Que faire quand on a peu de moyens, peu de temps et peu de ressources ? Le Jeu Vidéo indépendant a depuis longtemps trouvé une réponse tout à fait adéquate : avoir de bonnes idées. Where is My Heart le démontre une nouvelle fois et prouve qu’avec de l’imagination et du talent, l’argent et la médiatisation ne sont que de piètres atouts.
Le Monde à l’envers.
Ne cherchez pas de scénario dans Where is My Heart, les développeurs ont bien compris que dans un Puzzle-game, l’histoire finissait toujours pas être superflue et peu crédible. On rentre directement dans le vif du sujet avec un niveau d’introduction qui nous initie au gameplay et principe du jeu. Autant le dire tout de suite, on est un peu décontenancé tant le tout semble simple et peu recherché. Pourtant pas de temps mort à l’horizon et on continue avec le niveau suivant. Déjà on commence à se dire qu’on a peut-être parlé trop vite. Car Where is My Heart c’est avant tout une richesse de Level Design assez sidérante, couplée à un gameplay dévastateur d’efficacité. Vous incarnez donc trois monstres, chacun d’une couleur différente, et vous devez atteindre la fin du niveau symbolisée par un arbre en attrapant au passage tous les cœurs disséminés ci et là. Effectivement, dit comme cela le pitch n’est pas très glamour. Pourtant, plusieurs idées viennent renforcer ce postulat. Déjà, les niveaux ne sont pas linéaires. Ils sont divisés en cases menant chaque fois à une autre souvent éloignée. Avancer tout droit ne veut donc absolument pas dire marcher en ligne droite dans ce jeu.
Tout le génie réside là, dans ce Level Design tortueux qui gagne vite en complexité et qui finit par nous chatouiller la caboche. En plus de cette division des stages en cases indépendantes, les différents monstres que l’on incarne à tour de rôle grâce au bouton triangle bénéficient chacun d’un pouvoir personnalisé. Quand l’un d’eux pourra passer à travers certains obstacles, l’autre pourra utiliser un double-saut. Mais le pouvoir le plus intéressant est aussi celui qui prend le plus racine dans la complexité de construction des niveaux. En effet, la petite monstre féminine pourra se transformer en bloc ailé ayant le pouvoir de renverser littéralement les zones de jeu. Dès la première apparition de ce pouvoir, la difficulté du titre monte d’un cran et il faudra vraiment réfléchir pour bien cerner les tenants et les aboutissants de cette capacité tout à fait brillante. On peut peut-être regretter que ces innovations de gameplay ne soient pas un peu plus réparties tout au long de l’aventure, mais on a au moins toute l’étendue des possibilités du jeu dès les premiers niveaux. Le reste de la jouabilité est tout ce qu’il y a de plus classique, reprenant les bases du plateformer avec en plus la possibilité de faire une sorte de « rodéo jump » à la Mario mais sur la tête pour ouvrir ou déplacer certains obstacles selon la couleur de ceux-ci et du personnage utilisé. Dans l’ensemble le titre se prend donc parfaitement en main même si le plaisir principal découle de l’inventivité constante des niveaux et des différents pouvoirs des monstres.
Le fond et les formes
Si Where is My Heart est un régal constant à jouer, il n’en est pas moins soigné dans sa forme. Il faut toutefois savoir que le titre est plus agréable sur PSP que sur PS3, les graphismes devenant plus fins et les niveaux filmés de près perdant un peu en visibilité sur grand écran. Mais dans l’ensemble le titre est très joli, usant presque évidemment d’un style rétro mais agrémenté d’une petite touche d’onirisme et de mélancolie rendant la difficile progression plus calme et apaisante. Il en va de même pour la musique, très peu présente en jeu, mais faisant quelques apparitions entre les stages pour nous bercer de quelques notes langoureuses et hypnotisantes. Il se dégage une ambiance poétique du jeu, jamais appuyée par les développeurs, mais donnant une tout autre dimension à l’aspect addictif du titre. On commence par un niveau, puis on continue, encore, encore, encore…
Il faut toutefois se limiter, car la durée de vie est un petit peu courte. Tout dépendra bien sûr de votre vitesse de résolution des énigmes, mais avec un niveau moyen, l’aventure se boucle en trois petites heures. Bien sûr on termine le jeu avec une légère sensation de faim, mais les développeurs ont au moins ménagé le dangereux écueil de la répétitivité. C’est bien simple, on ne s’ennuie pas une seconde et on traverse Where is My Heart comme dans un rêve ludique et intelligent. Ces superlatifs peuvent paraître exagérés pour un simple Minis, mais pas du tout, le titre ayant une valeur tout aussi grande que n’importe quelle autre excellente production indépendante. Si vous êtes donc avide de concept brillant et d’énigmes assez retorses pour vous fracturer la cervelle, Where is My Heart est plus que recommandé. Une fois transféré vers votre PSP, le jeu devient un petit bonheur nomade à savourer dans le métro, au lit ou, soyons fous, aux toilettes. Partout, donc !
Ca à l’air stylé, dommage qu’il soit pas sur 360 ou PC 🙁