Huit ans après le premier du nom, et après avoir refait peau neuve de ses autres titres similaires, les studios de développement et d’édition Paradox Interactive reviennent sur le titre médiéval et féodale, Crusader King, qui précède chronologiquement Europa Universalis. Avant de pouvoir juger du titre, regardons ce qu’il nous propose.
Un jeu Paradox sorti du même moule
Il ne faut pas se leurrer, si Crusader King II change du premier du nom sorti il y a huit ans, il reprend essentiellement l’ensemble des éléments qui ont fait le succès de la série des wargames historique des studios Paradox Interactive. Vous aurez donc le droit à une carte découpé en plusieurs régions et d’une série de fiches et de tableaux pour vous aider dans vos différentes actions. Quelques améliorations graphiques seront évidemment présentes.
Paradox vous proposera de revivre une période souvent méconnue : celle d’une Europe médiévale et féodale. Vous incarnerez un régnant, qu’il vous sera possible de choisir parmi tous les comtes, les ducs ou rois disponibles sur la carte et à la date que vous aurez fixée. Le jeu débutant en 1066 pour finir en 1453. Si toutefois vous ne pensez pas pouvoir choisir, les développeurs vous proposent quatre des grandes dates de l’époque ainsi que les nations plus intéressantes : 1066 lorsque Guillaume, duc de Normandie tente de prendre l’Angleterre ; la même date après qu’il ait réussi ; 1187 date de la troisième croisade ; le début de la Guerre de Cent Ans en 1337.
Le respect historique impose évidemment certaines restrictions qui pourront paraître étonnantes pour un wargame. Du fait de féodalité, de guerre incessante et de pouvoir totalement instable, espérer conquérir le monde, même si celui-ci est restreint tout logiquement à l’Europe, une partie de l’Orient et l’Afrique du Nord, se révélera très vite extrêmement compliqué. Le but du jeu sera alors de vous concentrer sur votre dynastie, le prestige de chacun des règnes, et de l’ensemble des membres de cette famille. S’il est possible qu’une femme règne sur des terres, par lois de successions (que vous pourrez changer), il faudra garder à l’esprit que l’enfant qu’elle aura, héritier de ses terres, prendra le nom du père et marquera la fin de la dynastie.
Il faudra alors penser de manière féodale, et oublier les grands royaumes de pleins pouvoirs, ici bon nombre de vos vassaux voudront soit votre place, soit celle de vos autres vassaux. Vous ne pourrez réellement compter que sur vos propres terres, qui sont limitées en nombre, sous peine de système de malus. Mais Crusader Kings II vous propose une série de possibilités digne de l’époque pour asseoir votre autorité et calmer ces envieux.
Intrigue, complot… Une couronne n’a pas de prix.
Si le premier du nom, sorti en 2004, avait montré quelques limites dans l’immersion d’époque, Paradox Interactive tente de les repousser un peu plus. Avec un système de confiance concernant l’ensemble de vos vassaux et sujets, qui ont eux-mêmes des ambitions propres. Il vous faudra alors les satisfaire, soit en répondant à leurs attentes, soit par d’autres moyens que sont les mariages, l’octroie de fief, les dons d’argent ou encore les titres honorifiques. Gardez-vous bien de les énerver sinon la sanction pourra être terrible. Certains pourront se rebeller contre vous, entrant en guerre directe, menant à l’indépendance, prise de terre ou imposant une politique (notamment sur les règles de succession ou l’autorité du souverain). A contrario, si vous terrassez la rébellion, le chef de file rejoindra vos sombres et humides geôles. Mais ne vous y trompez pas, cela ne sera pas facile.
Les ambitions de chacun mènent évidemment aux complots. C’est là l’une des grandes nouveautés du jeu, initié par le titre précédent Sengoku. Un seigneur mécontent pourra très facilement réunir d’autres seigneurs, qu’ils soient vos vassaux ou étrangers, dans sa quête de pouvoir et prestige. Si vous ne faites rien pour arranger cela, par les mêmes principes que ceux cités précédemment, il est très probable qu’une guerre éclate contre l’ensemble des participants au complot et finira, en cas d’échec de votre part, par vous forcer de lui donner ce qu’il veut. Ces ambitions sont peu nombreuses, allant d’un titre honorifique, d’un fief, ou alors de votre propre couronne, mais bien suffisante pour que des guerres éclatent assez fréquemment.
À côté de ces éléments majeures, d’autres sont présents. Les nombreuses régions de la carte, qui représente les comtés, accueillent elles-mêmes des villes et donc de nouveaux vassaux. Il sera possible d’y construire des châteaux accueillant des barons, des villes accueillant des maires, ou des églises accueillant des prêtres. Toutes ces villes pourront être évoluées pour vous permettre de collecter plus de taxe ou plus d’hommes d’armes. Les combats, eux aussi, ont connu une évolution. Ils sont désormais gérés sur trois fronts et permettront une tactique plus poussée. Enfin, vous aurez possibilité de changer les règles de succession, ainsi que les lois internes à vos terres donnant plus de pouvoir au souverain et donc limitant ceux de vos vassaux. Ces deux actions seront limités à une seule par génération, mais créeront envieux et jaloux qui pourront aller jusqu’aux complots.
Enfin un vrai système féodal !
Crusader King II se propose donc comme un bon jeu médiéval et féodal. Vous l’aurez compris, le titre change des wargames classiques, il vous faudra maîtriser votre « royaume » avant de penser à vous attaquer à l’extérieur, par la guerre ou par mariage. Reste que, si sur le papier les idées sont belles, il restera à Paradox de les intégrer proprement dans la version finale.
De la version bêta testée, le fonctionnent global semble bien réussi. Toutefois, il reste beaucoup de défauts de lourdeurs d’interface, ou quelques bizarreries de codage ou votre propre femme souhaite votre mort ou celle de son fils sans que les raisons en soient évidentes. La sortie prévue en février 2012, dans quatre mois, laissera bien le temps pour les développeurs de corriger ces points.
Enfin, comme tout jeu Paradox, il ne faut pas s’attendre, dès la sortie, à une version française digne de ce nom. Bien que l’option de langue est indiquée dans les options (ce qui pourrait paraître évident pour un joueur non-paradox), il faudra très certainement attendre le travail d’une communauté active.