N’ayant rien à voir avec le livre du même nom, ce testament signé Frogwares revient sur toute une série de jeux Sherlock Holmes pour la bousculer scénaristiquement. Avec beaucoup d’imagination !
Élémentaire, mon cher Frogwares
Imaginez : Sherlock Holmes commence méchamment à dériver vers des pulsions inquiétantes. Même Watson s’inquiète lorsqu’il le voit disparaitre certains soirs, utiliser le chantage pour arriver à ses fins voir même à détruire quelques éléments de l’enquête sans une once de culpabilité. Sherlock Holmes aurait-il définitivement troqué sa pipe contre un regard noir de tueur malsain ? Dans la ville de Londres, en tous les cas, on n’a jamais eu autant besoin du détective de Baker Street. Surtout lorsque d’étranges crimes ont lieu, barbares et sanglants. Comment démêler le faux du vrai dans toutes ces histoires qui s’emmêlent ? C’est ce que vous proposent de mettre au clair les développeurs de chez Frogwares, attachés au détective anglais depuis bien longtemps maintenant…
Trois caméras sont proposées pour, entre autres, offrir des contrôles agréables aux versions « consoles » du jeu : pour commencer, un aspect poin’t & click avec un personnage qui bouge au moindre de vos clics. On découvre ensuite le mode « troisième personne » permettant de contrôler le détective, Watson voir un troisième personnage mystère qui a du chien, comme dans un jeu moderne. Enfin, la vue « FPS », très pratique et immersive, mélange habilement la découverte de décors, la fouille facile et l’aspect « jeu d’aventure à l’ancienne » sans les écrans fixes obligatoires. Il est possible de passer de l’une à l’autre des vues, d’un clic ou d’une pression sur la bonne touche. Très pratiques, surtout pour les divers moments de fouille des environnements, ces caméras permettent surtout à chaque joueur de s’y retrouver au mieux.
Ce qui fait extrêmement plaisir dès le lancement du jeu, c’est le nouveau moteur visuel (nouveau face à celui utilisé dans les précédentes aventures du même développeur). Il y a encore énormément de travail à faire, surtout au niveau des animations : Sherlock fait apparaître et disparaître des objets dans ses mains comme bon lui semble, certaines animations sont vraiment très vilaines et manquent totalement de logique visuelle, par contre pour ce qui est du moteur graphique on a de quoi être surpris. Les environnements extérieurs, surtout, sont assez sublimes. Seuls quelques faciès mal exprimés viennent nous rappeler que Frogwares n’est pas nécessairement reconnu pour ses prouesses graphiques. On s’en fiche : l’ambiance se pose vite et est complètement envoûtante. Le vieux Londres est passionnant à découvrir sous cette nouvelle forme.
Construction simplifiée…
Le Testament de Sherlock Holmes se construit d’une façon beaucoup plus simple que la plupart des jeux d’aventures du genre. Entre deux scènes de dialogues sans choix de discussions (ou si peu !), très succinctes par ailleurs, vous devez fouiller tous les environnements proposés afin de débloquer des situations et la possibilité d’accéder à quelques énigmes. Celles-ci sont toutes basées sur des casse-tête ou des puzzles déjà existants, mais souvent bien pensés. Sans réelle augmentation logique de la difficulté, ces énigmes peuvent d’une à l’autre totalement bloquer le joueur ou au contraire lui sembler évidentes. C’est non seulement une question de feeling, de méninges, mais aussi de hasard vu la disposition de toutes ces épreuves dans la trame scénaristique proposée. Crocheter une serrure sera d’une simplicité sans nom alors que reproduire le plan de classe d’une école de primaire vous prendre une bonne dizaine de minutes au minimum.
On reconnait aisément que le jeu est malgré tout excessivement simplifié et clairement orienté « grand public ». Il n’y a qu’à voir cette étrange possibilité d’activer un sixième sens permettant de faire apparaître tous les points importants des environnements pendant quelques secondes à l’écran. En plus de mâcher le travail des chercheurs en herbe, cette possibilité s’ajoute à celle de pouvoir passer directement les puzzles une fois qu’on a atteint un certain nombre de tentatives. Un peu frustrant, surtout pour ceux qui se savent tentés par ce genre de facilités. Être bloqué dans un jeu n’est pas bien amusant, mais se voir guidé et tenir par la main tout du long ne plaira pas non plus à certains. Un juste-milieu aurait été plus intéressant, plutôt qu’un tel parti pris.
L’art de ne pas bouder son plaisir…
Reste que d’un point de vue du récit, on a toutes les raisons de se passionner pour ce Testament de Sherlock Holmes réellement prenant. L’atmosphère violente et sombre du Londres crasseux qu’on peine à retrouver dans quelque oeuvre que ce soit, qu’importe son support, est un véritable bonheur à découvrir.
L’univers de Sir Arthur Conan Doyle n’est clairement pas bafoué malgré le fait qu’il soit légèrement malmené lors de certaines discussions et que justement, le jeu et ses développeurs tentent de faire un peu évoluer la mise en avant de de la personnalité de Sherlock Holmes. Au final, ce « Testament » est surtout un joli titre accrocheur et n’a rien d’une fatalité, mais il incite facilement le joueur à ne jamais lâcher l’aventure avant la fin.
Est-il à conseiller ? Clairement, surtout si vous aimez le genre. Même trop facile, même un peu répétitif, même animé avec les pieds dans certaines scènes, ce Testament de Sherlock Holmes est un très bon récit interactif mené d’une main de maître par des développeurs qui commencent clairement à s’installer confortablement dans la peau de l’auteur original. Ils ont réalisé tellement de jeux Sherlock Holmes qui en deviennent de véritables auteurs d’histoires improbables sur le papier, mais passionnantes une fois jouées. Il y a des imperfections, mais c’est une réussite indéniable malgré tout, et ce, surtout pour les amateurs des nouvelles et romans originaux.