Comment fait-on pour prendre un jeu culte, presque aussi vieux que le jeu vidéo lui-même, pour en faire un autre bon titre qui saura contenter tous les publics ? Les développeurs de Catnip Games et First Star Software sont persuadés d’avoir la réponse.
Des premiers pas effrayants…
Le concept des BoulderDash originaux est on ne peut plus simple à expliquer. Le joueur doit explorer des grottes case par case pour y capturer tous les diamants et éviter de se prendre un rocher sur le coin du pixel. Une gravité, la première du monde du jeu vidéo, est mise en place dans chaque niveau pour alimenter les différents pièges à éviter tout au long de la partie. Au bout d’un certain nombre de diamants récoltés, la sortie s’ouvre et mène vers le niveau suivant. Ajoutez à cela des ennemis aux comportements tous différents, des pierres magiques transformant les rochers qui y tombent en diamants ou bien encore une amibe, véritable créature gluante qu’il faudra encercler de pierre pour pouvoir la transformer elle aussi en pierre précieuse. Ainsi, vous avez le concept d’une franchise qui a fait la joie des possesseurs de Commodore 64 et consorts à une époque ou un rien amusait.
Pas étonnant que First Star Software s’en soit mis plein les poches avec BoulderDash et sont autre série phare, Spy vs. Spy. Encore en vie aujourd’hui, cet ancestral studio créé en 1982 par Fernando Herrera revient donc à la production d’un énième remake de sa réussite passée. À vrai dire, First Star Software ne fait que porter son titre phare sur toutes les consoles depuis tout ce temps, avec un simple nom différent et un design plus ou moins original. Avec cette version XL, on avait déjà pris peur lors de son annonce et aujourd’hui, dès le lancement du titre, l’effroi est immédiat. Mais d’où vient cet ignoble Game Design employé ici ?
L’étrange personnage des premiers opus, Rockford, est transformé en robot au design épouvantable et vite griffonné sur un coin de table. Les ennemis ne ressemblent à rien et surtout, les couleurs sont vives, criardes, insupportables aux premiers abords. Qu’ont-ils fait du BoulderDash originel ? Une grosse soupe casual à peine digérable ? Un constat s’impose rapidement : les graphistes ne se sont pas bien foulés et on est devant un jeu vraiment moche visuellement. Pourtant correctement animé, stable, techniquement sans gros bug ni aliasing prononcé, mais d’un moche immédiat qui fait penser à un travail d’amateur sans véritable inspiration. L’univers est sans âme, difficilement enthousiasmant.
Ce n’est pas l’apparence qui compte !
Tout va mal. À ce stade, Boulder Dash XL est bien parti pour être une grosse déception. On lance alors de façon très défaitiste le mode Arcade, le premier d’une liste de cinq qui n’apparait pas forcément comme une bonne nouvelle au lancement du jeu. Les mondes se suivent et on découvre que les développeurs ont beaucoup simplifié le gameplay des opus originaux : des gadgets sont disposés dans les niveaux pour permettre l’utilisation d’un bras télescopique (permettant de pousser des rochers ou de récupérer des cristaux à distance) ou augmenter la vitesse du personnage entre autres améliorations à déceler. Aussi, notre robot héros à une vie et peu donc se faire quelque peu attaquer par les ennemis. Les puristes pourraient crier à l’hérésie devant ces simplifications, mais au final, elles permettent surtout aux concepteurs de proposer des niveaux plus complexes et moins prise de tête que par le passé. Au bout de quelques minutes de jeux, la tachycardie se stoppe, notre Commodore 64 sort du placard et essuie ses larmes : au bout du compte, Boulder Dash XL est rapidement accrocheur et amusant.
Certains bugs sont toutefois de la partie, le moteur 3D forçant forcément le jeu à quelques maladresses telles que ces collisions entre un rocher et le joueur qui semblent très souvent abusées. À peine avez-vous frôlé la pierre que vous voilà explosé. La 2D permettait une plus grande précision de gameplay et cela continue à faire la différence. Néanmoins, la prise en main est très intuitive et le rythme de jeu est bon.
Du côté des modes de jeux, si les cent niveaux du mode Arcade ne vous suffisent pas il y a le Zen (les mêmes niveau sans chrono), le Time Attack (dont le nom veut tout dire), mais surtout le mode Puzzle. Celui-ci propose des configurations de niveaux beaucoup plus petites, mais qui viennent furieusement faire travailler nos méninges. Le but de ce mode ? Obtenir tous les cristaux du niveau et atteindre la sortie, sans se bloquer. Rapidement diabolique !
Un petit hommage pour la route ?
Reste le mode rétro, un délice. Il reprend absolument tout le design de l’ancien premier opus de Boulderdash, visuellement parlant. Au point ou l’on en vient à préférer ce mode à tous les autres. Les ennemis sont les mêmes qu’avant, le héros n’est pas un robot, les couleurs sont ternes et mettent dans une certaine ambiance qui avait directement fait mouche en 1982.
Bref, c’est le vieux jeu que l’on aime, revu en une 3D certes inutile, mais jolie à contempler. Les vieux briscards préféreront toujours la version originale, mais ce mode est une vraie bonne idée permettant de compenser le ratage visuel de ce Boulder Dash XL en rappelant qu’à l’époque le jeu était beau, mais peu recommandable à tout le monde. En effet, les nerfs en prennent un coup !
Ce Boulder Dash XL est très étonnant. Furieusement moche aux premiers abords, teinté d’une bande-son totalement quelconque et vite énervante, le jeu est un petit régal à prendre en main et amuse réellement pendant de longues heures stressantes. Les niveaux se séparent en quatre atmosphères différentes et malgré leur look toujours très repoussant, ceux-ci se font toujours très inventifs. Il est très rare de voir un jeu aussi raté visuellement parvenir à atteindre un haut niveau d’amusement. Cela n’en fait pas un jeu culte, mais au moins un hommage original et « moderne » d’un titre inoubliable pour beaucoup de joueurs qui peinent à cacher leurs premiers cheveux gris.