La série des Jagged Alliance date de 1994, elle fêtera donc dès bientôt ses 20 ans. Quel effet cela fait de se rappeler de la sortie de ce jeu ? On appelle cela un coup de vieux. Chez bitComposer on s’est donné comme objectif de restaurer le concept original et de le proposer aux nouvelles générations. Sauf qu’entre temps, ils ont oublié de le rajeunir…
Retour en temps réel
Jagged Alliance est basé sur l’idée que recruter des mercenaires pour mener à bien de sales missions que tous les agents secrets du monde refusent était quelque chose d’attirant pour le joueur. Mine de rien, cela à donné le droit à la série d’exister pendant une vingtaine d’années avec une dizaine de titres plus ou moins réussis à chaque fois. Back in Action est volontairement plus enthousiasmant parce qu’il se veut le digne successeur des originaux, tout en modernisant un peu la formule. Sauf qu’au bout de quelques heures de jeu, le verdict n’est clairement pas bon.
Après une cinématique un peu ringarde où un étrange homme vous donne rendez-vous, la nuit, sur un sinistre pont, pour vous remettre des informations capitales pour la survie de tout un peuple, vous commencez directement à recruter vos hommes. L’argent ne coule pas à flot et c’est donc sagement qu’il faudra choisir les moins chers, donc les moins compétents, pour commencer. On se lance alors une partie (après un petit saut dans le tutoriel pour savoir à quoi nous avons à faire) sans se douter qu’on va se retrouver nez à nez avec des erreurs de Game Design vieilles d’une vingtaine d’années.
À l’aide de votre curseur et de quelques raccourcis, vous pouvez donc sélectionner votre ou vos soldats. Vous pouvez même les regrouper en escouades même si cela est fortement inutile. À l’aide d’une caméra aérienne que vous pouvez rapprocher un peu, histoire de bien apercevoir la modélisation franchement décevante du monde qui vous entoure, vous devez donc infiltrer des bases ennemies, passer d’un objectif à l’autre sur la carte (fouillie), tout cela en temps réel. Autrefois en tour par tour, c’est à dire action par action (en alternants joueurs et ennemis), Jagged Alliance évolue ici en se proposant en temps réel. Cela nous donne une difficulté supplémentaire : on n’a jamais le temps de faire ce que l’on veut, comme on le souhaite.
Rajeunir pour mieux vieillir ?
En effet, même s’il est nécessaire de signaler la présence d’un bien sinistre et peu intéressant système d’ordres (qu’il est possible de synchroniser entre les soldats ou ne serait-ce que planifier sur une barre d’action), le reste du jeu est en temps réel. On peut faire des pauses, évidemment, mais le tour par tour manque cruellement. La raison du réel manque d’efficacité de cette nouveauté est principalement qu’en face, les ennemis possèdent la même intelligence artificielle qu’à l’époque (dans tous les sens du terme). C’est-à-dire que vous partez dans une bataille perpétuelle contre le hasard, ce que le « tour par tour » évitait forcément de faire puisque le joueur pouvait répondre aux actes ennemis à la fin de chaque attaque. Ici, vous entrez dans l’arène, vous vous faites repérer et c’est terminé.
Alors on exploite des bugs, on se cache sur les toits, derrière les maisons, on tente de faire le tour des ennemis pour leur tirer dessus plus efficacement. Cela devient ridicule si on y connait rien au jeu, puis à force on commence à prendre du skill, à tenter de tirer tout de même quelque chose de ce nouveau jeu dont on entend beaucoup parler ces dernières semaines et au final, il y a quand même de bonnes choses à en dire. Malgré tout.
L’humour ne le sauvera pas, mais tout de même…
En plus de bénéficier d’une bonne traduction française, ce qui n’est quand même pas encore souvent le cas pour tous les jeux et surtout pour ce genre peu vendeur, Jagged Alliance : Back in Action se permet aussi de proposer un univers amusant. Entre le doublage américain et ses nombreux accents hilarants, les remarques de vos soldats et le scénario qui en fait des tonnes, il y a quand même moyen de franchement se fendre la poire façon « film nanar » avec ce titre tout de même bien écrit.
Cela ne sauve pas le gameplay vieillot et sans aucune stratégie réellement passionnante, mais cela nous force malgré tout à continuer. C’est ainsi qu’au bout d’une petite heure, on découvre qu’on peut faire avec. C’est mauvais, c’est raté, mais il y a tellement peu de jeux du genre à se mettre sous la dent ces temps-ci que certains gros fans vont quand même trouver un moyen de s’amuser avec Jagged Alliance : Back in Action. Ils vont faire avec cette gestion des trajectoires complètement hallucinantes de bêtise, un système d’inventaire archaïque, une difficulté totalement aléatoire à chaque instant, mais du coup ils en auront pour leur argent. Car Jagged Alliance est doté d’une grande difficulté, de nombreux niveaux et donc, d’une bonne durée de vie. Enfin quelque chose de positif ! Reste que ce titre va complètement passer inaperçu, aussi triste que ce soit pour cette franchise qui mérite un Revival bien plus intéressant…