Neverdead

Un jeu à en perdre la tête, les bras m’en tombent, réservé aux membres, qui a la tête sur les épaules. Voilà, toutes les blagues sont faites, maintenant remercions juste Gamoniac pour leur location de jeu vidéo bien pratique pour vous proposer ces quelques tests de « gros jeux originaux » et passons aux choses sérieuses, sans blagues vaseuses à l’intérieur.

Immortel, même décapité

Quel sort incroyable pour le chasseur de démon Bryce Boltzmann ! Astaroth le roi des démons l’a condamné à l’immortalité. Rien ne peut l’atteindre depuis sa plus grande défaite face au géant démoniaque et dont les tenants et aboutissants ne nous sont pas révélés en début de partie. Tout est à découvrir avec des flashbacks du passé de Bryce, lorsqu’il était encore un joli minois avec une grosse épée et une gouaille typique du héros prétentieux, mais sincère. Mais le coeur du jeu se déroule pourtant en notre temps…

Bryce est resté, au 21e siècle, un chasseur de démons à ses heures perdues. Le reste du temps, il le passe avec une bonne bouteille, de quoi fumer et entretenir un ennui paradoxalement mortel. Mais il a changé : moins charismatique, beaucoup plus bourru, sans aucune motivation autre que de rester tranquille et bien au chaud dans sa piaule de dépressif, Bryce n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce qui n’empêche pas la belle Arcadia, du gouvernement, de venir se payer les services de l’immortel pour des situations trop paranormales pour les forces de défense classiques.

Ajoutez à ce scénario la réapparition d’Astaroth à notre époque, une chanteuse-pop qui semble être étrangement la cible de ces créatures démoniaques semant le chaos en ville puis un petit grain de folie pour obtenir l’un des jeux les plus originaux qui nous avaient été donnés de voir chez Konami depuis longtemps. Au final, on tombe quand même de très haut…

Gameplay démoniaque

Se jouant à la troisième personne, Neverdead met donc en scène Bryce avec deux possibilités de combat : les armes à feu et le sabre. L’un est totalement imprécis avec un énorme réticule au milieu de l’écran et l’autre propose de taillader l’ennemi d’une façon dix fois plus efficace. Par contre, il faut savoir maitriser la caméra : celle-ci se fixe sur un ennemi en particulier, Bryce découpe alors tout ce qui se trouve devant lui. Impossible d’avoir une liberté totale dans les mouvements puisque tout se fait « en ligne droite » avec des animations très scriptées et un manque de souplesse comme seuls les Japonais savent en proposer d’aussi horribles. On se rapproche, pour les connaisseurs, du gameplay du portage américain de Dirge of Cerberus sur PlayStation 2, la rapidité d’action en moins.

Tout au long de la dizaine de longs niveaux proposés par le jeu, vous allez passer d’un parc à un commissariat, continuerez par une petite excursion dans les égouts, tout cela découpé par quelques flashbacks trop rapides pour ne pas sentir le « scénario facile » à plein nez. Vous devrez protéger vos amies (votre collègue inutile et l’insupportable chanteuse) et donc terrasser vague d’ennemis sur vague d’ennemis avec quelques liens scénaristiques entre chaque pour donner un semblant de construction au récit. Sincèrement, c’est rapidement répétitif.

On avance, on découpe, on tire un peu sur les ennemis au loin ou qui explosent une fois vaincus. On s’éloigne puis entre temps, c’est là qu’entre en scène la belle idée du jeu, on éparpille nos membres un peu partout dans le niveau, façon puzzle. Bryce est en effet plus que fragile puisqu’au moindre choc avec les ennemis, il perd un bras, une jambe, sa tête et même plusieurs membres à la fois. Le jeu propose alors une gestion de ce « corps destructible  » particulièrement amusant puisqu’unijambiste, Bryce va sautiller, comme il ne pourra plus se servir de son épée s’il perd son bras droit. Tout est bien pensé, jusqu’au fait de perdre tout son corps s’étalant alors lamentablement au sol lorsque vous perdez votre tête. Vous ne contrôlez alors plus que cette boule chevelue dans le but de retrouver votre corps et de vous y regreffer. C’est original et très drôle… les trois premières fois.

La pire idée de gameplay du monde ?

Non content de proposer un gameplay vieillot, lent, sans aucune saveur, Neverdead propose en effet l’une des pires idées qu’il m’ait été donné de voir dans un jeu d’action à la troisième personne. Le démembrement est rapidement insupportable puisque chaque membre que vous perdez est à retrouver dans un niveau truffé d’emplacement buggé.

Il suffit que votre bras soit derrière un objet indéplaçable (sans raison autre qu’un level design très limité) pour que vous soyez obligé de laisser longtemps appuyé le stick gauche vous permettant de vous « reconstruire » rapidement. En gros, on passe son temps à exploser, à se reformer, puis à recommencer jusqu’à ce qu’on at réussi à détruire tous les ennemis d’une zone.

Seuls les quelques boss, simples mais sympatiques avec de bonnes idées de gameplay (lancer son bras dans le ventre pour tirer à l’intérieur, par exemple) semblent réellement tirer parti du concept original. Aussi, il faut avouer que les nombreuses pièces à collectionner disséminées tout au long des niveaux permettent d’acheter des améliorations qui permettent aux armes à feu de radicalement gagner en efficacité. Ces améliorations sont à placer dans des « slots » limités, un peu comme ce qui se faisait dans le premier Kingdom Hearts . Vous l’aurez compris, les références pour ce jeu de Rebellion (un studio anglais) sont très japonaises !

Résultat, Neverdead est on ne peut plus classique et sans saveur. Rapidement ennuyant, franchement frustrant, il manque totalement de séduire avec son idée de base pourtant attrayante, mais qui ne trouvera jamais sa place dans ce shoot beaucoup trop rigide pour être sympathique à jouer. Ajoutez à cela des ennemis qui aspirent votre tête toutes les cinq minutes pour vous rappeler que l’immortalité du héros est totalement faussée et vous aurez le droit à un bête shoot quelconque au cahier des charges totalement pris de travers et au final, qui vient prouver qu’importe l’originalité de l’idée, c’est la façon dont celle-ci est construite qui prédomine.

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