Attendu, teasé avec des screens de folie et garant d’un retour à la 2D d’exception, c’est un euphémisme de dire que le jeu d’Arkedo était attendu au tournant de sa scie circulaire. Le lapin mort accouche d’un jeu bien vivant… Mais fera t’il l’unanimité ?
Magnifiquement gore et référencé
Ash est un lapin. Il est mort. Alors qu’il prend le temps de savourer sa non-vie dans son bain, un individu prend des photos de lui et de son canard en plastique favoris, puis les publie sur le HellNet. Ash crie vengeance et pour cela, il s’arme d’une énorme scie circulaire et de pétoires biens violents pour faire le ménage en enfer et faire payer tous ceux qui ont osé lui mettre la honte façon Kate Middleton. Le scénario est décalé, mais rassurez-vous, le jeu l’est encore plus.
Hell Yeah est un jeu de plateforme très traditionnel dans la forme, couplé à du bourrin à foison. Digne d’un Contra dans son concept, le jeu d’Arkedo met tout de suite le joueur dans l’ambiance : des références à foison, qu’elles soit sur du jeu vidéo, de la série télévisée ou tout simplement contemporaines, sont à dénicher tout au long de la progression. Même lors des chargements, un peu long par ailleurs, il y a de petites phrases très drôles à découvrir. Vous mettez la pause ? Un message vous demande si vous vous êtes bien lavé les mains. Bref, de l’humour, il y en a partout. De plus, visuellement, Arkedo reste fidèle à lui-même : c’est sublime, de bout en bout, en une 2D absolument ravissante et très lisse, en haute résolution. Mais le meilleur provient surtout de la direction artistique incroyable qui nous fait bénéficier de la découverte de plus d’une centaine de personnages franchement originaux et hilarants.
Le gameplay est assez original au premier abord : vous pouvez « voler » façon jetpack en temps limité avec votre scie circulaire. Celle-ci peut aussi creuser dans le lard des ennemis (avant que vous n’obteniez vos armes à feu) et vous frayer un chemin dans la roche la plus sensible de certains coins des niveaux, façon Dig Dug. Une fois les armes obtenues, vous visez avec le stick analogique droit et tirez à la gâchette : classique. Mais aussi sympathique qu’il soit, il ne tient malheureusement et rapidement pas la route…
Gameplay bancal au rendez-vous !
En plus d’être excessivement bourrin, peu précis et sans grande stratégie, le gameplay de Hell Yeah manque réellement de confort dans sa prise en main. Par exemple : il est possible de sauter à l’aide d’un bouton, mais imaginez ce que vous devez faire comme souplesse de l’index lorsque vous voulez sauter tout en tirant en direction d’un ennemi ? Avec le stick analogique, la gâchette et ce même bouton dans la même main, les directions de l’autre, vous aurez vite fait d’oublier cette stratégie et de vous prendre quelques débats sans esquiver le moins du monde. En même temps, cela fonctionne…
Si vous êtes battus, que votre vie retombe à zéro, vous serez téléporté au dernier checkpoint activé. Ceux-ci sont par ailleurs assez mal placés dans les niveaux puisqu’il arrive qu’on en passe deux sans problème et qu’ensuite, une grande zone assez difficile fasse désirer son checkpoint. C’est peut-être dans une optique de défi, de « zone de difficulté », que les développeurs ont choisi de faire cela ainsi. Néanmoins, c’est assez frustrant ! Sans parler de cette idée pas bête, mais elle aussi bancale, de faire réapparaitre notre lapin mort avec peu de vie et sans munitions. A certains moments du jeu, cela va réellement vous casser les pieds.
Alors attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Hell Yeah est loin d’être raté point de vue gameplay et ce n’est pas parce que j’en énumère tous les défauts qu’il est à mettre tout de suite à la poubelle. Surement pas ! À côté de cela, vous avez quand même le droit à un gros défouloir bien violent, au sang giclant à tous les instants et à l’humour décapant. Les armes sont aussi assez variées, allant du simple pistolet à la gatling en passant par le lance-flammes et les grenades salvatrices : vous pouvez en acheter de nouvelles (si vous ne les débloquez pas au fur et à mesure de la progression dans l’histoire) et les améliorer ensuite moyennant de l’argent que vous trouvez en fouillant les niveaux de fond en comble. Des machines à sous sont aussi au rendez-vous, histoire de vous rendre accro et vous faire gagner quelques dollars utiles.
Attrapez-les tous ?
Pour sa recherche du photographe coupable de cet attentat à la pudeur absolument révoltant (surtout pour les canards en plastique), Ash va devoir tuer 101 ennemis uniques au nom toujours savoureux de non-sens. Les références sont là aussi nombreuses, mais surtout, chacun de ces ennemis possède sa propre barre de vie et devra être vaincu via un ersatz de « Finish Him ! » de Mortal Kombat combiné aux mini-jeux d’un Wario Ware. Plusieurs petits jeux, allant du simple matraquage de bouton à la conduite d’un véhicule en 2D, ou bien de la suite de boutons à appuyer à l’ocarina (!) à la question à choix multiple complètement débile, vous seront proposé pour en finir avec l’ennemi.
Comme le reste du jeu, cette idée est hilarante… Mais vite répétitive. On touche là au plus gros défaut de Hell Yeah : il ne se renouvèle que trop rarement. Si ce n’est avec une phase en vaisseau plutôt amusante et bien conçue, le jeu propose encore et toujours la même rengaine. Le problème vient surtout du manque d’originalité dans le gameplay et même si on vous propose des « figures » destructrices par la suite, à effectuer surtout dans certaines zones de missions vous rapportant de l’argent, cela ne permet en rien au jeu de proposer une prise en main originale et vraiment motivante. Ajoutez à cela des mini-jeux dont on fait très vite le tour, chaque ennemi n’ayant pas son « propre » mini-jeux attitré et vous aurez vite conscience des problèmes qui font de ce Hell Yeah un jeu très sympathique, qui vaut vraiment ses 10 €, mais qui n’est pas non plus d’une excellence folle.
L’ile mystérieuse…
Autre aspect du jeu dont on fait vite le tour et qui manque clairement d’implication : l’ile. Cet endroit n’est autre que le purgatoire où devront se rendre tous les monstres « à collectionner » que vous affronterez et battrez tout au long du jeu. Vous allez pouvoir leur donner du travail et ils débloqueront des cadeaux et des améliorations pour vous. Quelquefois, ils tombent malades, il faut alors s’en occuper. Le problème c’est que l’île est totalement séparée du jeu principal et qu’il faut systématiquement revenir au menu principal pour y aller. Aussi, elle n’a pas grand intérêt au final et manque d’interactions.
Reste que débloquer des skins pour votre roue destructrice et pour votre lapin Ash qui pourra ainsi se battre déguisé en Napoléon reste amusant. Néanmoins, Hell Yeah n’est pas vraiment conseillé pour du jeu au long terme : ne privilégiez pas les petites sessions, faites en trois bien grosses pour finir le jeu rapidement et profiter au maximum de l’ambiance pour cacher les défauts. À force d’y revenir, on s’en lasse encore plus. Ce qui par ailleurs nous laisse nous poser de sérieuses questions sur l’absence de rejouabilité et sur la présence d’un menu « Contenu téléchargeable » bien curieux.
La direction artistique ne fait pas tout !
Hell Yeah : la Fureur du Lapin Mort et certes très amusant et référencé, mais il n’en est pas moins assez bancal. Beau, aux compositions musicales de très grande qualité, Hell Yeah gâche sa direction artistique avec un gameplay au ras des paquerettes, efficace un certain temps, mais vite répétitif. Plutôt triste même si c’est exactement le genre de défaut que beaucoup de joueurs esquiveront, préférant se concentrer sur le fun immédiat et l’absence de réflexion dans la progression. Il est aussi ici question de feeling entre les développeurs, leur idée et les joueurs. Si la rencontre entre les trois se fait de façon décomplexée, Hell Yeah passera comme une lettre à la poste et sera un bon moment à passer. Sinon, ce sera assez dramatique ,comme le prouvent les dialogues très crus et vite lourds, inutilement grossiers par moments et ne voulant souvent rien dire ni raconter.
Le principal problème ? C’est sans aucun doute de l’avoir tant attendu. Un sentiment normal, mais un peu biaisant pour des développeurs qui malgré les défauts, confirment leur talent pour proposer du jeu magnifiquement décalé. La prochaine fois, il faudra juste penser à complexifier un peu les combats, pour éviter de transformer une volonté de dynamisme en répétitivité peu appréciable. Reste cette grosse notion de feeling, très importante dans ce genre de jeu, digne de celle qui régit l’amour ou la haine de certains joueurs pour les Sonic de Sega. Une démo jouable est disponible, n’hésitez donc pas un seul instant à vous la procurer. Si vous tenez jusqu’au bout en désirant davantage de folie et que vous n’avez pas peur de ne retrouver que trop peu d’originalité dans le jeu complet, alors procurez-vous ce jeu absolument. Sinon, la prudence est de mise, même s’il est question ici de seulement dix petits euros. Au final, franchement, le risque n’est pas bien violent.
J’ai (enfin) pu dl et essayer la démo sur Xbox et j’ai bien kiffé même si je vais attendre une réduc pour acheter (1200 MSP = 15 « petits euros » au passage. Il est gratis pour les membre Playstation + sinon, et à 13€ sur Steam). Pas eu de soucis avec la jouabilité, mais c’est vrai que l’impression d’être déjà un tank à la fin de la démo peut présager de la lassitude dont tu parles si le level design est pas plus fou que ça.
J’ai rajouté ton test dans les commentaires.
Il est plus contrasté que le mien même si je reste cantonné dans ma vision initiale du truc. Sinon c’est très plaisant à lire. Merci !
Oz’
J’y joue en ce moment grâce au PSN plus et le jeu est pas mal du tout, le gameplay est un chiant avec le flingue mais la direction artistique est vraiment sympa 🙂