Plutôt habituée aux jeux de stratégie dans l’espace avec la saga Swords of the Stars, l’équipe de développement Kerberos Productions tente le tout pour le tout et profite de la montée en puissance de l’indépendant pour proposer un stand-alone plus modeste financièrement. Au passage, ils changent totalement de style et de gameplay.
Perdu dans l’espace
Le concept est directement tiré du Dungeon Crawler le plus habituel. Vous contrôlez un personnage perdu dans une station spatiale en ruine, à la recherche d’un remède pouvant soigner les zombies de la planète Terre. Niveau scénario, c’est au ras des Paquerette que cela se situe, mais on s’en fiche un peu. Le tout se jouer au clavier à la souris avec beaucoup de commandes à retenir : nous y reviendrons. Entièrement en 2D, on va de bas en haut, de gauche à droite, comme dans Binding of Isaac pour prendre l’exemple le plus connu. La seule différence provient du tour par tour qui surgit dès qu’un ennemi fait son apparition à l’écran (qu’il soit ou non dans le champ de vision du personnage).
Un ennemi apparait ? En plus d’un sifflement pour vous prévenir de sa venue, vous découvrirez un gameplay se transformant d’un seul coup en tour par tour, avec du déplacement case par case assez frustrant lorsque l’on passe d’une certaine liberté à cela. D’une simple touche, que ce soit à mains nues, au couteau, au pistolet ou à l’arme lourde, vous tirez automatiquement sur l’ennemi le plus proche. Le reste est dû au hasard, au lancer de dé d’une intelligence artificielle très simple à affronter dans les deux premiers modes proposés sur les quatre disponibles. Chaque action coute alors un tour, ou les ennemis peuvent avancer vers vous et vous frapper : recharger votre arme par exemple, ou bien fouiller les alentours à la recherche de bric-à-brac.
Chaque armoire, laboratoire abandonné et autre tas d’immondices peut être fouillé. Là aussi, le jeu passe du temps réel au tour par tour via une barre de progression pour chaque action que vous effectuez. Il vous faudra aussi faire le ménage aux alentours pour fouiller, crocheter et réparer tranquillement tout ce qui vous entoure, histoire de bénéficier des morceaux de ferrailles, des bouts de fromage moisis et autres boites de munitions abandonnées que ces actions peuvent vous offrir.
Dans l’antre de la frustration…
Un gros côté RPG est aussi au rendez-vous avec un personnage pouvant appartenir à trois classes aux statistiques très différentes, à choisir en début de partie. À chaque fois que vous tuez un ennemi, que vous réussissez une action, vous gagnez de l’expérience et grimpez de niveaux. Vous répartissez alors des points dans votre vie, votre jauge de faim (qui est finalement bien plus dangereuse que les attaques ennemies elles-mêmes) et vos compétences d’actions telles que le crochetage et autres joyeusetés déjà précisées plus haut.
Néanmoins, quelques bugs apparaissent bien vite, avec par exemple des portes qui ont un joli 95% de chance de s’ouvrir, mais qui nécessitent plus d’une demi-dizaine d’outils de crochetage pour s’ouvrir. Cela s’est souvent répété dans ma partie et au-delà d’un doute sur mon manque total de chance, il faut bien avouer qu’on redoute un peu le problème d’intelligence artificielle pas totalement au point. On le voit bien avec des ennemis assez crétins, qui n’hésitent pas à fuir sans raison pour vous donner l’avantage.
Pour empêcher l’ennui de s’installer au fil de la partie, vu que les combats sont accessibles (en mode Normal) et qu’il suffit de bien gérer sa nourriture pour éviter de mourir de faim, les concepteurs ont pensé à proposer du Crafting. Si vous trouvez un établi ou une cuisine, vous pourrez créer des outils et de la nourriture. Le seul problème c’est qu’avant, il faut fouiller des tas d’ordinateurs apparaissant aléatoirement dans les niveaux, qui comportent les bonnes recettes. Sans elle, impossible de créer quoi que ce soit ! Et croyez-moi, vous allez perdre bien des matières premières pour savoir qu’est-ce qui va avec quoi. Au final, c’est carrément plus frustrant qu’intéressant et on fera allègrement sans.
Mignon, mais un peu con ?
C’est franchement ce qu’on ressent en jouant à The Pit. Le jeu est plein de bonne volonté, mais se morfond dans le quelconque avec ses idées loin d’être terminées, son gameplay d’un classique effroyable et son mélange très frustrant, casseur de rythme, de temps réel et de tour par tour. Pire encore, le design est réellement effrayant avec des personnages très cheaps, une réalisation beaucoup trop simpliste pour un projet qui n’est pas non plus sans le sou ni même dirigé par des débutants. On était en droit de s’attendre à mieux, surtout de Kerberos Productions.
Alors certes, ils ont le droit de faire le pari de la simplicité, de s’amuser à créer « un petit jeu » dans l’univers de leur franchise Sword of the Stars, de faire ce qui leur plait en terme de gameplay bancal quitte à expérimenter. Mais il ne faudra pas venir se plaindre si majorité de joueurs n’y trouve pas son compte. The Pit est beaucoup trop conventionnel, manque beaucoup trop de complexité et de rigueur dans son gameplay, pour être un excellent jeu. Tout juste est-il un apéritif qu’on ne s’empêchera pas d’acheter pour quelques dollars, le temps de la découverte, avant de passer à autre chose. Vraiment dommage !
Ben mince, moi qui étais plutôt séduit par le côté tour par tour, me voilà refroidi !
Canard PC en a fait un très bonne critique sur laquelle je n’avais rien à redire. Je pense aussi qu’un gros coté « feeling » joue sur ce jeu, par conséquent.