Sorti il y a bien longtemps sur PlayStation et PC, ce point and click est devenu au fil des ans une légende pour les joueurs y ayant joué. Revolution Software l’a d’ailleurs décliné sur iOs et Androïd, pour le test nous nous concentrerons sur la version PC. Mais qu’en reste-t-il de nos jours ? Peut-il faire face à ses concurrents modernes ?
« Kebab, huuuuum, meilleurs délice ! »
Ici nous avons affaire à la version « director’s cut » qui ajoutera quelques scènes et lignes de dialogue pour donner de l’épaisseur aux personnages et tout particulièrement à Nico qui se voit gratifier de plusieurs scènes supplémentaires au début du jeu. La lisibilité a aussi été améliorée avec l’ajout des personnages en médaillon dans les dialogues. Selon les personnes qui ont fait aussi l’édition de 1996, il semblerait que l’assistance au joueur ait été augmentée et que certaines morts sont ainsi évitées.
Ce titre est vraiment ce que l’on pourrait appeler vulgairement « radio clichée », tous les personnages semblent tout droit sortis d’un guide à archétypes. On commence d’abord avec les accents des protagonistes qui sont tous surjoués, les doubleurs ne sont pas mauvais loin de là c’est même plutôt bon, mais on se surprend rapidement à se moquer de l’accent pris. En continuant sur les répliques on se rend rapidement compte que les scénaristes ne se prenaient vraiment pas au sérieux avec des répliques surprenantes comme celle sur le prêtre « Ce qui est étonnant est que tu lui aies trouvé une utilité ». En passant par les archétypes tels que les Italiens mafiosi, les policiers incapables ou encore les touristes américains idiots. Tout y passe, en dédramatisant tout ce qui peut l’être, car même si le scénario n’est pas franchement une réussite, il est propice à quelques scènes franchement épique, mais non… ils ont privilégié l’humour. Je n’ai aucun problème avec l’humour bien au contraire, mais je tenais à le signaler tant il est présent, voire pesant, dans certaines scènes.
Le scénario est ultra simple : un groupe se réclamant des templiers se met à la recherche de l’épée brisée de Baphomet, à partir d’indices inscrits sur un parchemin qui les mèneront aux quatre coins de l’Europe et même en Syrie. Mais notre héros Georges Stobbart leur subtilise et c’est une course contre la montre qui s’engage. Baphomet fait d’ailleurs référence à la divinité dont les templiers ont été accusés de vénérer, mais dans les faits c’est infiniment plus complexe que cela. Dans le jeu les Neo-templier souhaitent récupérer l’épée brisée par Philippe le bel et ainsi rappeler Baphomet tout en obtenant le pouvoir suprême sur le monde. Mais finalement la mise en place du scénario est bien simple et toutes les intentions des Neo-templiers sont éventées rapidement dans une scène, point de départ de la course aux artefacts. Je suis déçu de cette narration, il y avait un réel potentiel et un ancrage dans la réalité avec l’histoire des templiers on s’attendait à autre chose qu’a cette course effrénée remplie de cliché, c’est au final un scénario paresseux et dénué d’ambitions.
Tu tires ou tu pointes ?
Je ne vais pas revenir sur le principe des points and click, je pense que tout le monde le connaît et ici rien de révolutionnaire. On notera tout de même que les développeurs ont pensé à nous aider en faisant apparaître clairement les éléments cliquables avec des points lumineux. Les énigmes par contre sont un des points un peu litigieux du titre, car si vous n’êtes pas dans la tête de développeurs certaines seront même impossibles à résoudre. J’ai eu trop souvent à me référer à des solutions ou des amis pour m’en sortir, comment savoir par exemple qu’il fallait astiquer la statue neuve avec le mouchoir rempli de maquillage pour la faire passer pour une antiquité ? Ou pire : comment savoir qu’à un moment du jeu il fallait faire un clic droit alors que l’on n’en avait jamais besoin auparavant ? Quand je joue j’aime m’en sortir par moi-même, mais le manque de logique de la plupart des énigmes ont failli avoir raison de ma patience, heureusement que le jeu a d’autres qualités auxquels s’accrocher, comme son humour ravageur !
Le jeu n’a pas pris une ride, il faut dire que la 2D vieillit généralement bien. Les graphismes sont très propres même si la définition reste basse pour nos écrans modernes. La direction artistique est excellente avec un style faisant immanquablement penser au monde de la BD avec de temps à autre des scènes entièrement animées. Le seul vrai point noir de la réalisation vient des différences marquées d’échantillonnages entre les dialogues de l’époque et les rajouts, cela surprend au début, mais on finit par s’y faire.
Mais il ne fait pas le poids face aux ténors actuels du genre comme, The Walking Dead, il est trop linéaire et les énigmes sont trop alambiquées. Le jeu reste tout de même très agréable si vous arrivez à passer outre le besoin d’avoir un souffleur où une solution a porté de main pour venir à bout des dix heures que nous promet le soft. On y jouera surtout pour l’humour dévastateur de certaines scènes qui resteront gravées a jamais dans vos mémoires. Pour moins de trois euros, il serait dommage de vous priver du jeu, quel que soit le support sur lequel vous le convoitez.