Souvent considérés comme austères et compliqués, les jeux de stratégie ne sont plus tellement représentés dans les rayons de Jeu Vidéo. Pourtant NinjaBee reste un bastion inattaquable de la production de ce type de jeux et livre souvent d’excellents titres, funs et accessibles. Reprenant toutes ces qualités, Akimi Village se pose comme un jeu de gestion pour tous, mais avant tout pour les plus jeunes. Pas parfait, mais largement recommandable.
Hé, Ho on rentre du boulot
Le jeu vous propose d’entrée de choisir entre incarner un garçon moche, Matthew, ou une fille encore plus moche, Norah. Car il faut bien l’avouer, le premier constat qui s’impose d’entrée de jeu est que le design général est tout à fait étrange pour ne pas dire repoussant. Rien de bien grave malgré tout. Après avoir choisi votre futur avatar, vous découvrez que vous vous êtes retrouvé sur une planète étrange et un brin mélancolique. C’est à ce moment qu’un écureuil vient vous informer de votre situation. Pour rentrer chez vous, il va falloir aider le village Akimi et ses habitants à retrouver la joie de vivre. Car le pauvre village croule sous le «Gloom» qu’on peut justement traduire par mélancolie. À vous maintenant de retrousser vos manches et de vous mettre au boulot.
Akimi Village et ses subtilités se présentent à vous au travers d’un tutoriel franchement bien fait. Car malgré son aspect enfantin et son gameplay finalement très calme, le titre offre pas mal de features qu’on apprend à bien maîtriser au fil de l’aventure. Le gameplay est donc plutôt riche même s’il n’est pas exempt de tout défaut. En effet, comme tout jeu de stratégie qui se respecte, il va falloir construire. Et pour construire, il faut des ressources. Très rapidement, vous comprendrez qu’il faut déléguer certaines tâches aux habitants du village. Un à un, vous allez devoir donner une spécialité bien définie à chaque habitant pour ensuite construire et redonner des couleurs au village. Intuitif, plutôt bien fichu, on peut toutefois reprocher le manque d’indication général. On ne sait jamais vraiment quoi, quand le faire et surtout comment le faire. Rajoutez à cela l’impossibilité de faire des sélections groupées et vous comprendrez que parfois, le gameplay du jeu peut être légèrement frustrant.
En ressort une difficulté parfois rebutante, car imaginons que vous construisiez quelque chose et que tout se passe bien jusqu’à que vous vous rendiez compte qu’il vous faut du bois. Si vous ne savez pas où se trouve le bois et bien vous êtes bon pour chercher. Et la lenteur générale du gameplay fait qu’au final, l’expérience est assez vite répétitive. Mais soyons beaux joueurs tout de même : sans être totalement addictif, le titre est assez accrocheur pour amuser pendant une heure ou deux. Pas plus, car une session plus longue devient vite ennuyeuse. Il faut aussi avouer que le jeu ne récompense jamais vraiment le joueur. Le système d’upgrade des constructions se traduit par un simple changement d’aspect ce qui finalement ne donne pas une grande satisfaction ni une arme en plus pour continuer. Le dernier défaut vraiment notable est l’impossibilité de bouger les structures. Ce qui est d’autant plus étonnant quand on sait que les autres titres de NinjaBee le permettent.
Arrêter de détruire pour enfin construire
Finalement, l’intérêt principal et tout le charme de ce Akimi Village viennent de son principe. Il est en effet agréable de jouer un jeu reposant, sans folie, sans mort, sans destruction. Au contraire d’ailleurs, tout n’est que construction ici. Et l’écrin est de qualité assez honnête pour faire passer un bon moment. Graphiquement le jeu est plutôt joli. Le design est laid, mais l’univers est charmant et attachant. De même, le paragraphe sur le gameplay peut faire penser que celui-ci est bourré de défauts, mais finalement, incorporées dans l’expérience, ces légères déconvenues n’handicapent en rien le plaisir. Il ne faut pas non plus oublier que le titre s’adresse avant tout à des joueurs néophytes du genre, les gamers allaités aux productions hardcores n’ont rien à faire ici. Construire, prendre son temps, gérer le travail des habitants, tout cela est tellement à contre-pied de la production actuelle qu’on prend plaisir à évoluer dans une sorte d’exception. Surtout sur PSN, plate-forme boudée jusqu’ici par NinjaBee.
Si le jeu est plutôt réussi graphiquement, sans casser des briques non plus, la musique elle, est moins glorieuse. Extrêmement répétitive et indienne d’inspiration, elle tape vite sur les nerfs du joueur pourtant là pour se relâcher. Il vaut mieux couper le son et mettre une musique relaxante et de qualité. De même on peut regretter l’absence d’un mode multijoueur, réduisant la durée de vie à sept petites heures environ. Akimi Village est donc un jeu de gestion casual, relaxant et quoi qu’on en dise, de qualité. Mal pensé sur certains points, le gameplay est assez efficace pour rendre la progression aisée et agréable. Mais il ne faut pas attendre de sentiment de récompense particulier car, fidèle au genre sur ce point, le titre est assez austère. Toujours différent des jeux inondant le marché, Akimi Village est une petite bulle de calme dans un océan de balles. Il serait dommage de s’en priver (même si une baisse de prix serait bienvenue !)