Longue saga d’aventure grand public sur PC, la série des Nancy Drew s’offre un remake de son tout premier épisode jamais sorti en France. L’occasion pour Nancy de débarquer dans une histoire de meurtre, une première parait-il…
Mais qui est Nancy Drew ?
Plus connue sous le nom d’Alice Roy dans la littérature française (dites merci aux traducteurs), Nancy Drew est une collection de roman mélangeant mystère, enquête et jeunes protagonistes pour venir alimenter des lectures pour adolescents plus originales que ce qui se faisait à l’époque. Le premier épisode fut écrit en 1929 et depuis, Nancy Drew est constamment l’héroïne d’enquêtes pour plus jeunes, qu’elles soient à lire ou à jouer. Un film assez mal accueilli outre-Atlantique a même été réalisé en 2007.
C’est en 1998 que sortit le tout premier Nancy Drew sur PC : Secrets Mortels. Vous l’aurez compris, ce jeu nouvellement débarqué dans nos magasins est donc un remake édité chez nous par Micro Application. On nous promet qu’une remasterisation complète des graphismes a eu lieu : permettez-moi d’en doute, surtout en voyant les quelques screenshots disponibles sur l’ancien site officiel. Certes nous sommes bien loin de l’original au niveau des couleurs, de la résolution, etc. Néanmoins, premier constat : ce Secrets Mortels est assez effrayant visuellement. Un peu dépassé, aux animations ringardes et aux écrans fixes vites pénibles, il nous replonge dans une ère de jeux d’aventure magnifiques, teintée de Phantasmagoria et de jeux narratifs particulièrement profonds, sans cependant en avoir l’étoffe.
Quelques petits problèmes…
Après avoir tutoyé le joueur et lui avoir parlé comme si, forcément, il était une femme (les clichés ont la vie dure), le jeu commence par nous poser un petit synopsis original : un jeune homme a été tué dans son lycée et c’est directement sur le campus que Nancy va devoir enquêter. Pour cela elle se fera passer pour une nouvelle élève. Déjà, le jeu va beaucoup trop vite : en à peine deux minutes, on est entré dans le lycée, on a discuté avec des élèves qui ne se posent pas du tout la question de savoir ce que vous faites là et tout tourne toujours autour de simples interrogatoires. On en apprend un maximum sur les environs puis, une fois les lignes de dialogue épuisées, on fouille de fond en comble. Cela va très vite puisque ne comptez pas sur plus d’une demi-dizaine de protagonistes pour étoffer l’histoire.
Les énigmes sont difficiles et vraiment intéressantes dans leur conception. On enquête réellement, prend des photos (on triche un peu en faisant des screenshots par exemple, ou en prenant quelques notes sur un papier/sous un logiciel de traitement de texte) et c’est bien le seul point très intéressant du jeu : l’enquête est bien là, au détriment de l’aventure. Car si discuter avec trois élèves en boucle, fouiller des tiroirs et allumer des chaudières dans un ordre précis vous emballe réellement, alors ce Nancy Drew saura vous convaincre. Si vous cherchez une véritable histoire à vous mettre sous la dent, Nancy n’est clairement pas Agatha Christie et vous tomberez vite de haut.
L’aventure pour débutants
Nancy Drew cible les plus jeunes et c’est d’une évidence folle lorsqu’on lance le jeu. Le problème est que seuls les adolescents n’ayant réellement jamais joué à un jeu vidéo de leur vie pourront s’intéresser à celui-ci. Pour eux, effectivement, c’est sympathique : comme pour les adultes qui découvrent ce monde vidéoludique et veulent y passer trente minutes ou une heure, tout au plus, en rentrant du travail. Ce nouveau public qu’on estampille très souvent et trop facilement de Casual est la cible prioritaire de ce Secrets Mortels qui n’excède d’ailleurs pas les trois heures de jeu pour qui sera un vrai Sherlock en herbe.
Simpel d’accès, fidélisant le jeune joueur et intéressant dans de rares moments d’enquêtes, ce nouveau Nancy Drew va, comme les autres, se vendre auprès de ce public tant précisé plus haut. Pourquoi ? Parce que c’est exactement ce qu’ils recherchent finalement : aucune prise de tête, pas trop de réflexion poussée, juste un peu de recherche, d’énigmes, pour des récréations « intelligentes » sans que ce soit compliqué à prendre en main. Alors oui, Nancy Drew : Secrets Mortels n’est pas beau, n’est pas intéressant au-delà de ces énigmes et manque cruellement de profondeur, mais il représente assez fidèlement les gouts d’un nouveau public qu’on aurait tort de prendre à la légère. Car les casuals d’aujourd’hui seront sans doute les hardcore-gamers de demain : reste à les faire progresser dans leurs découvertes, crescendo, sans les dénigrer. Il y a encore pas mal de chemin à faire sur ce point là !