Une fois n’est pas coutume, commençons par une parenthèse. Quarrel est un jeu uniquement en anglais, et comme il s’agît d’un jeu style Scrabble, Des Chiffres et des Lettres (sans les chiffres. Mais bordel j’ai toujours été nul en lettres, pourquoi dois-je faire ce test ?!), vous aurez besoin d’un minimum de vocabulaire anglais. Bien entendu, à l’instar des mots croisés à force de jouer on retiendra des mots utiles pour scorer, surtout que chaque mot trouvé a droit à sa définition venant du dictionnaire du Scrabble (toujours en anglais), mais il faudra pour cela avoir un certain niveau dans la langue du « Cheikh Sbire ». Si vous faite partie de cette élite humaine, ce jeu aura bien des chances de vous plaire…
« On fait une partie de Scra… euh… de Scrableubleuh ? » « Non, pas tout de suite. »
Le but d’une partie de Quarrel est simple, dominer totalement des plateaux agencés en cases de couleurs, chaque joueur, de deux à quatre, ayant une couleur, avec un certain nombre de petits bonshommes dessus. A chaque tour il s’agit principalement d’attaquer les cases voisines adverses afin d’en prendre possession, et de pouvoir poursuivre sa conquête dans le secteur. On peut ainsi enchaîner de nombreux duels à partir d’une simple case, ce qui vaudra d’ailleurs un bonus. Mais parlons de ces fameux duels au coeur du gameplay. Cela se présente donc comme un croisement entre l’éternel jeu télévisé Des Chiffres et des Lettres et le Scrabble : avec les huit lettres proposées, on doit trouver un mot plus fort que son adversaire, sachant que chaque lettre vaut un certain nombre de points.
Placer un mot de deux lettres comprenant un X (qui vaut 12 points) pourra donc battre un mot de cinq lettres ne valant qu’un point chacune. Il sera aussi intéressant d’être le plus rapide, car en cas d’égalité de points, le plus réactif l’emportera. Mais pour rendre tout ça plus excitant, c’est là qu’entre en compte le nombre d’unités présentes sur chaque case du plateau, car la longueur maximale du mot que vous pourrez faire se fait en fonction de ce paramètre. Ainsi, si vous avez huit unités (le maximum) sur votre case et attaquez une case avec seulement cinq unités, cela peut s’avérer être un avantage certain, sachant que chaque tirage de lettres est obligatoirement un anagramme d’un mot de huit lettres. Mais si vous mêlez ça au fait de devoir être le plus rapide, aux petits mots qui peuvent rapporter plus de points que de longs mots, ou que vous êtes dans une partie en temps limité, le mieux peut aussi être l’ennemi du bien, et donc le joueur qui semblait battu d’avance peut très bien remporter la mise. Ce qui signifie éliminer les unités adverses, voire même prendre des prisonniers. Seule la partie attaquante peut cependant gagner une case, la défense ne peut que se protéger.
Et là le mec me dit: « les flics m’ont choppé hier soir, j’avais trois anagrammes ». J’ai pas compris.
Chaque tour se terminant par un renfort d’unité sur chacune de vos case (voir plus en cas de grosse série de victoires), il sera aussi parfois plus judicieux de passer directement son tour pour se renforcer, plutôt que de tenter une attaque suicide, ou bien d’arrêter prématurément une belle série pour éviter le duel de trop et perdre son surplus de renforts, ou pire se faire contrer. Car en avançant on laisse toujours un bonhomme sur la case, et l’on a donc de moins en moins de troupes à mesure de l’avancée triomphale. Perdre un duel en bout de course offrira donc en retour des proies faciles au vainqueur, ou aux éventuels autres adversaires situés à côté si leur tour vient avant. Pour limiter un peu les dégats cependant, on aura dans une certaine mesure la possibilité de faire basculer ses éléments de case en case pour renforcer un secteur critique.
La stratégie tiens donc un rôle crucial dans le destin des parties. Enfin dernière petite mesquinerie possible, les points de chaque mot constitué iront remplir une jauge de trésors, encore plus en cas de prise d’une case, jauge qui une fois pleine vous permet d’invoquer un renfort surprise en début de duel. Dans les parties à 3 ou 4, le ou les joueurs non concernés par le duel peuvent d’ailleurs essayer de gagner en parallèle des trésors en constituant aussi un mot. La méfiance doit donc rester de mise lorsque on provoque un face à face.
Aquarelle.
Après un passage sur iOS, Quarrel débarque sur le Xbox Live Arcade plus beau que jamais, avec une ambiance très soignée comme on a pu en trouver dans un Angry Birds. Le style graphique est en effet très réussi, bien coloré, avec des personnages simples mais tout mignons, et de nombreux effets visuels stylés BD pour donner un excellent dynamisme aux partie. Aussi, le plateau de jeu modélisé en 3D s’offre du relief, avec une caméra qui se déplace souvent et évite le côté statique du genre. Du coup avec un rythme de jeu assez soutenu, et peu de temps morts, c’est l’idéal pour un party game, surtout quand on a pu se frotter à la lenteur et la lourdeur d’un Mario Party entre chaque phase de jeu à proprement parler. On est pas là pour tuer son après-midi devant Inspecteur Derrick dans sa maison de retraite aux murs beiges mouchetés chauffée à la Xbox, ici, ça dépote (enfin libre à vous de mettre trois plombes pour vous décider).
Le jeu possède aussi de nombreuses options et modes de jeu. Outre les parties rapides constituées aléatoirement, on peut aussi paramétrer entièrement une partie (nombre de joueurs, adversaires, plateau, temps limité ou non), ainsi que se mesurer à trois modes avec des défis de plus en plus ardus. Côté jouabilité, n’ayant pas touché à la version mobile, je ne pourrais pas vous faire une comparaison, mais en tout cas la configuration de la manette est bien pensée avec, en plus des touches pour les commandes de base, quelques raccourcis intéressants, comme enlever toutes les lettres entrées d’un coup ou remélanger les lettres proposées. Manque peut-être à l’appel la possibilité de trier soit même les lettres, ou encore pouvoir ajouter / changer une lettre ou l’on veut, au lieu de devoir effacer toutes celle qui viennent ensuite pour pouvoir le faire. Passer de « chant » à « chiant », pourrait en effet l’être en parties chronométrées (et si le jeu était en français évidemment).
« Quarrellement méchant, jamais content. » (Alain S.)
Jusque là, comme on a pu le constater, le tableau est clairement idyllique, avec un jeu bien réalisé et intéressant. Mais un seul détail particulier dans la règle du jeu pourra néanmoins vous transformer en bête féroce agonisante de douleurs psychique, et vous faire cracher toute votre salive haineuse. Ce détail, c’est tout simplement, comme je vous en ai déjà parlé, la décision de donner la gagne au plus rapide en cas d’égalité de point.
Contre un adversaire humain, sur le Live, c’est tout à fait légitime, mais contre le CPU, dont certains personnages au profil « rapide, pif shoryu à la relevée » arrivent valider leur mot en UNE SECONDE CHRONO avant même que vous ayez eu le temps de lire les huit lettres proposées, et encore moins sélectionner la moindre lettre avec la manette, cela peut faire des ravages sanitaire dans votre bulbe rachitiquien. Imaginez (based on a true story) : vous allez achever votre partie, et là paf, vous perdez le duel « coup de grâce » pour cette raison, et vous vous faite enchaîner en retour comme un vieux cadavre inerte. Croyez moi qu’en mode chronométré où chaque face à face est en temps ultra limité, vous forçant à aller à l’essentiel et donc trouver des mots courts et souvent trouvés aussi par le CPU, c’est le sentiment d’injustice qui vous fera retourner à l’état de nature… de vulgaire singe hurlant cul nu.
« Jean Dupont ? » « Huit lettres. » « Albert Durand ? » « Pas mieux. »
Heureusement, pour les plus nerveux, il y a le jeu en ligne, grande nouveauté de cette version 360. On pourra donc se mesurer à armes égales face à d’autres nullos comme nous. Ou perdre la face dans la dignité contre des dictionnaires sur pattes. En revanche pas de mode multi offline, même si le jeu de base ne se prette pas forcément aux joutes sur le même écran, l’autre pouvant voir quel mot fait son adversaire, mais un mode hot seat où chacun, l’un après l’autre, aurait eu un certain temps pour faire un mot, aurait été en revanche une manière intéressante de profiter des qualités du jeu entre amis matérialisés.
Reste que le online est tout aussi agréable à jouer que le solo, avec les options habituelles, que ce soit rejoindre une partie aléatoire (si besoin complétée par des I.A.) ou créer soit même une partie et attendre que d’autres joueurs vous rejoignent. C’est aussi là que l’on pourra choisir de jouer seulement avec ses amis du Xbox Live (si vous voulez me défier, les adversaires se faisant assez rares, ajoutez-donc lil MUX).
Yo ! Kasdédi à Francis Quarrel !
Vous l’aurez donc compris, Quarrel est une belle réussite, qui n’accède cependant pas au rang d’indispensable pour tous, ce qu’il touchait pourtant du doigt rien que pour son concept profond et bien pensé, la faute à une absence de mode multijoueurs offline, et forcément par le fait de n’être proposé qu’en anglais (compréhensible néanmoins vu le gros travail d’adaptation qu’il aurait fallu). Les anglophones qui ont un compte Gold s’en donneront donc à coeur joie, à moins que l’on se contente du jeu en solo quasi irréprochable pour peu qu’on ait les nerfs solides.