La nouvelle saga/reboot de Konami, gérée pour l’instant de façon très intéressante par les petits gars de MercurySteam, nous revient en un spin-off portable en attendant un second épisode sur consoles de salon dans le courant de l’année. Si tenter de faire mieux que les opus 3D de Castlevania était osé mais possible, comment espérer convaincre les fans des jeux en 2D ?
Castlevania-like en puissance
Ce genre de jeu est pratiquement une bénédiction pour les amoureux d’aventure et d’exploration. Castlevania en 2D propose depuis sa sortie sur Nintendo Entertainment System un mix intelligent entre l’avancée dans les tableaux et les affrontements avec des ennemis toujours plus nombreux et coriaces. Certains passages vous sont bloqués alors, évidemment, il vous faut trouver le bon artefacts ou la bonne amélioration, revenir sur vos pas et tenter cette nouvelle route qui s’offre à vous. La recette a fait succès, surtout avec le magnifique (et je pèse mes mots) Symphony of the Night. Nombreux sont les développeurs indépendants d’aujourd’hui à avoir repris le concept à leur sauce (Cave Story, pour ne citer que lui) et nul doute que celui-ci a encore de beaux jours devant lui.
Du coup, lorsque l’on s’appelle MercurySteam et qu’on a réussi à relancer une saga qui prenait la poussière (et la moisissure vu les derniers jeux 3D sortis avant ce reboot), on ne peut décemment pas tirer un trait sur ce qui a toujours faire le succès de la saga : ces opus en deux dimensions. Mirror of Fate en reprend alors les idées, tout en simplifiant le tout à l’extrême.
L’histoire est très sympathique et mise en scène avec brio lors de cinématiques assez mal doublées, mais au relief épatant. Des personnages hauts en couleurs nous racontent l’épopée de Simon Belmont qui va devoir lever le voile sur la mort de ses parents et affronter le présumé coupable : Dracula. Sauf que le joueur est le seul à savoir la vérité : Dracula EST son père et accessoirement, le héros du reboot Lords of Shadow. Si vous ne le saviez pas, ne vous inquiétez pas, c’est sans aucun doute le spoiler le plus impossible à éviter et je viens, je l’avoue, de contribuer à cet état de fait.
Pas très rassurant aux premiers abords
Cela ressemble à du Castlevania, mais ça s’en éloigne souvent. Beaucoup plus accessible et guidé que ses ancêtres, Mirror of Fate propose artistiquement un univers sombre, mais réellement bien réalisé. Visuellement plus que sympathique, le jeu de MercurySteam est réellement un bon moyen de donner envie à quiconque de se procurer une Nintendo 3DS, tant les promesses sont tenues d’un point de vue des modélisations, des animations et effets visuels. Le seul problème, c’est le contenu.
Car Mirror of Fate a beau être ultrascénarisé, il n’en est pas moins violemment linéaire. Ce qui fait le sel d’un Castlevania c’est le retour sur ses pas et la fouille des nombreux tableaux proposés. Ici, vous enchaînez les petites salles sans difficulté, avec un checkpoint à chaque nouvelle carte débloquée (et donc, chaque nouveau lieu franchi). En gros, il est impossible de perdre beaucoup de sa progression dans le jeu et vous pouvez dire au revoir à ce sentiment d’alerte, lorsque vous deviez rebrousser chemin dans le seul but de retrouver votre point de sauvegarde rassurant. Ici, les niveaux se suivent et ont une forte tendance à se ressembler dans le lugubre, le froid, le manque de vie et d’éclairage.
Un système de combo assez ordinaire et peu novateur se met aussi en place. Les combats se suivent, sont magnifiques et percutants, mais se ressemblent beaucoup. L’erreur la plus grossière est néanmoins la présence de Quick Time Event, de boutons à presser rapidement et au bon moment, lors de certaines mises en scène des affrontements. On aurait réellement pu s’en passer…
Simon, Alucard et les autres…
Autre originalité qui pose quelques problèmes : la présence de plusieurs personnages jouables, dont le mythique Alucard. Le vrai problème de cette idée pourtant très intéressante et qu’elle casse évidemment le scénario en morceaux et demande au joueur de changer de personnage d’un moment à l’autre en perdant quelques repères. Ce n’est totalement bien ajusté au scénario et forcément, on y perd en immersion pour ce que l’on gagne en fanboyisme aigue. Alucard est très charismatique, mais malgré cela on voulait vraiment reste avec un seul personnage, un grand château à découvrir et du rebrousse-chemin salvateur pour les caractéristiques du personnage, ses facultés et la durée de vie du jeu.
Au final très simple d’accès, Mirror of Fate est un sympathique Castlevania « reboot » pour ceux n’ayant jamais touché un jeu de la saga passée. Il étoffe l’histoire de Lords of Shadow avec un peu de génie, fait habilement le lien entre les deux jeux (celui passé et celui à venir) sur consoles de salon et propose des combats dynamiques à défaut d’être réellement originaux. Son gros problème, c’est d’être comparé à ce qu’il aurait pu être si les développeurs avaient misé sur la même recette qu’autrefois. Ici, ce n’est en rien un Castlevania classique mais au contraire, un jeu d’Action/Plateformes dans l’univers des vampires de Konami. On espérait davantage, mais il faudra s’en contenter.
Mirror or Fate est donc un jeu correct, une aventure sympathique et bien scénarisé pour patienter avant un second Lords of Shadow assez intéressant. Mais contrairement à son ainé sur consoles de salon, il reprend un univers (la 2D) qui n’avait absolument pas besoin d’un reboot et donc les fans sont encore friands aujourd’hui. En ne leur proposant pas ce qu’ils demandent d’un Castlevania sur consoles portables, le jeu de MercurySteam passe forcément pour un sous-produit à leurs yeux, pendant qu’il égaiera avec pas mal de points forts les parties des nouveaux venus qui n’ont jamais vu un Belmont fait de pixels. Le choc des générations.