Lovecraft. Une référence pour de nombreux passionnés d’ésotérisme, de mystère, de glauque et d’univers malsains. Les développeurs de ce nouveau plateformer aussi très orienté action ne cachent pas leur amour pour le maitre du genre et s’en servent à outrance, pour le meilleur.
Pixels sanglants
Une petite fille fait un jour une découverte particulièrement étrange dans son manoir gigantesque : un livre, rougeoyant, qui n’est autre qu’une porte vers un monde démoniaque ou notre héroïne voit ses bras se transformer en véritables mandibules déchireuses de chair. Celles des ennemis, de préférences, qui sont nombreux jusqu’à la porte permettant de revenir à la réalité. C’est ainsi qu’on se plonge dans l’ambiance de They Bleed Pixels : par un scénario sombre et une esthétique glauque malgré ses très nombreux pixels assumés.
Chaque niveau est composé de plusieurs chapitres, comme dans le livre qui fait office de passerelle entre les mondes. Pour revenir à la réalité, se réveiller du cauchemar, il faut enchainer les bons sauts, les bonnes tueries et atteindre les différentes portes de fin de niveau. Pour ce faire, vous possédez un double saut comme seul moyen de déplacement original. Même chose point de vue combat : un seul bouton est necessaire pour se battre, tout dépend de comment on s’en sert. Si vous frappez vers l’avant, vous tranchez votre cible. Si vous appuyez sur le bouton sans avancer votre personnage, alors vous l’envoyez en l’air : une bonne opportunité de s’élancer aussi puis d’enchainer les coups aériens pour augmenter la jauge de combo. On peut aussi frapper les ennemis pour les propulser vers l’avant, sur les différents piques et pièges du niveau, histoire de s’en débarrasser avec classe.
Chaque ennemi tué amène des orbes violets qui remplissent une jauge spéciale. Celle-ci peut aussi être alimentée par certains artefacts à collecter tout au long du niveau. Une fois pleine, elle laisse apparaitre un rayonnement violet autour du personnage : dès que vous vous poserez, que vous stopperez les mouvements de votre héroïne, celle-ci tentera alors de valider un Checkpoint. C’est votre seul moyen de ne pas recommencer le niveau du début, mais c’est aussi la plus belle (et fourbe) idée du jeu. Vous posez vos checkpoint ou vous voulez, pourvu que ce soit sur un rayon vide de tout ennemi ou piège. Impossible de sauvegarder en plein danger, mais surtout : si vous tracez, que vous ne collectez rien, que vous n’affrontez personne, alors vous n’aurez aucun moyen de sauvegarder votre progression avant de terminer le niveau en une seule vie. Dur !
Un univers glauque à souhait…
On ne peut pas dire qu’on se sente bien dans l’ambiance de They Bleed Pixels, néanmoins le jeu possède une véritable aura. Un peu de Super Meat Boy par-ci, beaucoup de jeu d’action 8bits par là, tout est au rendez-vous pour plaire aux nostalgiques. La possibilité de lancer des combos furieux, en balançant vos ennemis en l’air, sur les pièges, en les rattrapant au vol, bref, en jouant avec eux, n’est pas non plus involontairement destinée aux puristes.
Les amateurs de vrais défis apprécieront énormément. Surtout que point de vue difficulté, vous allez en avoir pour votre argent ! On recommence instantanément à chaque vie perdue et fort heureusement, il n’y a aucun décompte fatal avant le Game Over. Des vies, vous allez en perdre énormément.
C’est pourquoi les classements mondiaux et les notes de fin de niveau sont des idées si importantes dans ce genre de jeu : cela donne envie de se dépasser, de faire toujours mieux et cela augmente intelligemment et honnêtement une durée de vie finalement pas si lourde (environ trois ou quatres heures pour terminer une fois l’histoire principale si vous êtes un alien du Pad). Aussi, il est question de récupérer plusieurs livres spéciaux dans chaque niveau, histoire de corser le challenge et de devoir affronter un Level-Design encore plus tordu qu’habituellement. Clairement, c’est ce level-design particulièrement inventif et cruel qui fait toute la différence et rend They Bleed Pixels réellement percutant.
Deux niveaux « bonus » sont aussi à débloquer, en plus d’artworks et de très nombreux succès : un niveau dédié à Sissy’s Magical Ponycorn Adventure et un autre à Starfall/Seraph. Ces deux niveaux sont totalement différents visuellement et musicalement et sauront toucher les amateurs des projets originaux, qui ne sont pas passés inaperçus dans le coeur des joueurs cette dernière année indépendante. D’autres niveaux sont supputés pour très bientôt, gratuitement à en croire le site officiel.
Conclusion saignante
Avec son gameplay amusant avec un seul bouton d’action violente et son level-design de qualité, They Bleed Pixels a tout pour plaire. Pourtant, il est atteint du syndrome si habituel de la lassitude et de la répétitivité. Les vidéos, qui elles aussi se répètent volontairement pour un effet de gag sympathique, forcent ce trait et rendent les parties très succinctes. Ce jeu est clairement à conseiller à ceux qui font de petites sessions, qui en termineront un ou deux niveaux à chaque fois, sans en faire davantage. Car a moins d’accrocher énormément au titre, d’une façon si enthousiasmée qu’on y perd toute raison, il va être bien difficile de ne pas trouver le jeu un peu monotone au bout d’un moment.
Si le feeling passe, aucun problème. Sinon, il vaut mieux temporiser ses parties. Surtout, on nous demande de toujours faire la même chose et si quelques nouveaux ennemis viennent changer la donne avec des déplacements originaux et des pièges plus complexes à gérer, il n’empêche que le but est toujours le même et la progression, très laborieuse pour qui n’aime pas répéter les mêmes actions inlassablement. Vous voilà prévenus ! Quoi qu’il en soit, They Bleed Pixels est très sympathique, plein de bonnes idées, brillant du point de vue de la construction des niveaux et surtout, il propose un fond gore et glauque particulièrement saisissant. Si vous aimez le genre, les pixels et les univers décalés, ce jeu est pour vous.