Je vous teste ce jeu avec un peu de retard par rapport à tout le monde, mais c’est pour la bonne cause. Sur tous les autres tests que j’ai lus, ils se sont arrêtés à une vingtaine d’heures de jeu à tout casser. Or, le jeu ne commence à donner tout son potentiel qu’aux alentours de quarante heures. Loin de moi l’idée de donner le bâton et de critiquer les impératifs éditoriaux, mais ils sont forcément passé à côté de certaines choses qui peuvent faire changer d’avis l’acheteur potentiel et le critique.
I find your lack of faith disturbing
La première approche de Ni No Kuni est pour ainsi dire délectable. À une époque où le Jeu vidéo sous sa forme physique est de plus en plus délaissé, ici c’est tout le contraire. Dans sa version collector il est livré avec une reproduction du livre de magicien que notre héros Oliver trimbale tout au long de l’aventure. Bel objet avec une superbe reliure et bien épais. Mais s’il flatte notre rétine pour les joueurs jouant à la version française du jeu il se révélera relativement inutile, vu que celui-ci est en anglais et que l’adaptation française rend la tâche de lecture relativement compliquée. Par ailleurs, l’impression en anglais est assez incompréhensible si on tient compte du fait que le livre se retrouve sous sa forme digitale dans le jeu complètement francisé. Sur ce point, la version Européenne du collector est remplie « d’économies de bouts de ficelles », entre la boîte clairement quelconque, le livre imprimé en anglais pour tout le monde et divers « oublis » par rapport à la version américaine (médaille, jaquette réversible en couleur…), je me pose encore la question du pourquoi d’une telle différence de traitement entre les États-Unis et la France. Mais ceci ne vous empêchera pas de profiter du soft et juste vous demander, mais « pourquoi je l’ai voulu Day one ?! ».
Dès que l’on lance le soft sur sa PlayStation, on se prend directement au visage tout le travail qu’a abattu l’équipe de localisation. Je ne peux qu’applaudir des deux mains devant une telle minutie, que je n’avais pas vue depuis longtemps. Les traducteurs ne se sont pas contentés d’une simple traduction, il y a eu un véritable travail d’adaptation. Par exemple, la plupart des noms ont été francisés pour garder la saveur de l’original, on se surprend régulièrement à rire ou simplement reconnaître les références utilisées. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin, sachez que si le doublage japonais est proposé sur la galette, une version anglaise est aussi proposée et celle-ci s’avère être d’une excellente qualité. Le seul bémol que j’apporterais, est que de temps à autre la logique dans certains choix d’adaptation nous échappe un peu, mais rien qui ne devrait freiner votre achat.
La direction artistique est quant à elle fabuleuse, on retrouve la patte Ghibli à tous les niveaux. L’univers est parfaitement retranscrit à l’écran, la maîtrise du cell shading est parfaite et ça fourmille de détaille à l’écran. Toutes les villes et donjons que vous traverserez ont leur propre personnalité ainsi que les personnages que vous rencontrerez. Le travail qui a été abattu est encore une fois titanesque ici. Quant aux musiques, quand vous saurez qu’elles ont été composées par Joe Hisaishi le compositeur attitré des Studios Ghibli, je n’aurais pas besoin de les décrire pour vous donner l’eau à la bouche.
Not so long ago, but in another world
Comme vous le savez très certainement Ni No Kuni est le fruit de la collaboration entre Level-5 et le studio Ghibli, mais une mise au point s’impose. Le scénario en lui-même a été écrit entièrement par Level-5, Ghibli ayant lui eut la responsabilité de la direction artistique. C’est d’ailleurs pour cela que nous ne retrouvons pas sa patte ici et que certains d’entre vous seront un peu désappointés sur sa simplicité. Ici nous avons affaire a scénario simplissime, qui n’implique aucune subtilité et pire, est téléphoné tout du long avec de grosses lacunes sur sa narration.
Pour poser un peu l’ambiance, vous jouez Oliver un jeune garçon passionné de mécanique vivant à Motorville. Un soir avec son meilleur ami ils décident de finaliser le rêve de leur vie ; fabriquer une automobile. Bien évidemment, cela tourne mal et la voiture tombe dans la rivière avec les deux infortunés, c’est là que la maman intervient en lui sauvant la vie tout en perdant la sienne. On retrouvera Oliver dans sa chambre amplis de tristesse et pleurant sur son doudou, qui grâce à la puissance de ses larmes révélera sa véritable nature : Une fée du second monde (d’où le nom du jeu : Ni no kuni). Le nom de cette fée est Lumi, mais c’est un mâle étrangement et l’emmènera dans son monde d’origine où il prétend qu’il existera une solution pour ramener à la vie sa maman. En effet tous les habitants d’un monde ont un alter ego dans l’autre. C’est ainsi que débutent les aventures d’Oliver…
Le départ est d’une simplicité enfantine et le reste du scénario ne l’est pas moins. Ce n’est pas un gros défaut en soit, cela peut même être une force, car rafraîchissant face à la grande majorité des titres modernes qui tendent à devenir plus « dark » voire réalistes, dans le traitement de leurs héros. Mise à part la quête initiatique d’Oliver ne vous attendez a rien d’autre, ici pas de message écolo (ça, c’est plutôt une bonne nouvelle), pas de psychologie compliquée, pas de morale et surtout pas d’univers complexe.
Mais là où le titre déçoit réellement c’est dans sa narration et pour la décrire je vais devoir spoiler le scénario. Alors si vous n’aimez pas être spoiler, sautez directement au chapitre suivant à partir d’ici. Pour les besoins de la version PS3 les développeurs ont ajouté un arc scénaristique qui n’existait pas sur 3DS et ce travail de patchwork est évidant tant il manque de subtilité. Il s’agit de l’histoire de Lena, qui au début se présentera comme un personnage uniquement visible par héros, des cutscènes (cinématiques) n’ayant aucun impact sur la trame de base et surtout un donjon posé après la destruction de Shadar où tout était révélé sur l’histoire d’Oliver et sa mère. La suite ne parle que des origines de Lena et l’histoire d’un ancien royaume que tout le monde semblait avoir oubliée. Au final on a vraiment l’impression de jouer à un mauvais DLC.
Let the wookiee win
Par ailleurs, le jeu sera très complet et n’a rien à voir avec Pokemon comme certains pourraient le croire. La base du jeu est d’attraper des monstres appelés « familiers » pour qu’ils aillent se battre à notre place. Mais ici le familier partagera avec le héros les points de vie et les points de magie, donc si le familier meurt son maître aussi. C’est un peu déstabilisant au début, mais au final on s’y fait très facilement. Ceci étant on pourra optimiser le familier en le nourrissant, car en fonction de ce que vous lui donnerez ses caractéristiques propres comme l’attaque ou la défense et bien entendu son affinité avec son maître augmenteront. Car plus leur affinité est grande et plus leurs caractéristiques pourront monter haut. Mais ce n’est pas la seule manière d’évoluer, vous pouvez aussi gagner des niveaux grâce à l’expérience que vous gagnerez en combat. Il est à noter que le niveau est indépendant entre le héros et les familiers, ces derniers ont aussi des évolutions radicales en fonction de leur niveau. Les familiers évolueront deux fois et pour la seconde évolution vous aurez le choix entre deux possibilités qui auront une profonde influence sur ses capacités à venir.
Jusque ici tout vas bien, le jeu a l’air d’être agréable et bien fignolé, mais c’est sans compter avec les combats. Ils se déroulent en temps réel à l’image d’un Star Ocean, vous serez dans une arène et vous pourrez soit lancer un familier en lui donnant des ordres, soit diriger directement un des personnages. Pendant ce temps-là vos compagnons seront dirigés par l’ordinateur qui à défaut de pouvoir leur donner des ordres précis se contente de suivre vos recommandations d’attaquer ou de défendre. Bien évidemment, l’IA est très succincte et l’on se retrouve régulièrement à laisser son équipe mourir pour ne se focaliser que sur Oliver qui heureusement est très polyvalent. Mais cela vous obligera à farmer plus que de raison et heureusement que le Toko est là, cette frêle et rare créature qui une fois vaincu vous donnera plus d’expérience que n’importe quel boss. On croirait rêver à ce niveau-là !
I’ve got a very bad feeling about this
Pour le farm on ne va pas s’arrêter aux combats, Level-5 nous a concocté toute une liste de quête annexe et chasse au monstre qui vous permettra de remplir une sorte de carte de fidélité. Au bout d’un certain nombre de cartes rempli, vous pourrez récupérer des pouvoirs spéciaux qui vous permettront entre autres d’augmenter vous XP en combat ou de diminuer le coût en mana de vos sorts. Tout ceci serait bien sympa si la plupart de ces quêtes annexes ne se résumaient pas à faire des allers-retours sur la carte ou farmer du monstre pour attraper les bons. Je pourrais aussi vous parler de l’alchimie qui va vous permettre de fermer pour trouver les bons ingrédients ou bien encore des émotions que vous pourrez farmer directement sur les gens (si si véridique !). Pour finir sachez qu’au bout d’un moment vous débloquerez aussi un casino ou vous pourrez farmer l’argent, mais pas de panique, comme pour les combats, l’IA est ici aussi déficiente et en une heure de temps vous pourrez vous faire votre premier million.
J’ai vraiment du mal à défendre le jeu au bout de mes 60 heures de jeu, car si techniquement et artistiquement il est parfait, pour le reste c’est une autre histoire. Non seulement la narration est hésitante, mais en plus les combats et autres quêtes annexes sont des plus rébarbatifs. Je reste un peu perplexe, car même si le genre JRPG se fait rare sur cette génération ce n’est pas Ni No Kuni qui lui redonnera ses lettres de noblesse. Un titre qui est à réserver à ceux qui n’ont pas peur du farming et de retomber en enfance.
J’adore ce jeu perso mais malheureusement je n’ai pas la PS3 🙁
Bonjour,
Il est dommage qu’en lisant plusieurs tests de ce RPG, certains l’ont comparé à la série Pokemon. Ce qui, est, je pense, inapproprié et a déçu pas mal de fan de la saga Pokemon.