Dans la vie, on peut s’attendre à tout. Regardez, il y a encore une semaine je n’avais jamais touché à un tower defense de toute ma vie, n’ayant jamais porté quelque intéret envers le genre, et me voilà en train d’en tester un pour vous, Orcs Must Die ! Et comme s’il ne fallait pas compliquer la chose, le titre de Robot Entertainment s’avère être en plus un jeu assez atypique. (Test de la version Xbox 360)
La ruée vers l’Orc.
Total novice en la matière, je m’attendais à un jeu en vue aérienne, avec pour seule tâche, placer des pièges et armes pour empêcher toute progression ennemie. Mais que nenni, on incarne ici un mage guerrier en vue à la troisième personne, avec des moyens offensifs tenant aussi bien du third person shooter que du beat’em all, et qui devra courir dans tous les sens dans des donjons pour placer son arsenal de défense. La peur s’empare de moi, serai-je à la hauteur ?
Après un scénario vite balancé à la figure via une scène animée, le titre du jeu parlant de lui-même de toute façon, on entre directement dans la bataille, ou plutôt la préparation de la bataille. Les premiers pas dans le jeu seront probablement hésitants pour tout le monde, le jeu s’épargnant quelconque tutorial ingame. Heureusement, les missions d’introduction ont une architecture simple, ce qui permet de vite comprendre le système par soi-même. Chaque début de partie sera identique : dans la forteresse pour le moment tout à fait calme, il faut, aux commandes de notre personnage, inspecter la configuration des lieux pour surtout voir quel trajet les Orcs peuvent emprunter afin d’atteindre le portail dimensionnel qu’il nous faut protéger. Pour cela on va devoir choisir à chaque fois un nombre limité d’armes, de pouvoirs magiques, de troupes ou de pièges dans notre inventaire, seule l’arbalète nous étant imposée. Mais pour le moment pas question de blinder le niveau de pics mortels ou de murs broyeurs, chaque pose de piège coûte de l’argent, et il faudra faire avec la modeste somme de base. C’est la que la composante action entre en jeu.
Une fois à sec, il ne reste qu’une chose à faire, laisser les Orcs débarquer ! Plusieurs vagues ennemies vont ainsi se succéder, jusqu’à un nouveau moment de répis. Comme les premiers assauts ne seront pas totalement contenus par les quelques premiers pièges placés, on va devoir aller nous-même au charbon, afin d’éclater les survivants arme au poing, en faisant bien attention de ne pas se faire tuer, au risque notable de perdre de précieuses secondes pour revenir au combat. Les décès adverses rapportant de l’argent, on devra en même temps penser à poser de nouveaux pièges, sachant que le temps de réflexion et de pose est du temps perdu pour taper du bestiau… Il sera aussi intéressant de se servir du décors, comme par exemple pousser un groupe d’ennemi directement dans une fosse remplie de lave, ou faire tomber des lustres sur le coin de leur gueule d’amour.
Les Orcs se cachent pour mourir.
Pour rajouter un peu de challenge, une note vous sera attribuée à chaque fin de niveau, soit jusqu’à cinq étoiles selon votre rapidité à terrasser les hordes belliqueuses et votre efficacité à ne laisser passer personne dans le portail. L’intérêt ultime derrière cela, est de pouvoir dépenser vos étoiles pour rendre vos moyens de défense plus efficaces. Pas données, ces upgrades serviront principalement à réduire le prix d’achat des pièges ou unités, sinon son efficacité ou sa portée. Si certains choix s’imposent au départ (les pics au sol plus… piquants, les murs lance-flèches couvrant plus de distance), le risque de regretter certains investissements est présent, au cas où l’on tombe juste après sur une suite de missions rendant l’outils en question assez inutile (faire baisser le prix des barricades, quand la première chose que feront les ennemis sera de les briser… comme dirait George Stobbart : « ce n’est pas une bonne idée »). Mieux vaut donc tâter le terrain avant de dépenser, disons, à l’affectif.
Plus loin dans le jeu, on débloquera aussi la possibilité d’avoir des améliorations le temps d’un niveau, selon deux arbres de compétences concernant des domaines divers et variés. On pourra par exemple enchanter ses armes pour les dôter de pouvoirs magiques, faire en sorte que les ennemis vaincus laissent plus d’argent ou bien bénéficier d’une barre de vie digne d’un FPS moderne. Cependant, ces options ayant elles aussi un prix, il faudra être encore plus sûr de son coup que d’habitude si on choisit d’y mettre quelques deniers.
« Les Orcs sont des êtres humains comme les autres… » (Nicolas S.)
Mais parlons un peu de nos ennemis jurés, qui aiment se déplacer en bandes, car on fera face à plusieurs type d’Orcs, ainsi qu’à d’autres petits coquins. Parmis les principaux mobs, on trouvera d’abord les Orcs de base, trappus, lents et limités au combat au corps à corps, en somme de la chaire à canon qui appuie sa force sur le nombre. Puis les archers, qui se feront un malin plaisir de vous viser pour vous causer de massive damage et prendront leur temps pour venir goûter au festin que vous leur avez préparé. On aura aussi des sortes de Gobelins, passant à travers certains pièges, très rapides et dont le but est de foncer discrètement au but, profitant de la confusion ambiante. A contrario, on croisera quelques Ogres, passant difficilement inaperçu, très lents, mais très résistants, et surtout vraiment dangereux au corps à corps, puisqu’il peuvent vous étourdir quelques instant. Et si vous avez le malheur d’en laisser échapper un, c’est un grand pas vers la défaite. Dans le genre bien ennuyeux il y a les chasseurs Gnolls, des guerriers rapides qui veulent principalement vous descendre, et qui pour cela peuvent vous empoisonner afin de vous ralentir. Enfin, on aura affaire à des bestioles volantes, peu dangereuses en soi, mais pouvant vous faire perdre un temps précieux.
It’s a trap !
Restons sur la notion de temps, et abordons la durée de vie de Orcs Must Die !, qui s’avère très satisfaisante. Avec 24 stages et trois modes de difficulté, il y a vraiment de quoi faire. Le niveau de difficulté maximal devant être débloqué en finissant le jeu en moyen, on pourra tenter des approches différentes pour se faciliter la tâche, ou non. Chaque nouveau donjon apportant une nouvelle pièce dans votre arsenal, ainsi que de temps en temps des emplacements supplémentaires, on pourra se faciliter la tâche en avançant un maximum en mode facile, puis en refaisant les niveaux en moyen avec un matos plus conséquent, cela au détriment des upgrades, étant donné que ce mode facile ne permet de gagner que deux étoiles par niveau. Bref, prendre le risque d’échouer en moyen mais de gagner le jackpot pour upgrader ses armes au plus vite, ou la jouer sécurité mais devoir refaire les missions, à vous de voir mes chéris.
La difficulté globale de la campagne va en tout cas crescendo, puisque on sera vite confronté à des donjons multipliant les points d’entrée, les portails à défendre, ou élargissant dangereusement les voix de passages et limitant la pose de vos pièges favoris de part une architecture peu académique. Il faudra donc faire bon usage des portails de téléportations pour être sur tous les fronts, et tenter de créer des goulots d’étranglements pour ne pas subir un abordage massif et incontrôlable venant de toutes parts, en n’oubliant pas que les pièges demandent un certains temps pour être de nouveau fonctionnels après « usage »…
Human must buy !
Pour finir, car ce n’est au final pas le plus important, quelques mots sur la réalisation. Techniquement, rien à redire, c’est « propre » comme on dit. Le jeu tourne très bien, affiche de très nombreux personnages sans broncher, les animations étant correctes sans éblouir, seule l’abscence d’ombre sous le héros fait un peu cheap. La direction artistiques a elle un côté un peu générique : typée cartoon mais pas trop, avec des modélisations assez old gen, et des effet lumineux très colorés pour masquer le peu de variété des décors, le tout manque quand même d’un peu de caractère et d’une identité plus marquée pour qu’on se souvienne du jeu autrement que pour son gameplay et son fun. Côté son, les musiques sont peu nombreuses (mystérieuses pendant les moments de calme, énervées lors des lachés de sales Orcs), mais les mélodies restent en tête, aussi bien parce qu’elles tournent vite en boucle, que par leur qualité intrinsèque donnant l’envie de fredonner en démolissant du méchant. Quant aux bruitages et voix, très présents, ils sont malgrés tout assez caractéristiques pour qu’ils aient une utilité, et vous indiquer un peu ce qui se passe là où vous ne regardez pas.
On a pu constater que c’est un jeu riche, et au delà du côté intimidant, c’est au final le fun qui l’emporte très vite, grâce aussi à un gameplay bien huilé. Parfois bien stressant, et mettant vos méninges à l’épreuve, Orcs Must Die ! permet en même temps de se défouler et libérer la pression. Certes, ce parti pris ne plaira peut-être pas aux grands stratèges qui aiment tout mettre en place et savourer le triomphe de leur génie en sirotant du Chianti, mais on ne peux pas reprocher à un jeu de tenter l’originalité quand c’est bien fait. Et puis après tout, les vrais tacticiens, les héros de guerre, se révèlent au coeur de la bataille… Voilà donc un jeu totalement Orc’n roll qui m’a conquis, moi, un néophyte du genre. Pourquoi pas vous ?
(Test de la version Xbox 360. Screenshots tirés de la version PC)