Réellement venu de nulle part, totalement indépendant avec son moteur de jeu pourtant très convaincant sur le papier, Hard Reset à toutefois fort à faire pour plaire. Pari réussi pour Flying Wild Hog ?
Terminator et à travers…
L’humanité n’est plus la même, les robots règnent sur le monde. C’est dans cet univers horrible que vous allez tenter de faire la différence, en évitant de rendre les robots un peu trop égocentriques à l’aide de vos armes surpuissantes qui, croyez-le ou non, calment les ardeurs électriques de ces étranges ennemis. Rien de tel qu’une bonne salve de plomb dans les circuits imprimés pour arrêter de se prendre pour la nouvelle race en pleine expansion. Et si cela ne suffit pas, il y a aussi un bon coup de jus, d’arc électrique, de bombe de plasma en pleine face ou de grenades bien placées. Bref, de l’arsenal, Hard Reset nous en propose à la pelle.
Dans un FPS très classique, aux vieux codes du genre proposant d’aller d’un point A à un point B sans aucune réelle interactivité avec de quelconques PNJ, Hard Reset se paye le luxe de lorgner du coté de jeux bien plus profonds tels que Deus Ex pour lui piquer des idées d’interface. Ouvrir des portes, désactiver des lasers et autres interactivités se fait donc à même les interfaces des objets « ingame ». La référence s’arrête là, car contrairement à ce qu’on pensait découvrir à l’époque de notre petite Preview, Hard Reset est finalement très désert et bêtement bourrin.
Votre HUD se compose de quatre données très importantes : un nombre définissant votre vie (vert), un autre pour votre bouclier (jaune), un troisième pour les munitions « énergétiques » (bleu) et un dernier pour celles qui se font davantage de façon artisanale (rouge). Ces deux types de munitions sont bien entendu réservées à deux types d’armes : énergies et mécaniques. Plus précisément, le héros ne possède que deux armes, une de chaque type, qu’il est toutefois possible de faire évoluer en fonction des upgrades choisis.
Une autre jauge augmente à chaque fois que vous récupérez des blocs d’énergie de couleur orange. En gros, Hard Reset c’est un arc-en-ciel d’objets éparpillés dans les niveaux qu’il vous faut ramasser en fonction de vos besoins. On passe ensuite à des bornes d’upgrades pour améliorer nos armes ou y ajouter de nouvelles fonctions (lance-grenade, roquettes, etc). Bienvenue dans l’ère des FPS de 1998. Où Half-Life n’existait pas et où Unreal, le premier du nom, paraissait être une véritable avancée vidéoludique.
Un robot, des pets laids ?
Hard Reset est vraiment joli. Non, sérieusement, ces effets de lumières, ces chocs électriques, ces explosions… Et c’est tout. Hard Reset est joli, mais très limité visuellement. On retrouve toujours les mêmes codes couleurs et les ambiances froides, faussement sombres et cette sorte de cyberpunk forcé.
On passe alors en cinématiques entre les niveaux, pour découvrir du « comics » un peu quelconque qui colle très mal avec le reste. Troublant. Surtout que l’histoire racontée est maintes fois déjà vue autre part et sans vraie résonnance auprès du joueur, qui se contente toujours d’aller d’un point A à un point B, indubitablement piégé par un gameplay vieillot qui se veut plus moderne qui ne l’est vraiment.
M’enfin, ce serait tout de même cruel de jeter la pierre à ce titre vendu aux alentours de 20 € qui, si en plus de tous ces défauts énumérés ne possède pas une grosse durée de vie (4 ou 5 heures tout au plus), a tout de même le chic de nous faire prendre notre pied un petit moment avec des affrontements savamment rythmés. On a des armes puissantes, des robots qui explosent avec beaucoup d’effets spéciaux et de boulons qui partent dans tous les sens… Et puis un affrontement dantesque (mais là aussi très vieillot) avec un cyborg humanoïde géant.
Finalement, on se retrouve un peu devant un Wolfenstein 3D possédant un moteur moderne, jouable en ligne droite avec deux trois secrets à déceler. Remplacez les nazis par des robots et vous avez le même gameplay : impressionnant ! Le genre de jeu qui fonctionnera chez les hardcore-gamers juste par nostalgie des FPS sans véritable intérêt scénaristique, qu’il n’était d’ailleurs pas obligé de terminer. C’est méchant, mais c’est vrai non ?
Déjà dépassé
Hard Reset a facilement dix ans de retard. Pas visuellement : il est très beau. Pas musicalement : certains rythmes sont très entrainants et mettent bien l’ambiance. Pas au niveau de la prise en main finalement assez simple (même s’il n’est pas possible de se baisser… en 2011 ? Incroyable !). Mais dans tout le reste. Il lui manque un scénario convaincant ou au moins un minimum intéressant, mais aussi et surtout de l’innovation et un semblant de vie dans ce monde tellement déshumanisé que les seuls compères avec deux bras et deux jambes que l’on croise traversent souvent des murs à grand coup de bras mécaniques ennemis.
Au final, la seule « innovation » notable est dans le peu de décors destructibles, qui touche les ennemis et permet de préparer des pièges. Mais une ville conçut uniquement avec des plots électriques et des bombonnes explosives tous les trois mètres, cela sent le level design en carton-pâte à plein nez ! C’est vraiment dommage tant le moteur graphique semblait pouvoir faire des miracles. Mais finalement, en se limitant à un simple couloir sans trop d’intérêt et à une variété d’ennemis ne dépassant pas la dizaine de « types », on peut aisément proposer quelque chose qui explose la rétine.
Hard Reset est bien sympathique, mais à ce prix il se réserve uniquement aux fans de FPS peu exigeants qui n’auraient vraiment, mais alors vraiment rien à se mettre sous la dent ces temps-ci.