Voici l’exemple typique de jeu que je voudrais défendre, mais pour lequel cela va être bien compliqué. Nous avons attendu qu’il soit mis à jour, corrigé de quelques vilains bugs, pour en parler objectivement. Et même ainsi, franchement, il me fait de la peine…
Profondément décevant
Tout commence avec une histoire qu’on ne comprend pas. Des multinationales et autres organisations terroristes ou non, se font la guerre dans un endroit plein d’eau qui prête forcément bien son décor au titre et au concept du jeu. Vous devez empêcher des méchants d’atteindre leur but ultime, qu’on ne connait pas vraiment finalement. Surtout, vous devez avancer tout droit, tuer tout le monde, appuyer sur des boutons.
En soi, cela est clairement la définition d’un jeu à la troisième personne. Même dans un Mass Effect (et c’est bien ce que les fans de la saga lui reprochent), les missions hors dialogues se résument à aller d’un point A à un point B en tuant tout ce qui bouge. C’est ici la même chose dans Deep Black Reloaded, à ceci près que la prise en main est un poil plus bancale est délicate. Déjà parce que la caméra est un peu flottante, très énervante à apprécier, mais aussi parce que la visée nécessite pas mal de passage dans les options pour pouvoir éviter au joueur une crise de nerfs sur la rapidité du ciblage, d’un manque de précision effarant. On corrige cela, on revient dans le jeu, tout cela pour se rendre compte que c’est aussi du côté des ennemis qu’il y a un problème.
Passons sur le fait très énervant qu’ils peuvent « surfer » très rapidement vers vous, avec une animation de course réussie, mais aux pas bien trop larges pour être réalistes, afin de parler clairement des couvertures proposées. Le héros se cache, comme dans tous les jeux du genre actuellement prolifique, derrière des plaques de pierre dont on se demande bien la raison de leur présence sur le terrain ! Le problème c’est que dans Deep Black Reloaded, elles ne protègent pas de grand chose. La plupart des tirs ennemis semblent traverser la pierre et vous toucher. Un comble !
De belles idées, pourtant…
On ne peut pas se cacher en faisant confiance au jeu pour être réaliste, ni même tenter une approche plus douce puisque les ennemis vous voient à dix kilomètres. C’est effarant de vieillot et de manque d’intérêt puisque le jeu se transforme rapidement en du tir au pigeon avec un facteur chance très énervant. Vais-je tomber sur un bug qui va me plomber ma partie ? Croisons les doigts ! Tout cela pour au final ne viser que des têtes (une balle dans la caboche et c’est la fin, alors qu’il faut un chargeur pour tuer un ennemi qui vous charge façon Kamikaze avec sa petite tenue de plongée).
Il y a pourtant cette idée géniale, faisant tout l’intérêt du jeu (et lui donnant presque son titre, en tous les cas son visuel de jaquette) : la possibilité de se battre dans l’eau. Alors là, vous allez vite tomber de haut. Entre les phases classiques sur des plateformes qui se suivent et se ressemblent, vous aurez donc le droit de patauger dans l’eau. Avec des mouvements très bien réalisés, vous pourrez attraper les ennemis à la « surface » avec votre grappin et les frapper automatiquement sous l’eau avant qu’ils ne se noient dans une petite vocalise à mourir de rire (ils crient dans l’eau, de vive voie, avant de « glouglouter » comme s’ils venaient de se rendre compte qu’ils étaient submergés).
Le reste de vos passages sous l’eau se résument à déceler des monstres, à appuyer frénétiquement sur une touche pour réussir le QTE et l’achever, puis à éviter/détruire les mines alentour. C’est tout. C’est peu, pour un jeu qui met ces scènes sous-marines bien en avant dans son communiqué de presse, non ?
Pourquoi vouloir jouer dans la cour des grands ?
On ne le dira jamais assez : si vous n’avez pas les reins assez solides pour assumer une « grosse production », n’en faites pas une ! Pourquoi ne pas s’être contenté d’un simple jeu pétaradant à la troisième personne, avec une bonne finition globale ? Pouquoi vouloir absolument tout y mettre, au risque de tout finir à moitié ? Résultat : Deep Black Reloaded sent, à tous les niveaux, le potentiel grand jeu qu’il aurait pu être, la belle surprise annoncée, mais est au final un pétard plus que mouillé. Il est ridicule, au plus haut point.
Alors, il est très jouable, là n’est pas le problème. On s’y amuse même quelquefois puisque finalement, le jeu à la troisième personne et le fait de tuer du méchant à la chaîne reste l’exercice bête et sympa le plus pratiqué dans le monde du jeu vidéo. Mais jamais Deep Black Reloaded ne va se sortir les doigts du cahier des charges et tenter l’impossible : nous étonner. Du coup, c’est un fait, même avec une multiple correction de bugs : c’est un jeu raté, aussi triste que ce soit à préciser.