Longtemps attendu, gagnant d’une jolie somme sur le site d’aide au financement Kickstarter, le projet d’Alex Nichiporchik et Tom Brien (TinyBuild Games) est enfin sorti. Auparavant jeu Flash, désormais c’est à un titre PC, Linux et Mac que nous avons à faire. Un titre pas tout à fait terminé…
Le soufflé retombe…
« Je suis toi venant du futur, je n’ai pas le temps de t’expliquer ». Soudain l’interlocuteur se fait attraper violemment par la pince d’un crabe géant et vous vous retrouvez avec son arme, à sa poursuite. Quiconque a suivi l’actualité indépendante de ces derniers mois est forcément tombé sur cette suite de bandes-annonce folles et particulièrement bien réalisées. Et bien préparez-vous à un choc : en jeu, c’est clairement moins bon que prévu. Vous y jouez donc le rôle d’un personnage possédant un énorme laser lui permettant de détruire des blocs de décors, d’affronter des boss, mais aussi et surtout de « voler » un court instant.
Difficile d’expliquer un gameplay quand il est si peu précis. Disons que le laser que vous envoyez est tellement puissant qu’il vous fait reculer le temps de l’utilisation. Vous pouvez donc utiliser cette force en vous propulsant dans les airs. Le laser est bien entendu limité pour permettre une suite de défis plus fous les uns que les autres. Car No Time to Explain, avant tout, c’est un chemin à parcourir en évitant les bords de l’écran souvent jonchés de piques. Une fois touché, vous revenez instantanément au dernier moment de « terre ferme » atteint pour recommencer.
Bien entendu, un joli lot d’originalités viendra pimenter la partie. Une transformation en « homme-canon » qui se propulse à l’aide d’un fusil à pompe par exemple : sans doute les plus amusants moments du jeu (bien plus drôle que le laser au final). Une phase de shoot’em up aussi, beaucoup moins inventive celle-ci. Plusieurs chapeaux sont aussi à recueillir, plus ou moins cachés dans les niveaux, permettant de customiser un peu votre personnage.
Le reste provient surtout de l’agencement des niveaux (certains level-design sont vraiment diaboliques) avec par exemple des piques entrant et sortant alternativement d’une plateforme. Des murs en bois se retrouveront aussi sur la route du joueur : pour les éliminer, il faudra enflammer son personnage avec une torche alentour, bruler le mur de bois et vite sauter dans la première source d’eau du coin. Très bonne idée encore une fois, mais malheureusement la réalisation ne suit pas.
Bugs et Boxon
Qu’on se le dise : No Time to Explain est clairement sorti dans l’urgence. En plus de bugs beaucoup trop nombreux pour être le fait à une quelconque poisse de développeurs (sprites qui disparaissent, personnage qui traverse les murs, animations loupées, canon qui ne s’arrête pas de tirer malgré des clics intensifs…) le jeu souffre aussi de son écran fenêtré. Impossible de le mettre en plein écran et ce n’est pas faute de l’avoir demandé aux développeurs ! Nombreux sont les gens à l’avoir proposé, mais apparemment l’écoute n’est pas optimale. (Bien entendu, cette critique sera à oublier pour un hypothétique patch qui viendrait corriger cela. À moins qu’il ne faille attendre la sortie du second épisode à la fin de l’année ?)
Du coup on est un peu perdu. Entre le curseur qui sort de l’écran et clique n’importe ou sur votre bureau, les quelques bugs de son, le manque de confort évident, le fait que l’écran tremble tellement qu’on en a mal aux yeux au bout de quelques secondes, c’est vraiment l’horreur. Comment ont-ils fait ? Le concept est si drôle ! L’esprit déjanté est bien présent, les graphismes sont mignons (même si seuls les personnages sont bien réalisés) et les musiques sont particulièrement géniales. Au-delà, tout est pratiquement jonché de problèmes en tout genre qui finissent d’énerver n’importe quel joueur « normal ».
Il n’y a pas de vies limitées. En soi c’est une bonne chose, mais on aurait quand même apprécié avoir une jauge de vie ou une quelconque difficulté nous permettant d’affronter des boss avec un minimum de logique. Ici, lorsque vous vous faites toucher, vous réapparaissez. Mais rien ne vous empêche alors de fusiller le Boss, de mourir, de réapparaitre, jusqu’à ce qu’il n’ait plus de vie et que vous puissiez passer au niveau suivant. Plus tard dans le jeu, un autre boss débarque et vous oblige celui-ci à une extrême vigilance car, vous le savez : le feu ça brule. Et quand vous brulez, au bout d’un moment vous mourrez. À vous alors de recommencer l’affrontement du début. No Time to Explain oblige soit à jouer comme un bourrin en « Mode Invincible » ou au hardcore-gamer fans de shoot’em up. En un mot comme en cent : le jeu est totalement déséquilibré. Une grande déception pour un aspect du jeu (les boss amusants et originaux) qui semblait être son point fort dans les vidéos.
Que penser au final de No Time to Explain ? Clairement, c’est un énorme gâchis d’idées. Le jeu est sorti bien trop vite, coupé d’une seconde partie qui va devoir faire énormément pour redresser la barre. En espérant que les développeurs comprennent qu’être indépendant n’empêche pas de fignoler son projet jusqu’au bout, ne serait-ce que pour qu’il vaille son prix. En l’état, le jeu Flash gratuit est pratiquement plus intéressant (il suffirait de lui ajouter la bande-son). C’est vraiment rageant !