Mickey Mouse est un personnage très difficile à adapter, surtout après quelques excellentes aventures sorties sur Megadrive et Master System. Avec Epic Mickey, Warren Spector parvenait à nous proposer une histoire profondément triste avec un fond lugubre et touchant la fibre nostalgique de bien des fans de Disney. Cette suite était donc largement attendue !
Épique, seulement dans son nom
Alors que le premier épisode nous lançait dans un monde dévasté, fait de souvenirs et de choses oubliées par la maison de Disney, voici que ce second épisode ne fait que dans la suite bas de gamme d’un point de vue scénaristique. Le « Mad Doctor » est de retour dans le pays de la Désolation après l’apparition de plusieurs séismes. Celui-ci se met à pousser la chansonnette pour persuader les habitants de ses bonnes intentions et pour sauver le monde d’un ennemi encore bien mystérieux. Oswald le suit, assez confiant. Ses amis en profitent alors pour rappeler Mickey qui lui, a beaucoup plus de mal à se convaincre d’un docteur bénéfique plutôt que maléfique. Cousue de fil blanc, carrément quelconque, l’histoire ne semble clairement pas écrite par les mêmes cerveaux responsables de l’excellent scénario du premier jeu.
On est reparti donc dans le monde de la Désolation avec une première originalité : Mean Street est séparée en deux poles, Nord et Sud, qui vont vous demander des aller-retours incessants. Faisons avec : découvrons plutôt le principe de tunnels reliant les mondes. Ceux-ci sont rébarbatifs, sur un plan en 2D, proposent des énigmes franchement simples, au level-design un peu maladroit, mais surtout : cela se répète encore davantage lorsqu’il faut y aller, revenir, parler à un personnage puis recommencer le circuit juste parce que nous n’avons pas encore activé les téléporteurs (les écrans du premier épisode, pour ceux y ayant joué). Les premières heures sont affreuses à cause de ces boucles ou l’on a davantage l’impression de reculer plutôt que d’avancer vers l’objectif. On se contente de suivre Gus, notre « mentor », pour espérer s’y retrouver.
Enfin une caméra libre !
Il y a tout de même des bons points lors des premiers moments de jeu. La caméra tout d’abord est désormais entièrement dirigeable (contrairement à celle du premier jeu, qui était son principal défaut). On peut désormais mieux viser et se situer dans un monde assez complexe. Du coup, les développeurs ne se sont plus trop donné la peine de gérer leur level-design et nous offre davantage de liberté de mouvement (comprenez par là moins de suivi et donc, pas mal d’embranchements maladroitement camouflés ou difficilement devinables). Bref, il va bien falloir suivre les discussions des cinématiques si on ne veut pas se perdre !
Pour ceux n’ayant pas joué au premier titre, rappelons l’idée de gameplay : Mickey possède un pinceau avec deux pouvoirs lui permettant de créer (la peinture) ou de détruire (le dissolvant). Dans le jeu, plusieurs parcelles du monde apparaissent plus colorées ou en transparence : ceci vous prévient de la possibilité de faire apparaitre une construction ou de la dissoudre. Coffres cachés, ponts à construire et autres originalités sont donc de la partie. Dans ce second jeu, ces pouvoirs ont beaucoup moins d’impact et sont bien moins amusants, l’originalité du concept étant forcément dépassée.
Du côté des combats, c’est la même chose : on peut dissoudre les ennemis pour les « tuer » ou les asperger de peinture bleue pour les rendre gentils. Cela fonctionne sur les »petites taches » et les ennemis « vivants », les autres plus robotiques devant souvent être affrontés avec plus de finesse et un petit truc de gameplay (un interrupteur sur leur tête, par exemple) pour qu’ils laissent apparaitre la créature qui les contrôle. Évidemment, se battre au dissolvant est plus simple, mais aussi plus cruel, ce que le jeu vous rappellera souvent via les protagonistes et quelques actions du jeu (les affrontements contre les boss, par exemple) qui auront des conséquences différentes. Globalement, c’est surtout dans les discussions que cela change et rien ne vient gêner votre progression ou rendre l’histoire réellement « Bad Ass » si vous aspergez le monde entier de dissolvant. Ce qu’on regrettera amèrement. N’ayant plus d’histoire intéressante, l’impact « méchant/gentil » est bien moins important pour le joueur dans ce second jeu.
Mickey n’amasse pas mousse…
Autre nouveauté de ce Epic Mickey 2 : la coopération avec Oswald. Alors là, autant vous le dire tout de suite, cela va plomber entièrement le jeu jusqu’au point de non-retour ou on en vient à se demander ce qui est passé par la tête de Warren Spector pour pourrir sa licence avec autant d’abus évident. Sachez tout d’abord que si vous ne jouez pas en coopération, votre Oswald contrôlé par l’intelligence artificielle ne se donnera jamais la peine d’aller chercher les trésors dans les mondes en 2D ainsi que les bobines de film (très importantes pour la progression et surtout, pour les collectionneurs) du coup, si vous n’avez pas d’amis, vous êtes bien partis pour ne jamais finir le jeu au maximum.
Autre chose, plus importante : Oswald est complètement crétin. Il possède une télécommande lui permettant d’activer des interrupteurs et d’en pirater d’autre, mais ne le fait jamais au bon moment ou préfère se battre contre un ennemi à l’autre bout de la carte plutôt que de venir nous aider. La possibilité de switcher entre les personnages ? Indisponible, tout simplement. Cette possibilité aurait sauvé le jeu, s’enfonçant lamentablement dans l’injouable ou le très frustrant. On est suivi par un allié essentiel à toute la progression, qui n’aura de cesse que de vous jouer de sales tours frustrants.
Vous voulez activer cet interrupteur en hauteur ? Encore faut-il que Oswald vous suive. Certaines fois, il ne se donne pas la peine de grimper les plateformes. Vous redescendez, lui donnez un grand coup et là, il commence à vous suivre. En gros, l’intelligence artificielle patine méchamment et bloque constamment devant certains obstacles. Impossible de faire plus frustrant !
Régression commerciale
Vous le savez, mon test existe encore pour le prouver, j’aime furieusement Epic Mickey qui est pour moi l’un des meilleurs jeux de la Wii et sans doute l’un des plus beaux hommages à Disney qui m’ont été donnés de vivre. J’attendais cette suite avec impatience, pensant naïvement que la franchise avait un certain potentiel et que son arrivée sur toutes les plateformes ne pouvait augurer que du meilleur. Quelle déception !
Le parfait exemple de cette frustration face au premier épisode reste la collection de Pin’s. Chaque action importante que vous effectuez, chaque lieu, chaque personnage a un Pin’s à son effigie. Vous devez les collecter, comme les succès ou les trophées, mais avec un peu d’amusement supplémentaire. Seulement, voilà, histoire de bien débiliser cette mission annexe pourtant loin d’être complexe, le jeu vous permet d’acheter virtuellement ces Pin’s. Au début, on pense que ce ne sont que des raretés uniques aux boutiques et rapidement, on découvre que ce sont les mêmes que ceux gagnés au fil des missions. En gros, les développeurs tuent eux même leur concept juste pour en simplifier l’accès.
Les niveaux sont insipides et on s’y perd beaucoup trop souvent. Moins inspiré, le monde est une réplique du premier en dévasté, sale, détruit de toute part dans qu’aucun scénario profond ne vous donne envie de lui redonner des couleurs. Oswald rend le jeu complètement frustrant, la coopération est obligatoire pour tout récupérer (alors que le second joueur ne servira presque jamais et s’ennuiera, tant le pinceau est utile dans 80% des situations) et clairement, on sent que les commerciaux de chez Disney sont venus mettre leur grain de sel dans une franchise qu’ils n’ont absolument pas compris. Le mystère, c’est de comprendre pourquoi Junction Point en est venu à acquiescer cela et à rendre une copie aussi bête et sans profondeur, sans même prendre le temps de la finir (comme le prouvent les bugs et les bien violentes chutes de framerate qui feraient presque peur pour notre console). Le verdict est simple : oubliez ce second opus et courez vous acheter le premier jeu, qui est une oeuvre d’art.
* Test effectué sur la version Wii