C’est avec plein d’optimisme que je me suis lancé dans l’aventure Terraria. Ressemblant à un jeu de plates-formes 2D au design pixelleux très Final Fantasy époque Super Famicom, tout ça dans un monde ouvert où l’on peut faire un peu ce qu’on veut en creusant, ça m’a intrigué dès le départ. En plus, les spécifications matérielles étant en conformité avec le potentiel sidérant de mon PC, à l’agonie depuis bien trop longtemps (l’abolition de l’esclavage, c’est surtout des textes… et y’a encore rien concernant les machines), j’étais bon pour tenter l’install via Steam. 200 Mo sur le disque dur, 512 Mo de RAM, parfait ! Commençons.
Une heure plus tard…
Je vous passe l’installation surprise et interminable du framework .NET de Microsoft, qui a du me grignoter 1 Go de mon disque dur de 120 Go (toujours le même depuis 2003, jamais reformaté, ne faite pas ça chez vous), ainsi que l’installation anxiogène du jeu à base de : « pousse des arbres, 5% ». Bref, je peux enfin commencer et, la putain de sa race, Marie-Hyacinthe, faut que je me crée un personnage ! Appelons-le Maxou, et customisons sa petite gueule d’amour avec les outils à disposition. Allez, jouons franc-jeu, depuis Arnold & Willy j’ai toujours voulu être noir, alors noir il sera, puis mettons-lui une espèce de tignasse de bobo-de-merde, et des vêtements aux couleurs bien fashion. Après ça, vu qu’il faut qu’un monde soit généré pour commencer à creuser, je crée le « World 1-1 ». Ouais, comme dans Super Mario Bros. de Shigeru Miyamoto, car la culture, moins on en a, plus on l’étale. Allez, l’anti-conformisme étant aussi d’être parfois conformiste, pour finir, je tente la taille de carte « moyenne ». Et c’est parti !
Ce screenshot en JPEG tout pourri de la sélection du personnage vous est présenté par Steam.
Un quart d’heure plus tard… en fait une heure et quart plus tard, fallait que j’aille manger. Le colombo de porc de ma mère n’attend pas.
Me voilà dans le « World 1-1 », sur un petit bout de terre, et un gouffre juste en dessous. A côté de moi, un jeune autiste fait des allez-retours sur lui-même. Ça craint, vite, je me jette dans le vide. Et là… Ô mon dieu, ça rame comme un jeu PC porté sur console. Je me suis vu trop beau, j’aurais pas dû mettre 1280 x 960 en résolution d’écran. Bon, bah je rage quit.
Dix minutes plus tard… (512 de ram, c’était sûrement la config minimum)
Me voilà de nouveau à l’écran principal. Remettons 800 x 600, et puis c’est reparti !
Douze minutes plus tard… (quand la musique de fond se coupe pendant le chargement, qui lui même se bloque à 12%, on comprend que ça va durer longtemps)
Revoilà Maxou à son point de départ, sans perdre davantage de temps et à la vue d’un blob vert approchant, je saute à l’aveugle en contrebas, et me retrouve dans une grotte à ciel ouvert (ce texte n’a pas été relu). Vu que c’est un peu naze comme bled, j’essaye d’en sortir, mais les bords sont trop hauts. C’est quoi ce jeu de plates-formes au level design de chie ? Peut-être que les icônes en haut à gauche de l’écran servent à quelque chose. Bon, y’a une épée, dans cette situation ça sert à rien. Ensuite, une pioche, c’est sûrement avec ça qu’on est censé creuser, y’a pas de pelle de toute façon. Là, je me met à portée d’un mur, et je clique sur le bouton droit de la souris. Genial, il se passe rien. Je réessaie d’un peu plus loin, et miracle un bloc dégage, j’avance un peu, ça en dégage un autre, mais pas à côté, puis encore un autre mais en dessous du perso… n’importe quoi ! Pourquoi ce gruyère dans le mur, ce putain de jeu est buggé, pas moyen de creuser un truc traversable ! Après de longues minutes de gesticulations désespérées, je comprends pourquoi le mec en haut avait pas l’air net : il a perdu la raison, mangé de la terre pour s’en sortir, et a désormais une urgente envie de se soulager. Soudain, un blob tombe du ciel ! En panique, réflexe, j’ouvre l’inventaire, prends l’épée, et là c’est le clic offensif contre la belliqueuse bestiole. Sauf qu’au lieu d’occire la pourriture verte, mon épée valdingue à l’autre bout de la crevasse. C’est ce qui s’appelle apprendre par l’échec. Vite, je ferme cet inventaire à la con, et sélectionne la pioche, ça marche mieux ainsi.
J’en invoque au droit d’inventaire !
Et là, c’est le drame. La nuit a fini par tomber, et à peine le temps d’allumer une torche, qu’une horde de zombies se pointe en grognant. Je dégaine le piolet, me retrouve dans l’obscurité totale, et devine que pris en sandwich, en quelques secondes, c’est la mort du petit cheval. S’ensuit un respawn de nouveau à côté du « hamster » dans sa roue imaginaire (appelons-le Pascalin), et malheureusement, il fait toujours nuit. C’en est trop, je rage save / quit. Quel jeu de merde. Pour la peine je tweet une bafouille haineuse. Bah ouais quoi, comment peut-on apprécier ce jeu quand on a même pas la moindre petite notice ?
Le lendemain matin. Ou plutôt l’après-midi. Je touche mes allocs peinard, moi, môssieur ! Et tant pis si j’ai râté Motus présenté par l’affable Thierry Beccaro.
Tiens, un reply sur Twitter d’un fan zélé de ce jeu, pour me dire qu’il existe des wikis et autres machins qui t’expliquent comment on y joue, et qu’est-ce qu’on peut y glander au final. Roh, mais de quoi je me mèle, je joue en plein écran moi, mon gars ! Me faudrait du papelard, mais j’ai pas d’imprimante. D’accord, je m’incline et vais faire un tour sur GameFAQs, y’a bien un walkthrough quelconque…
Bingo ma poule ! Lisons.
Alors… donc, avec un clic gauche sur sa personne, je pouvais parler au type louche du début, oui heu… Pascalin. Celui-ci pouvant même m’apprendre plein de trucs chics sur le jeu. Evidemment. Pourquoi il m’a pas parlé tout seul comme un grand, à la manière de tout bon jeu moderne d’assisté, hein ? Pourquoi ne m’a t-il pas bassiné longuement sur les tenants et les aboutissants de Terraria : « notre monde a été envahi par des taupes géantes apnéistes, tu es notre seul espoir, le repère de la Grande Myope se trouve quelque part, dix kilomètres sous terre… prend donc cette pioche, mdr ». Nan ! Ici on se la joue élite, on se la joue Sonic the Hedgehog sur Megadrive, « PRESS START » et c’est parti mon kiki. Sauf que dans Sonic tout se joue avec un unique bouton, bordel ! Bref. J’avoue, j’aurais dû tout essayer avant de jumper. Ainsi j’aurais appris avant de lire cette FAQ, que lorsque on creuse, ça enlève le bloc au niveau du pointeur de la souris dans un certain rayon autour du personnage (lire cette phrase sans respirer mentalement). Evidemment.
Un parfait exemple d’aliénation par le travail, comme décrite par Marx.
J’aurais même pu savoir qu’une fois récupéré ces blocs de matière, en déplaçant l’icône dans ma barre d’objets actifs, une fois selectionné, de la même manière je peux poser ces mêmes blocs, dans la mesure où ça touche une paroi dégagée (respirez bien). Evidemment. Et donc, via ce procédé somme toute élémentaire, j’aurais pu commencer à constuire. Et donc pouvoir sortir du gouffre. Et donc me bricoler un abri anti-zombies pour la nuit. Et même… me constuire une maison ! Parce qu’apparemment, je lis que c’est vital pour survivre et s’épanouir dans ce trou à rats qu’est Terraria. Mais pour cela, il faut remplir des conditions de base pour que ça se fasse et même qu’après je pourrai « crafter ». Ok, je relance le jeu, même si je sais toujours pas ce que ça veut dire, crafter.
Un quart d’heure plus tard… (j’avais laissé Firefox ouvert, je n’apprendrai donc jamais ?)
Bon, après cette saine lecture dont j’ai retenu l’essentiel, j’ai la patate maintenant, et suis prêt à forer les dollars du pétrole. Je me retrouve toujours devant l’autre là, le mystérieux Pascalin, mais je sais maintenant ce qu’il veut me dire, il fait jour, pas la peine de lui causer à ce guignolo, je saute. Au passage j’ai reconfiguré les touches, le saut sur la flèche du haut c’est quand même plus intuitif, même si ça fait vulgaire jeu en flash. C’est le moment de faire parler ma science, je sélectionne la pioche, je pointe un bout de mur, je clique, ça creuse, je récupère le bloc dans mon inventaire. Je répète la manoeuvre sur le bout d’à côté, puis l’autre, un début de chemin s’ouvre à moi. Tro-fa-cile. Et pareil pour constuire. Je peux enfin officiellement me tirer de ce trou à rats. En 2012 je vote à droite, allons vers l’est ! Cool des arbres, j’ai une hache, je pointe le tronc, ça coupe j’ai du bois. Je vais pouvoir faire une maisonnée. Alors, je me trouve un coin sympa, y’a même une mare à côté et des grands arbres. Je dégage le sol, et hop un mur en pierre, et hop un deuxiè… raaaah, des blobs et un oeil volant se pointent ! Oh, hé ! On est en plein jour, y’a armistice mes chéris ! Pas le choix, je sors l’épée… ça fait TROP PAS de dégats, je tue un blob vert, reste un bleu, l’oeil valdingue de partout, je suis pris en sandwich. Décès.
Un bon oeil est un oeil crevé. On admire au passage cette galerie farpaitement rectiligne. Farpaitement.
Me revoilà à côté de mon pote le mutique. La journée va sur sa fin, pas le temps de taper la discute avec « Pascualino » (je vais l’appeler Passe-calin désormais, parce que les nains dans Fort Boyard, ça cause pas), je rush vers ma proto cabane. Ça y est, j’ai pu poser le toit, je suis en sécurité ! C’est là que je me souviens qu’une maison n’en est pas une tant qu’il n’y a pas une porte et… heu… oui ? Bref, un petit tour dans le menu devrait m’aider : facile, je peux juste avoir un « work bench », et même qu’ils disent en anglais qu’avec je vais pouvoir crafter à donf. Cool je prends. Oups, j’ai cliqué trois fois, j’en ai trois. J’arrive ensuite miraculeusement à le poser. A partir de là, je peux me faire une porte, même deux, soyons fous, et puis plein d’autres trucs. Une table… des chaises… ça y est je me souviens ! C’était ça, et voilà j’ai une maison officielle. Mais bon elle pue un peu du cul, faut que j’agrandisse, mais la chambre pour les gosses on verra plus tard, je suis toujours célibataire. Il fait maintenant nuit, pas top pour des travaux (les voisins vont gueuler), mais rien à foutre, je sais poser des torches maintenant, puis j’ai même posé une cheminée en plein milieu. Hop, j’entreprends la réalisation d’un second étage, et fait même un toit pointu pour que ça ressemble vraiment à une maison. Super, j’ai eu trop d’émotion d’un coup, je save / quit.
Quelques heures plus tard… (Débat de société : les jeux vidéo, une drogue ?)
Je relance le jeu, j’apparais toujours sur cet îlot au dessus du vide, mais le branlot a disparu. Décidément, on arrivera jamais à communiquer. Bon, allons vers l’ouest ce coup-ci, en mode « jusqu’où s’étend la carte ». Toi, Christophe Colomb, avec tes caravelles, tu me fais bien marrer. Moi j’ai une pioche, et des jambes… Car, là je marche assez longuement, croise une blinde de blobs bleus qui veulent m’étreindre, mais que j’évite adroitement. Enfin, j’arrive devant un endroit infranchissable, avec le début d’une galerie souterraine qui va vers l’est. Courageux, je descends, torche à la main… et j’avance pas mal dans la grotte, évitant au passage un blob rouge, sûrement très méchant. Après une séparation du chemin, je commence à creuser. J’avais évidemment pris le haut, un cul de sac. Je pioche donc vers le haut, en espérant rejoindre la surface à terme. C’est alors (temps réel 15 minutes) que je retombe sur le haut d’une large galerie avec de l’eau, c’est rigolo. Je descends, va pour casser un pot contenant forcément du pez, mais là une sorte de ver fou des sables à la Zelda apparait, et me bute avant d’avoir pu réagir. « You were slain… » ; je hais ce jeu.
Une nuit.
J’ai quand même payé ce jeu 5€, le prix d’un Coca en terrasse sur le trottoire par ciel couvert à Saint-Germain-des-Prés, je vais pas lâcher l’affaire comme ça. Je me dirige avec hâte vers ma maison, et surprise : Pascalin squatte le second étage. Purée ! Ahah, ça j’aime ! Vous arrivez, vous êtes même pas chez vous, pas bonjour, pas merci, vous filez tout droit au frigo, vous prenez la dernière bière… Vous, vous êtes un sacré sans-gêne ! Du coup vu qu’il a les pieds sur ma table, j’en profite pour enfin m’infliger un cours particulier de Terraria. Révélation tardive, oui, le mec parle. Enfin pas avec la bouche, mais on se comprends.
Ma maison trop glauque, dites.
Bon, honnêtement j’apprends pas grand chose, pour rester courtois, alors je reprends ma quête d’explorateur de l’extrême pour une mission identique à la précédente. Mais cette fois, cap vers l’est (serais-je décidément un déçu de la gauche ?). Après un secteur très valonné et plein d’arbres, après une sorte de montagne, puis encore des arbres, je débarque dans une zone genre putride, le truc pas sain du tout, avec en plus des gros yeux volants mandibulaires, aimantés par ma petite personne. N’étant pas d’humeur suicidaire, mais tout de même courageux, je rebrousse chemin. Mais seulement de quelques « écrans ». Car j’ai décidé que j’allais mettre sur pied une nouvelle-nouvelle base. Genre un bunker, d’où je vais creuser sous cette décharge à ciel ouvert, dans le but ultime d’aller de l’autre côté sans périr comme un frêle brèle. Mais à peine entammée l’érection d’un mur, voilà un de mes fans volants qui s’invite à la fête. Le genre stalker, avec courrier piégé à l’anthrax et autre « rép a sa » sur Twitter. Aguerris aux techniques de défense en milieu hostile, je m’entoure immédiatement d’une paroi solide. De là, je construis tant bien que mal ma maison, en démolissant puis reconstuisant de plus en plus loin, petit à petit. Une fois atteinte la taille du bunker souhaitée, j’emménage. Seul problème, à ce moment là je suis envahi de fans, peut-être bien sept ou huit, alors comment sortir et vivre ? Espérant qu’ils me lâchent la grappe, j’ai décidé de… creuser. Creuser… comme un fou jusqu’à ma maison, ce qui fait tout de même assez loin.
Beaucoup trop de dizaines de minutes plus tard…
Tout de même c’est vraiment loin, j’ai même pas dépassé l’espèce de montagne, et même sous terre les fans en colère détectent mon auguste présence. Las, je reviens dans le « Vault 1″, ouvre la porte, et accueille la meute avec mon épée. Rapidement, c’est l’invasion de la batisse. Vigoureusement, avant de mourir, je save / quit. Ça commence à ça-suffire !
Quelques instants avant la séance de dédicace.
Dans l’hypothétique prochain épisode : Maxou revient dans la caverne pleine de flotte rigolote, établi une politique de crafting intense après avoir consulté un wiki, découvre que l’option de mettre le jeu en pause quand on ouvre le menu c’est un peu de la balle, se dégote une armure avec -20 de charisme et améliore son arsenal en piochant avidement des métaux mais surtout beaucoup de terre, explore une grotte naturelle sans fond pleine de trésors, et continue de creuser des galeries de manière non-académique pour se retrouver avec un inventaire déjà ras la gueule…
J’aime beaucoup le concept ! x)
En plus de faire découvrir le jeu de manière plutôt fun, ça se lit sans peine et c’est vraiment drôle. 🙂
J’aurais bien aimé le tester, ce Terraria. Mais sous Ubuntu, difficile de le faire tourner.
Ce jeu est une drogue, mangez en!
Ouais, en plus quand j’y joue sur mon PC de mierda, vu que je coupe tout ce qui bouffe de la ressource (MSN, twitter, etc), j’ai vraiment l’impression d’être hors du temps, lol.
Ça m’donnerait presque envie de prendre un abonnement à Pioche Magazine 😉
Un conseil, contente-toi de Super Pioche Géante 😛