagner. On y découvre un peu de profondeur avec un Red qui se fait des amis, des fans et met bien en avant son gentil égocentrisme qui lui retombe toujours dessus. L’occasion de quelques combats aux objectifs précis, minutés ou aux autres handicaps. Enfin, plusieurs enfants se cachent dans les niveaux du jeu : ils ont volés des morceaux de photos retraçant votre aventure. Les trouver vous permettra de collectionner ces clichés dans le menu adéquat.
Qui dit Méchas dit aussi Améliorations. Solatorobo ne déroge pas à la règle et propose un système d’upgrades qu’on avoue sans mal un peu limité. Il est possible d’acheter directement des blocs de « tetris » à insérer dans un plateau où il est aussi nécessaire de débloquer des cases pour toujours plus de possibilités d’upgrades. Ces cases coutent des cristaux, que l’on trouve tout au long de l’aventure dans des caisses ou à même le sol en quittant son méchas. C’est un peu ennuyant, pas franchement passionnant, mais obligatoire pour avoir un robot qui tienne le choc. C’est peut-être le seul gros point noir du jeu. Dans le genre « de trop », il y peut-être aussi les courses, de véritables Grand Prix (d’ailleurs aussi disponible « hors scénario » sur le menu principal de la cartouche et en multijoueur) qui manquent clairement de rythme et sont un peu longues au bout d’un certain temps. Disons que l’on n’accueille pas ce genre de missions avec autant d’entrain que le reste. Cela reste très jouable, ne vous méprenez pas sur ce point, mais c’est aussi très quelconque et sans trop de rythme. C’est un sympathique bonus, sans plus.
Reste à parler des musiques…
Elles méritent un long paragraphe à elles seules tant elles subliment cette cartouche déjà fort attirante au demeurant. Déjà responsables des compositions de la série des .hack//, Seizo Nakata et Seizo Nakata (du groupe LeiN) signent des airs de détente tout à fait réussis et plus profonds qu’il n’y parait. On en vient rapidement à retenir une musique banale, juste pour sa perfection rythmique et ce qu’elle représente en terme d’ambiance et de moment de jeu. C’est d’autant plus réussi que cela porte le scénario de façon sublime et que cela participe à cette excellente ambiance de dessin animé qui ressort du jeu de CyberConnect 2.
Mais la palme revient, comme souvent, aux chansons d’introduction et de fin de jeu. Chantés par Tomoyo Mitani, « And Then To CODA » et « Re-CODA » nous rappellent les tout aussi excellents moments frissonnants et passionnants des introductions des jeux Atelier Iris ou Ar Tonelico. Ces deux titres sont exactement tout ce que l’on aime dans la chanson Japonaise, loin de la J-Pop vite désuète et que l’on retient peu. Deux titres à ne pas rater et qui, sublimés par les animations des studios Madhouse, font de l’introduction du jeu une vidéo que l’on ne coupe pratiquement jamais au lancement de la cartouche.
Solatorobo : Red the Hunter est donc un bien joli RPG de fin de vie pour une Nintendo DS qui nous aura offert de très longues heures de jeu passionnantes tout au long de sa vie. Le titre de CyberConnect 2 est surtout d’une sympathie incroyable et donne réellement envie d’être terminé, malgré son manque volontaire de vraie profondeur. C’est un véritable film d’animation, une belle histoire accessible à tous qui a évidemment ses clichés du jeu de rôle japonais, ses petites failles (les upgrades), mais aussi énormément de bons moments à offrir aux amoureux d’univers originaux. L’anthropomorphisme est totalement réussi et nous rappellent nos meilleurs dessins animés d’enfant. Solatorobo n’est donc pas le RPG du siècle, mais il a le mérite d’être humble, simple et surtout, passionnant à découvrir. C’est sans aucun doute LE jeu de rôle à avoir dans sa console portable pour les vacances d’été !