Sorti auparavant sur PsVita et désormais disponible sur Steam, le jeu du groupe indépendant DrinkBox Studios (en cours de réalisation du très prometteur Guacamelee) ne devrait clairement pas passer inaperçu…
Earth Attack !
La terre est malencontreusement attaquée par une bande plutôt gonflée de Blobs extraterrestre. Son leader (vous) est bien décidé à dévorer la planète entière, par pur plaisir de vengeance face aux expérimentations faites sur sa petite personne pleine de gelée. C’est ainsi que commence la grande épopée qui glisse, qui roule, qui rampe et qui avale, d’un Blob au régime alimentaire plutôt étonnant et à l’appétit énorme. C’est ce que nous raconte cette « histoire de l’espace » dans un pur style tiré des années 50 et de ces nouvelles et comics, oh combien adorées aujourd’hui, où l’imagination des auteurs débordait dans tous les sens.
Entièrement réalisé en 2D, Mutant Blobs Attack propose tout d’abord un jeu de plateforme absolument sublime visuellement. Les animations sont réussies, mais surtout, l’atmosphère y est particulièrement soignée. Avec un filtre un peu sale sur les bords d’un vieil écran de télévision, le jeu nous happe facilement dans son univers et la parodie, de tous les instants, nous force à rester coute que coute. Mutant Blobs Attack est clairement de ces jeux assez prenants, qu’on termine en une ou deux sessions tout au plus.
Déjà parce qu’il propose des cinématiques très amusantes, avec des faciès d’humain tous plus horribles les uns que les autres : pendant ce temps, notre Blob aux airs méchants est adorable et permet à n’importe qui, même les plus prudes, d’aimer faire le mal dans ce Tales From Space proposant un objectif bien différent des sempiternelles princesses à sauver. Néanmoins, ici, pas de psychologie, aucune critique violente de la société, pas vraiment de message caché : juste un jeu ou un Blob veut dévorer un maximum de choses pour grossir, toujours plus… Mais jusque ou ?
Un millier de références sont disposées dans les différents niveaux du jeu, qui se déroule par ailleurs dans « SteamVille ». Tout le monde y passe : Phil Fish en magasin de poisson, des parodies de Portal 2, de Aaaaaaahhhh, de Vessel, de Sword & Sworcery, j’en passe et des encore plus drôles. Cet aspect « communauté indé » du jeu est absolument génial à découvrir, surtout que lorsqu’on pense les avoir tous vus… on en trouve d’autres. Cela contribue aussi fortement à accrocher le joueur (surtout le passionné) devant son écran.
Un Gameplay ? DES gameplays !
Je vous l’ai déjà dit, on commence le jeu dans un simple principe de plateforme. On saute, mais on peut aussi avaler certains objets. Au bout d’un certain temps, notre Blob grossis et peut donc dévorer davantage de choses autrefois inaccessibles (oui, cela est très inspiré de Katamari Damacy). Il faut alors trouver le « bouchon de liège » bloquant l’accès à la suite du niveau, le dévorer et parcourir les conduits séparant les zones. Le level-design est très inspiré, nous y reviendrons, mais il n’a aucune « logique » humaine. Comme tout le jeu, très parodique rappelons-le, il ne faut pas s’attendre à y découvrir une évolution réaliste de notre Blob et de son univers.
On dévore des choses toujours plus grosses, on accède à des plateformes autrefois inaccessibles, tout cela pour se nourrir encore et encore, puis atteindre la fin du niveau. Entre-temps, on découvre de nouvelles idées de jeu : des lasers à éviter, des rebonds sur les murs comme dans tout bon plateformer qui se respecte, mais aussi des objets à bouger… à la souris. Si vous jouez au clavier, cela ne vous choquera pas davantage, mais par contre, si vous êtes un accro du Pad, cela risque clairement de vous étonner. Lors de ces phases de jeu, il vous faudra bouger votre personnage d’une main avec le stick analogique de votre manette, puis cliquer gauche pour activer l’objet en question et mouvoir votre souris pour le déplacer. Le clic droit servant, très intelligemment, à faire sauter votre Blob en remplacement de votre bouton habituel, ici assez peu accessible. Si ce gameplay est clairement une solution de secours pour combler l’absence des solutions tactiles de la PSVita, il n’empêche qu’il est très efficace moyennant un petit temps d’adaptation. Du coup, cela donne clairement une belle originalité au titre.
Pas le temps de s’ennuyer dans Mutant Blobs Attack : les développeurs ne veulent clairement pas que l’action soit répétitive et pour corriger cela, ils nous proposent d’autres phases de jeu amusantes. Déjà, par moment, les niveaux pourront être traversées sous la forme d’un Blob « fusée » : vous avez la possibilité de voler façon Jetpack, avec un moyen de « booster » votre personnage pour aller plus vite, mais perdre radicalement en précision dans vos mouvements. Aussi, autre belle idée : des tuyaux aimantés vous permettent de coller à ces plateformes de fortune ou bien, histoire de corser la chose, de vous en « éloigner » par la force de la gravité. Le jeu se fera évidemment un plaisir de jouer avec cette idée de gameplay, jusqu’à proposer des passages plus qu’ardus où la moindre erreur de bouton vous sera fatale. Cependant, n’allez pas croire que le jeu est difficile…
4 heures de jeu sans gros défi…
Pour augmenter quelque peu la durée de vie, des niveaux « bonus » proposent un style rétro, une vue aérienne et de gros pixels entourés d’une parodie de la bonne vieille Game Boy Advance. Le gameplay est simple : il faut rouler pour dévorer tout ce qui bouge et grossir jusqu’à pouvoir accéder à la fin du niveau. C’est très amusant, mais aussi très court, comme le reste du jeu par ailleurs.
C’est le gros problème de ce jeu loufoque et adorable : il ne dure pas longtemps. Quatre heures de jeu pour le finir une fois, deux petites heures de plus pour trouver tous les Blobs cachés dans les niveaux et obtenir un maximum de bons scores, voilà ce qui vous attend. Et surtout, c’est très facile. Il y a des checkpoints partout, au début de chaque passage un peu compliqué, ce qui empêche toute frustration et donc, toute pression. C’est réellement dommage, mais en soi, cela ajoute aussi un potentiel « très grand public » assez sympathique. Cela reste un réel problème, mais beaucoup feront avec. Surtout qu’on ne s’en lasse pas une seule seconde, que le level design est réellement inventif (à défaut d’être complexe, donc). Cet ersatz de Katamari Damacy en 2D propose de réels grands moments de fun : passer d’une simple chambre au cosmos en moins d’une trentaine de niveaux est jouissif, surtout lorsqu’on nous propose de revenir sur nos pas pour dévorer ce qui nous faisait obstacle auparavant. Ce n’est pas nouveau, mais c’est toujours aussi efficace.