Remake d’un vieux jeu dont il n’est jamais vraiment question ici, ce Giana Sisters profite de ses références de base pour proposer un concept complet et totalement indépendant d’un quelconque savoir vidéoludique au préalable. Tout cela pour un bon plateformer ?
« Nous sommes des soeurs jumelles » (air connu)
Les deux soeurs dorment paisiblement dans leur lit, lorsqu’un étrange cristal apparait et les happe dans un monde nouveau. Séparées, toutes deux dans un monde parallèle à l’autre, elles vont devoir coopérer en symbiose pour s’en sortir dans cet environnement sauvage et mystérieux. C’est ainsi que commence Giana Sisters et force est d’avouer que nous ne sommes alors pas au bout de nos surprises. On avance paisiblement dans le premier niveau, on collecte des cristaux de couleurs, jusqu’au moment où le tutorial (très bien fait) vous demande de switcher entre vos deux héroïnes. D’un coup de gâchette, le monde se transforme en temps réel et vous passez d’un univers merveilleux et enchanteur à un autre proche de l’apocalypse et totalement glauque.
Visuellement très coloré et lumineux, Giana Sisters met en avant ses deux personnages principaux avec une opposition des univers au coeur même du jeu. Ainsi, la gentille Giana aux cheveux dorés évolue dans le monde le plus infernal des deux, alors que la rebelle aux cheveux rouges évolue dans le plus coloré. Les deux soeurs ne sont clairement pas dans leur élément et cela marque le joueur dès ses premiers pas : on a vraiment cette impression de ne pas être à notre place et par conséquent, l’envie de s’en sortir est plus grande. Sans scénario, Giana Sisters arrive parfaitement à raconter quelque chose.
Le switch au coeur du jeu
Giana « blonde » peut tournoyer dans les airs pendant que Giana « rousse » fonce d’un trait comme un hérisson supersonique pour détruire tout ce qui se trouve sur son passage. La grande idée de gameplay qui en découle est simple : lorsque vous enclenchez un de ces mouvements, vous pouvez le « transférer » à votre alter-ego qui le poursuivra malgré le fait qu’il ne soit pas habilité à l’utiliser pour autant. Ainsi, vous pouvez sauter dans les airs et tournoyer avec votre belle blonde, puis switcher avec la dangereuse rousse sans jamais cesser votre mouvement. Cela va vous être très utile lors de certains passages, car le switch n’est pas du genre à n’être qu’un petit gadget parmi tant d’autres.
En plus de changer visuellement, le monde cache aussi quelques passages réservés à l’une ou l’autre des filles. Des pics vous bloquent le chemin de la sortie ? Changez donc de soeur, histoire de voir ces pics se transformer en fleurs… Plusieurs effets de ce genre sont disséminés à travers les vingt-trois niveaux du jeu (découpés en trois mondes différents). Aussi, n’oubliez pas la chasse aux cristaux : ils ne peuvent être ramassés que par la fille adéquate en fonction de leur couleur. Giana blonde pour les jaunes, Giana rousse pour les rouges. Seuls les cristaux bleus, souvent cachés, sont destinés aux deux soeurettes.
Ces cristaux ont beaucoup d’importance puisqu’en fin de niveau, un certain nombre d’étoiles vous sera attribué, permettant de débloquer les niveaux suivants. Cela se fera en fonction du nombre de cristaux ramassés, mais aussi avec le nombre de morts atteint. Autant vous dire que cela ne va clairement pas être de la tarte !
« C’est une blonde et une rousse… » (Jean Roucas)
On ne s’en doute absolument pas lors des premiers pas dans les deux mondes de ce Twisted Dreams, mais le jeu est excessivement hardcore par moments. On aurait dû avoir un doute lors de la découverte de ces vies illimitées et des nombreux checkpoints, mais rien ne nous le signifiera aussi bien que la progression de la difficulté au fil des niveaux, se faisant rapidement inquiétant. Le jeu commence pourtant très simplement et les seules fois ou on l’on meurt sont lors d’un impact malencontreux avec un ennemi ou lorsqu’on se met à fouiller trop rapidement les premiers niveaux avant de tomber dans le vide. Néanmoins, rapidement, Giana Sisters va se corser…
Un seul impact avec l’ennemi et c’est la mort. Quelquefois, vous aurez le droit à un bouclier, mais il ne vous permettra qu’une seconde chance sans plus de fioritures. Dans son aspect à la « Trine », Giana Sisters propose cependant une difficulté bien plus relevée et des défis de plateformer assez consistants. En soi, terminer le premier monde est déjà un dur labeur qui ne prendra pas forcément beaucoup de temps, mais qui demandera beaucoup de répétitions. On meurt, on recommence, on s’énerve, on est à deux doigts de fracasser la manette sur la petite soeur (sa chevelure nous rappelant celle de nos héroïnes) puis finalement on se calme, on reprend à zéro et on parvient à continuer l’aventure… Avant de tomber sur un défi encore plus difficile.
En soi, c’est un point du jeu qu’il ne faut clairement pas juger à la légère. Certes, youpi, on est contents, on a notre jeu bien difficile et Hardcore qu’on espérait pas voir avec ce Giana Sisters, mais quid des amoureux de la « plateforme tranquille » ? Ceux-ci vont rapidement tomber de haut et seront vite rebutés par ce qui leur est proposé ici. Clairement, Giana Sisters est pour les durs, ceux qui ne se démontent pas et lancent tous leurs jeux actuels directement en mode Difficile.
Durée de vie courte… Quoi que ?
Les trois mondes ne sont pas bien longs à arpenter, malgré leur difficulté. Comptez une bonne demi-douzaine d’heures, en plusieurs petites sessions, pour voir la fin de l’aventure. Néanmoins, il y a une multitude de modes de jeux différents à débloquer pour le plus grand bonheur, encore une fois, des amoureux de défi. Vous pourrez rejouer les niveaux en mode « Course » ou il vous faudra atteindre l’arrivée le plus vite possible, mais aussi dans un mode « Score » ou il est demandé de récolter un maximum de joyaux. Pour les brutes, un mode Hardcore est disponible avec la disparation des checkpoints dans les niveaux et plus dingue encore, un mode davantage difficile ne vous octroyant qu’une seule vie par niveau ! Non, vraiment, ce jeu est dingue.
Visuellement magnifique (la transformation du niveau en temps réel est assez bluffante), Giana Sisters ne pêche finalement que par son public bien visé et tous les joueurs qu’il ignore bien amicalement. C’est un jeu difficile, pas du tout à mettre entre toutes les mains et qui peut rapidement être abandonné par les moins courageux. À côté de cela, il est une vraie petite merveille artistique (malgré des soeurs aux faciès un peu quelconque et des monstres peu inspirés) et propose des Boss à « trois coups » sous forme de véritables défis d’envergure. Tout cela mis en avant par des compositions musicales de grande classe, mixant du joyeux classique à du brutal rock signé « Machinae Supremacy ». Efficace !