La plupart du temps les jeux indé se concentrent sur le gameplay plutôt que sur l’histoire, dû généralement au fait que le jeu est souvent assez court. Il faut donc procurer une expérience mémorable le plus vite possible. Ainsi, jouer la carte de l’immersion pour un jeu de « petite envergure » est assez risqué à mon goût. Cependant, le titre présenté ici même s’en sort plutôt bien et nous plonge dans le fin fond de l’Orient à l’époque des palais immenses, des jardins suspendus, des sultans et des Djiins. Bienvenue à Qasir Al Wasat.
Les mille et une nuits en jeu vidéo… ou pas !
Qui n’a jamais rêvé d’être un esprit mystique de la mythologie orientale appelé pour tuer de faibles humains ?… Pas moi, mais il faut avouer que ressembler à un mini Anubis est assez sympa après tout. On incarne donc ici une espèce d’esprit venant d’un plan parallèle, mais surveillant le monde inférieur des humains. Un puissant magicien nous a invoqués dans son palais afin de tuer 3 personnes de son entourage. Ne posant pas de questions et étant lié par un contrat magique nous empêchant de faire un quelconque mal à notre « employeur » et de quitter le palais tant que notre tâche ne sera pas accomplie, nous voila lâché dans le palais sans plus d’indications que « Sache que la vie de mes servants est aisément remplaçable… ». Ah oui, on nous informe tout de même que nos 3 cibles sont armées d’une lance Perse, d’un cimeterre cassé et d’une épée d’argent.
Le premier contact avec le jeu est assez intrigant, notre personnage sans nom étant ici invisible. On se retrouve donc à jouer un avatar que l’on voit à peine durant la quasi-totalité de l’aventure. On pourrait donc se dire que le jeu est très simple sauf que non, on fait en réalité pas mal de bruit en marchant et votre invisibilité ne vous sera d’aucun secours si l’un des gardes vous « prend en chasse ». En effet un seul coup et vous mourrez, mais pas d’inquiétude le jeu est riche de checkpoint et la mort n’est jamais très pénalisante.
Votre petit Anubis miniature part donc en quête de sa première cible. Comme vous l’avez compris il s’agit là d’un jeu d’infiltration. Tuer des gardes vous semblera diablement facile tant il est aisé de les approcher en marchant lentement (ceci grâce à un simple appui de bouton). Mais prendre la vie n’est pas sans conséquences, votre corps se retrouvant de plus en plus couvert de sang à chaque mort. Et quoi de plus suspect qu’une tache de sang volante qui se déplace toute seule ?
Après avoir progressé de quelques salles, le jeu vous montre sa vraie nature: un jeu d’aventure, d’infiltration, de réflexion. Infiltration parce que tuer des gardes vous sera toujours très risqué, patience est requise pour survivre et atteindre son but dans le palais du Magicien. Aventure, car la demeure est immense et se laisse explorer librement. Enfin réflexion parce que le palais regorge de mystères et libre à vous de les découvrir ou non. Le jeu est constitué d’énigmes, rien n’est jamais clairement écrit, tout se doit d’être trouvé après un minimum de réflexion. Ainsi, chaque secret découvert gonflera votre ego au plus haut point (ces secrets étant tous optionnels).
Optionnels ? Oui, vous pourrez très bien foncer à travers le palais sans écouter aucune conversation et simplement tuer vos 3 cibles, s’en suivront les crédits et un joli « Thanks for Playing ». Mais on sent bien qu’il y a plus que ça.
Sésame montre moi tes secrets
Au fur et à mesure de votre exploration, vous découvrez des notes… des plans… des recettes d’alchimie. Écouter les conversations vous amènera également à comprendre que tout le palais est au courant de votre présence en ses murs. Votre quête vous paraît de plus en plus étrange, et le(s) but(s) du Magicien de plus en plus flou et louche. Libre à vous de ne pas tuer votre 3e cible et d’explorer plutôt le reste du palais…
Il m’est ici très difficile de parler du jeu tant le plus gros de l’expérience se fait sur la découverte morceau par morceau de l’histoire. Ne tenant pas particulièrement à vous spoiler, je vais donc m’arrêter là pour l’instant et tenter de vous décrire pourquoi le titre réussit à vous accrocher avec de simples petits détails dès les premières minutes de jeu. L’immersion dans un jeu en 2D est très difficile à créer. Les cas où cela arrive sont souvent vos souvenirs de vieux JRPG car l’histoire vous prenait vraiment à cœur. Ou bien on vous bombarde de truc dans tous les sens, et alors l’immersion se crée toute seule et se jumèle à votre concentration (exemple: Metal Slug). Ici c’est autre chose, c’est quelque chose de plus rare, l’immersion se fait du point de vue artistique. Le jeu dispose d’une pâte graphique plus ou moins unique et remarquable qui le fera rester dans vos mémoires. Tout est beau, cohérent et très bien fini. Une ambiance parfaitement retranscrite également grâce à la bande son… ou l’absence de celle-ci. Rares seront les moments où une musique d’ambiance vous accompagnera, au contraire l’ambiance sonore du titre tient entièrement à la vie du château. Chaque mouvements, paroles, actions des personnages du jeu provoquera ici une note bien distincte qui sera votre seul environnement sonore tout au long du l’aventure.
Quasir Al Wasat est une bonne surprise, un gameplay peu profond, mais entièrement comblé par une expérience de jeu globale assez rare, le sentiment d’exploration, de découvertes, et de se sentir petit à petit élucider le mystère de notre venue en ces terres a quelque chose de grisant. Tout cela couplé à une ambiance quasi parfaite. Pour un jeu de son envergure, le titre s’en sort vraiment très bien. J’en suis ressorti fier de moi, car content d’avoir persévéré et trouvé des informations, des moments entiers de jeu et des révélations, tout ça découvert uniquement grâce à moi et non pas grâce à une grosse flèche au dessus de mon avatar.
Pour finir, je voudrais donc dire que le titre est une belle petite réussite et procure des sensations assez rares dans le milieu. Pour ceux qui ont le temps de s’investir et de ne pas décrocher au premier contact un peu brut avec le jeu, vous ne devrez pas être déçus, sans compter que le titre n’est pas franchement très long (j’estimerais à quelque chose entre 4 et 6h pour vraiment le finir). Vous l’aurez compris, Quasir Al Wasat renferme donc des petits trésors un peu partout, à vous de les découvrir ou non…
Décidément, en ce moment chaque test donne envie 🙂