Les casual-gamers sont-ils éternellement condamnés à se divertir devant des jeux sans grand intérêt, ne réclamant qu’un QI à deux chiffres et un capteur de mouvements ? Non répondent les petits gars de chez Casual Box Games, un studio bien de chez nous et responsable d’Age of Enigma, cette catégorie de joueurs a aussi le droit de connaître les joies de l’aventure, et du point’n click pour être précis.
Casual et fier de l’être ?
S’aventurer sur le terrain des jeux dits casual est un pari fortement risqué, les chances d’écouler son titre à sa sortie étant par définition moindres que celle d’un blockbuster, alors imaginez cela appliqué à un studio indépendant qui n’a pas le droit au moindre faux pas financier. Cette crainte est sans doute à l’origine de l’objectif ambitieux que s’est fixé Age of Enigma : séduire à la fois les joueurs occasionnels et les gamers afin de maximiser les ventes. Mais attention, je ne suis pas en train de dire que Casual Box Games n’est motivé que par l’appât du gain, c’est faux, et leur soft transpire de cet amour porté à la réalisation. Pour autant, les développeurs semblent avoir légèrement délaissé le fond au profit de la forme, avec une histoire peu inspirée.
Le joueur incarne Ashley, une jeune américaine en proie à d’effrayants cauchemars, prémonitoires de surcroît. Alors que la jeune fille s’adapte tant bien que mal à cette situation, le monde s’écroule autour d’elle le jour où elle reçoit une lettre étrange accompagnée d’une carte et d’une clé menant tout droit à une bâtisse dont elle a rêvé la nuit précédente. Poussée par la curiosité, notre héroïne se rend sur les lieux et fait la connaissance d’un mystérieux inconnu répondant au nom de Nathan, qui l’invite illico-presto à soulager l’âme de six fantômes en accédant à leur requête. Ces six âmes représenteront autant d’occasion à travers les continents et les époques. L’aventure peut alors commencer, même si l’on aurait souhaité plus de détails sur cet univers ésotérique. Tant pis, on repassera.
Cependant, la frustration ne s’arrête pas là, et il semble que les développeurs soient bel et bien passés à côté de leur objectif principal. Je m’explique. Ages of Enigma est comme, je l’ai dit dans mon introduction, un point’n click voulant plaire au plus grand nombre. Dans cette optique, le studio a jugé bon d’intégrer deux modes de difficulté, à savoir un à destination des casuals et un autre destiné aux joueurs aguerris. Le premier dispose de dialogues simplifiés et de la surbrillance sur les objets clés, alors que le second est dépourvus.
Pas facile de plaire à tous les joueurs…
L’intention est parfaitement louable, mais hélas on a l’impression que le jeu a continuellement le cul coincé entre deux chaises, tant les deux modes se ressemblent. Le soft n’arrive pas à s’affranchir du côté casual, et finalement n’arrive pas à séduire les gamers tant les aides sont nombreuses (dans les deux modes), à l’image des jokers ou de la possibilité de littéralement obtenir la solution d’une énigme. C’est vraiment dommage.
Heureusement, tout ceci est bien vite rattrapé par la réalisation globale du titre, avec notamment un graphisme fin et détaillé, appuyé par une bande-sonore de très bonne facture, tant au niveau des doublages que des musiques. C’est un véritable plaisir que de se plonger dans les époques différentes, et le dépaysement est garanti. Cependant, toute bonne chance ayant une fin, il faudra redescendre sur terre au bout de trois petites heures, cinq si vous jouez en mode normal. C’est vraiment très peu, mais bon par définition un casual-gamer ne passe pas beaucoup de temps devant sa console/PC.
Dommage, voilà mon ressentiment général à l’égard du titre. Age of Enigma n’est pas un mauvais titre en soi, mais d’un point de vue de joueur aguéris le soft parait beaucoup trop simple, si bien que l’on ne comprend pas la présence de deux modes de difficulté. Le soft ne franchit pas la barrière casual/hardcore, ce qui est vraiment frustrant. Reste que ce titre est un très bon entrainement pour les casuals, avant de passer à quelque chose de plus consistant, tel qu’un Runaway. Espérons que les développeurs tiendront compte de ce défaut lors de leur prochaine réalisation. Mais ne nous y trompons pas, outre sa durée de vie faiblarde et ses modes de difficultés inutiles, le soft est un très bon divertissement.