12 ans. Voici une douzaine d’années que Duke Nukem promet son retour et nous déçoit à chaque fois en nous affirmant que finalement, ce ne sera pas pour cette fois. C’était sans compter sur Gearbox qui, d’un élan de générosité (et poussé par Take Two) s’est décidé à mener ce projet à son terme. Une bonne idée ?
La vérité est au bout du couloir…
S’il y a bien dans quelque chose que Duke Nukem ne fait pas, c’est bien dans la finesse. Faire de belles phrases, parler correctement aux demoiselles, jouer les héros à la première personne simples et efficaces ? Il ne sait pas. Par contre, jouer avec son caca, parler des filles comme de vulgaires jouets sexuels et se moquer de tout, tout le temps, il adore. Et cela résume bien ce Duke Nukem Forever aux antipodes du jeu de 2012 comme on l’entend aujourd’hui.
Comprenez par là qu’on revient beaucoup à ce genre de FPS totalement décérébré tel que furent les histoires de Quake, Unreal, Doom et bien sûr, Duke Nukem 3D. Duke est milliardaire, puissant quand soudain, les aliens débarquent sur terre et embarquent ces donzelles. Pas content, il prend les armes et est prêt à vider ses chargeurs sur les envahisseurs malgré l’absence totale de soutien de la part du président des États-Unis. Pas grave : Duke Nukem met les pieds ou il veut et c’est souvent dans la face des porcoflics.
Porté par un moteur graphique curieusement à la traine, franchement navrant par moment (les chargements sur consoles sont honteux), Duke Nukem Forever est surtout totalement raté d’un point de vue de son level design. Rarement ils nous ai été donné de voir pire niveaux dans un First Person Shooter ces dernières années. Sortes de couloirs mal fagotés, aux quelques embranchements sans aucun intérêt, les différents environnements de ce jeu ne ressemblent en rien à un jeu de cette ère. Mais pire encore : ils ne conviennent pas non plus à celle de son ancêtre. Ils nous rappellent un peu le level design de tous ces First Person Shooter sortis sur PlayStation 2 à ses débuts, à l’époque où les développeurs pensaient encore pouvoir en tirer quelque chose d’intéressant sans gâchettes et sticks analogiques plus précis (Petite pensée pour Killzone et Black). Il y a quand même quelques niveaux inventifs, ceux où Duke est rétréci surtout, qui transforment alors le jeu en véritable plateformer amusant mais un peu pathétique dans sa forme. De là à crier au génie, il ne faut pas non plus pousser.
Amis de la poésie, au revoir
Mais Duke Nukem Forever, c’est aussi et surtout ses propos graveleux et son ambiance de déconne perpétuelle. Les développeurs s’amusent, vont jusqu’au bout, même quand cela devient totalement déplacé. Des filles se font enlever, sont totalement nues, ont fusionné avec des aliens et le joueur se voit obligé de leur exploser la face ? Pas de problème, on rajoute une petite blague et le gore/l’ambiance malsaine ne dérange plus personne. C’est efficace et du coup, assez effrayant finalement. Un peu comme si un film comme Human Centipede avait Benny Hill en acteur principal. Enfin je ne vous parle pas de la scène de « Glory Hole » complètement déplacée et qui surfe davantage vers l’irrévérence crade d’un Postal 2 que la beaufitude drôle du Duke 3D original.
Une barre d’égo, de santé plus précisément, est précisée à l’écran. Celle-ci peut être augmentée en effectuant des actions spéciales : se regarder dans le miroir, battre un boss, lire un magazine porno, etc. Tout au long du jeu, cette barre est omniprésente et finalement laisse le joueur accédé aux seules actions vraiment amusantes et « bon esprit » du jeu. Mais elle est aussi source de pas mal d’énervement pour tous ceux qui ont aimé Duke Nukem 3D, puisque cette barre de santé s’est mise au gout du jour. Elle descend, puis l’écran devient rouge pour signaler votre mort imminente. Que faire ? Se cacher et attendre qu’elle remonte. Comme dans Halo, Call of Duty et tous les titres des années 2000 qui nous ont enlevés nos points de santé et nos médikits. Pour les FPS actuels ce n’est pas trop un problème, mais dans une suite à Duke Nukem 3D c’est on ne peut plus frustrant.
Le pire étant que le jeu baigne dans toute cette contradiction « Idées de l’époque Vs. Idées de maintenant ». Cela nous donne une mixture franchement indigeste qui a le cul entre deux chaises et clairement, qui déçoit amèrement. Le jeu prend plus d’une heure pour démarrer (avant, presque aucun ennemi n’est affronté) et enchaîne les QTE et interactivités humoristiques à outrance, pour se transformer en un jeu à la première personne beaucoup trop classique, voir désuet. Finalement, Duke Nukem Forever n’est jamais plus intéressant que lorsqu’il ne propose aucune tuerie et enchaine les dialogues et les interactions. Ce qui arrive trois fois dans le jeu seulement.
Chronique d’un jeu complètement raté
Le plus triste étant certaines blagues du jeu, qui se moquent des autres titres ou de Duke Nukem 3D lui-même. Pourquoi se moquer du système de carte d’accès du premier épisode, quand on n’est pas capable de proposer un level design à la hauteur ? On passe de la blague référencée rigolote au vrai non-respect des fans de la première heure. Les pauvres, quand on y pense. On leur a remis les stéroïdes et l’holoduke (un hologramme permettant de faire diversion) mais ils ne sont jamais utiles dans le jeu. Le jetpack est aussi présent… une seule fois, dans un QTE. Lamentable.
Je pourrais aussi vous citer ces insupportables moments de conduites de véhicules « carrés » (voyez les screenshots pour voir à quel point les développeurs aiment les cubes) ou même ce passage dans une ville fantôme qui n’a aucun sens dans le scénario, mais je préfère vous parler d’une jolie scène de gunfight en hélicoptère. Vous êtes au lance-grenades, au-dessus de plusieurs habitations prises par les aliens qui en ont fait leurs bases. Ils vous canardent et vous, forcément, vous les détruisez explosion après explosion. En fond, il y a la « Chevauchée des Walkyries » de Wagner. Et puis… Rien. Aucune sensation, aucun frisson. C’est lent, mou, moche, vide, complètement sans intérêt. C’est, de mémoire, la première fois de ma vie que j’entends la Chevauchée des Walkyries dans une scène d’action sans que celle-ci soit un minimum réussie. Bien joué les gars !
Pourquoi Duke Nukem Forever est un tel ratage ? Pourquoi le jeu sur PC est contaminé par toute une liste de modifications graphiques à faire pour obtenir un rendu potable ? Pourquoi ce boss de fin est-il aussi naze ? Pourquoi, surtout, les animations sont-elles aussi honteuses et mal finies ? Finalement, pourquoi avoir voulu absolument créer Duke Nukem Forever autrement que pour l’argent ? Espérons que 2K va réellement faire revenir le Duke en pleine forme, sans quoi ce Forever aura été une belle blague du début à la fin de son développement. Dernière petite pensée à l’équipe de Gearbox, que l’on sait capable de mieux, qui s’est retrouvé sur ce projet foutu d’avance, à la dernière minute, et qui doit désormais en assumer la pauvreté globale. Ce jeu ne fait vraiment aucun heureux. Un conseil, surtout si vous êtes fan : fuyez-le.
Et n’oubliez pas, la vérité est au bout du couloir : http://www.actualitiz.fr/images/vignettes/12819781755.jpg 😀