Les jeux de rôle japonais sont légion désormais et beaucoup veulent s’aventurer dans le domaine de la prédiction de leur mort imminente. Pendant ce temps, de jeunes talents leur rendent hommage du mieux qu’ils peuvent. C’est le cas de Benjamin Ficus et l’équipe de HeartBit qui signent ce Doom & Destiny…
La plus belle des soirées de JDR ?
Johnny, Nigel, Mike et Francis se rendent chez leur maitre de jeu pour une bonne soirée de jeu de rôle papier. À quoi vont-ils jouer ? Ils ne le savent pas encore, c’est un secret. Alors qu’ils entrent dans la maison de leur ami, ils découvrent un décor d’héroic-fantasy plutôt original et semble épatés par le réalisme de celui-ci. Puis peu à peu, ils basculent dans un monde que tous les rôlistes rêveraient de visiter. Sauf que notre équipe de vaillants guerriers va devoir apprendre à y combattre : ce n’est plus un jeu, c’est réel.
Ce synopsis est très classique, mais il fait parfaitement son office de contexte pour ce jeu de rôle faussement nippon, très référencé Dragon Quest / Final Fantasy. On y retrouve certains codes habituels : des combats aléatoires pendant l’avancée dans les donjons et sur la carte, mais aussi les habituels items de soin. Sauf qu’ici, les potions et élixirs sont remplacés par de la pizza, des chips, du Cola et autres sympathiques doses de Cholesterol. On progresse dans une histoire bien moins sans queue ni tête qu’on peut le croire. Au contraire, elle est d’un humour décapant et réaliste.
Les héros tombent dans un monde trop cliché à leur gout et s’en moquent sans limites. Entre deux prises de bec entre les différents mauvais caractères de l’équipe, on a aussi et surtout le droit à des dialogues savoureux. Que ce soit avec des critiques de clichés japonais, tels que le boss qui capture la princesse dans le but de dominer le royaume (l’un des héros mettra en avant l’absence de logique de cet objectif) ou bien des références geeks (avec une somptueuse parodie de Zelda pendant une bonne heure de jeu), plusieurs éléments particulièrement réussis du scénario font qu’on s’y accroche rapidement pour ne plus jamais avoir envie de quitter l’aventure avant la fin. C’est hilarant, au point que spoiler davantage le récit serait un sacrilège.
Si la durée de vie n’excédant pas dix heures en ligne droite n’est pas le premier atout de ce titre, il n’en est pas moins un vrai RPG dans tous ces autres domaines. Les combats, principalement, sont inventifs et mélangent des idées déjà vues, un hommage efficace et quelques originalités bienvenues. Chaque personnage a son équipement, mais certaines pièces sont uniquement destinées à un personnage en particulier. Tout au long du jeu il y a donc des armes et armures uniques, souvent à acheter dans les boutiques. Les plus classiques ont des noms incroyables du genre « Maillot » et, plus amusant, « Autre type de Maillot ».
Il a tout d’un grand !
L’humour est omniprésent dans Doom & Destiny et ce, même dans l’inventaire. Mais le top du top de la blague de geek se trouve surtout dans la liste des magies uniques que peuvent utiliser nos personnages. Car en plus de leur barre de HP (vie), ils ont bien entendu la sempiternelle jauge de MP (magie). Celle-ci peut être consommée avec les habituels sorts de soin, de résurrection et autres sorts incroyables, mais elle permet aussi de superbes attaques pour les personnages axés « corps à corps ». Aussi, toutes ces attaques spéciales demandent un slot de disponible. Pour en obtenir davantage, il suffit d’augmenter de niveau. Au début du jeu, il faudra donc bien faire sa sélection et tenter d’équilibrer les forces. On découvre alors des coups du nom de « diehard », avec une description du type : « attaquer en débardeur blanc et pieds nus ». Ou encore le magnifique Fist of the North Star (Ken le Survivant). Sans parler du niveau hommage à Mario ? Votre « allié » nommé Judas ? Toutes ces références, c’est la marque de fabrique de Doom & Destiny. Le jeu lui-même fait dans la private-joke avec des blagues originales, telles que celle du Dark Eidous : une magie frappant au hasard un ennemi d’une puissante éclair, tiré avant tout du nom d’une divinité dont on ne doit pas dire le nom. Ce sacrilège est utilisé à tort et à travers, autant par le joueur lors des combats que par les personnages dans certaines scènes scénaristiques du jeu. Du bonheur pour les zygomatiques.
Pour peu que l’on soit geek, on ne veut qu’une chose : parcourir à 100% ce titre pour en découvrir toutes les allusions savamment choisies et curieusement jamais trop lourdes. Mais ce serait oublier le gameplay, vraiment bien pensé. Il reprend les combats au tour par tour des vieux RPG 16 bits, mais utilise une barre de « tours » du type Final Fantasy X ou, plus récemment et du même style, la série des Atelier Iris et Ar Tonelico. Sur cette barre, vous pouvez voir quand les ennemis et vos héros vont pouvoir attaquer et donc privilégier votre attaque sur des ennemis jouant plus tôt, pour pouvoir enchainer davantage de coups face aux plus éloignés de la « timeline ».
Personne n’aurait pu s’attendre à une telle réussite. Doom & Destiny mélange très habilement une histoire parodique à un gameplay très sérieux. Pour une si petite équipe, c’est un véritable tour de force magistral et c’est avec certitude que je vous l’affirme : Doom & Destiny est à ce jour ma plus belle surprise de cet Indie Games Summer Uprising. Il n’est pas exempt de défauts, certes, mais les qualités qu’il met en avant sont particulièrement envoutantes et surtout, il parvient à outrepasser son label « hommage & nostalgie » pour proposer un vrai univers et une très drôle écriture. Bien joué messieurs les développeurs !