La vie de testeur est bien difficile, sachez-le, particulièrement dans le milieu indé. Des jeux d’une bonne … demi-douzaine d’heures, des … secondes entières de débat intenses avec le rédac’ chef sur le placement des images à droite où à gauche du texte, etc. Enfin bref, vous m’aurez compris : je n’ai absolument aucune excuse pour ne pas avoir fini Space Madness au moment où j’écris ces lignes, outre que j’avais honte de ne pas vous avoir parlé de l’un des point & click les plus délirants et hilarants du moment.
We all live in yellow mutant planets …
Quelque part dans l’espace. L’USS Serling navigue tranquillement. Soudain, le gigantesque vaisseau recrache un petit carré jaune, doté de deux bras, deux jambes et d’un œil, petit carré jaune qui atterrira sur une planète (jaune, elle aussi), peuplée de quelques mutants, tous plus uniques les uns que les autres, et qui aura la lourde tâche de sauver l’univers … Pourquoi ? Question qu’il ne vaut mieux pas poser, dans Space Madness, car vous risqueriez de ne pas croire à la réponse.
Alors, que les choses soient claires. Space Madness est le tout premier jeu de Spreadcamp fait avec les moyens du bord, et ça se voit. L’esthétique très enfantine, si elle se laisse très agréablement regarder et établit une bonne base pour l’ambiance du titre, n’a absolument rien d’exceptionnel. Côté sonore, c’est à peu près la même chose : les musiques se font assez discrètes, évitant donc la répétitivité très vite énervante de bien des B.O. de titre du genre, particulièrement quand on est coincé. (et je parle par expérience)
Space Madness ne révolutionne pas non plus le point & click. Très loin de là, même. Si on peut se réjouir d’une difficulté assez bien dosée dans le titre, et si Spreadcamp a particulièrement mis l’accent sur les dialogues, les mécaniques de jeu ne surprendront pas. Mais alors, qu’est-ce qui fait de Space Madness un jeu aussi surprenamment bon ?
Rhum rouge ! Rhume rouge !
Avez-vous déjà pensé, pour ouvrir une porte dont vous n’avez pas les clés, à lui lancer un morceau de viande pour la réveiller et la retourner contre son propre garde ? C’est ce que Space Madness vous proposera de faire. Le jeu s’essaie au délire total, genre plutôt dangereux car la limite est très fine entre l’humour et la lourdeur, mais Spreadcamp maîtrise très bien la formule. Parfaitement, même. Space Madness est une petite perle d’humour absurde, qui, avec la répartie de son héros, ses références bien placées et ses PNJ hauts en couleur, du cactus parlant (qui en est presque émouvant, au moment de se faire couper les bras) à l’employé désabusé du scientifique fou en passant par son clone danseur de disco (si, si), vous laissera plus d’une fois les larmes aux yeux devant votre écran.
Alors, forcément, je ne peux pas vous garantir que l’humour du titre de Spreadcamp ne vous laissera pas de marbre, et, avec la logique assez étonnante des énigmes, on aura parfois besoin de cliquer un peu partout pour avancer dans le jeu (et je parle toujours par expérience). Les défauts inhérents à ce type de jeu, somme toute, et qui ne viennent pas noircir le tableau.
Space Madness est donc un point & click conventionnel, à l’ambiance assez peu marquante et qui n’apporte absolument rien au genre. Cependant, dès son premier titre, Spreadcamp maîtrise à la perfection (à moins d’un final vraiment décevant, évidemment) l’humour absurde et nous pond du premier coup un titre pas forcément long, mais dont les fous rires qu’il provoquera justifieront largement les 5 € que vous lui aurez accordé.