Il était une fois un développeur expérimenté, James Biddulph, lassé de produire des serious games pour différentes compagnies. Il décida alors de créer sa propre boîte, Jamo Games pour lancer son premier jeu. C’est ici que notre histoire commence, avec Amp, Watts & Circuit, un puzzle game mettant en scène trois robots doués de conscience, qui, las de travailler pour leur compagnie, décident de s’échapper…
Taylorisme et liberté version casu
Attention ce qui arrive est un pur spoiler… Trois robots, Amp, une éprouvette très rapide, Watts, une ampoule à la vitesse modérée et Circuit une grosse prise sur pattes, très lente, s’ennuient de leur travail répétitif, à la chaine. Ces trois machines, aux compétences complémentaires, affrontent alors tous les dangers des différents niveaux de la société Monocle Industries pour s’évader jusqu’à ce que James Biddulph présente comme l’ultime liberté: le jeu. En effet, nos trois anomalies robotiques finissent, dans le dernier monde, par jouer à Amp, Watts & Circuit, une jolie mise en abîme pour un propos classique, mais peu traité.
Ce scénario enrobe un puzzle game dont l’objectif est de placer les robots à des emplacements pré-déterminés. En vue quasi-isométrique, le joueur peut déplacer ses robots en cliquant sur l’avatar leur correspondant, en bas de l’écran, puis en cliquant à nouveau sur l’une des cases de la grille. Le robot se déplace alors, par le chemin le plus court, sur cette case. Si un obstacle est sur sa route, il meurt et le niveau doit être recommencé. Les trois machines doivent être placées sur des boutons, des prises ou des générateurs pour activer ou désactiver les différents dangers que présente le niveau.
L’essentiel du jeu tient donc dans des challenges de réflexion, peu complexes, relevant de l’ordre dans lequel les différentes actions doivent être accomplies. Watts et Circuit ont chacun une compétence particulière qui leur est propre. La compétence de Watts est antagoniste à d’autre et vient donc alimenter le gameplay d’un challenge salutaire. Au final, le gameplay de Amp, Watts & Circuit n’est pas révolutionnaire, mais est très bien pensé et fonctionne dans l’optique d’une expérience casual. Le système ne sert néanmoins pas le propos, légèrement traité par le background, trop peu présent, ce qui est plus que regrettable.
Le jeu comme émancipation? Pas si sûr…
Le jeu de Jamo Games propose cinquante niveaux répartis sur quatre mondes, chacun possédant ses singularités. L’ajout progressif de nouvelles mécaniques accompagne parfaitement la progression du joueur. À l’exception d’une mécanique qui ne nous est présentée qu’une seule fois et qui n’est, par la suite, jamais ré-exploitée, les autres se cumulent, se complètent et alimentent progressivement le challenge, moindre certes, mais tout de même croissant. La majorité des niveaux ne présente qu’une unique première action possible, nous guidant ainsi vers la solution. La résolution des énigmes serait unique, si quelques bugs (ou choix de design peu explicites ?) ne permettaient pas, par endroit, des passer sur les angles des cases. Chaque tableau demande au joueur de trouver la manière dont il doit être résolu. Cette prescription poussée à l’extrême se retrouve aussi au niveau macro.
En effet, le jeu impose que l’on finisse un niveau pour accéder au suivant. Il serait appréciable que ce type de progression, qui faisait loi dans les années 90, soit remplacé un déblocage plus moderne, par score ou par point. Si le déroulement du scénario ne permet pas ce genre d’approche, l’évolution globale de la partie en pâtit gravement. Ceci peut en partie expliquer la trop grande facilité du jeu. Finalement, à être aussi prescriptif, on en vient à douter que jouer à Amp, Watts & Circuit soit réellement une forme d’émancipation…. À ce caractère trop prescriptif viennent s’ajouter quelques bugs quant aux retours du système et concernant le pathfinding. Effectivement, ces robots en ont marre de travailler, même pour notre compte ! Ces erreurs restent toutefois anecdotiques et n’empêcheront pas les joueurs acharnés de finir l’aventure.
Une ambiance légère, à l’image du gameplay
L’ambiance graphique et sonore posée par Amp, Watts & Circuit est très légère et douce. La palette globale pastel et les formes rondes et simples sont cohérentes avec l’expérience de puzzle game casual proposée. L’un des mondes présente une gamme plus sombre, mais reste toutefois dans la simplicité générale. La mélodie électronique est, elle aussi, légère et dynamique. Elle est adaptée à l’esthétique graphique du monde auquel elle appartient. Chaque monde possède une musique unique, se répétant à chaque niveau. Cette répétition bouclée dessert l’expérience musicale et pousse à couper le son au bout de quelques tableaux d’un même niveau effectués. De nombreux bugs graphiques sont présents, notamment concernant l’apparition des robots devant des éléments du décors censés être placés au premier plan. Si ces bugs n’entravent pas le bon déroulement du jeu, ils marquent néanmoins, à l’image de ceux relatifs au pathfinding et aux colliders, un manque de polish final. Finalement les challenges peu complexes, la progression accompagnée du joueur, l’interaction tout-à-lasouris et la direction artistique signent un jeu très casual, parfait pour des fans de puzzle game qui recherchent une expérience légère… à consommer comme un junk game.