Tu aimes les animaux et ferais l’amour avec un bonobo pour une nuit avec Brigitte Bardot ? Cela ne regarde que toi. Parce que là, je vais te parler d’un jeu exceptionnel d’attrapage tous azimut de chimpanzé, un jeu de plates-formes 3D qui a poussé le médium jeu vidéo à tel point que personne n’a osé le copier. Une oeuvre vidéoludique en décalage sur son temps, avec pour thématique le voyage dans le temps. En plus c’est japonais donc on te démontre une nouvelle fois la puissance du pouvoir de l’amitié. Merci Sony Computer Entertainement, merci la « Péstécheune ».
Peur primate.
En effet, Ape Escape ou Saru ! Get You ! en « japoglais » (qu’on pourrait traduire par « Singe ! Je t’ai eu ! ») c’est l’histoire d’une amitié brisée. Le jeune Spike (Kakeru à l’origine) et son ami Buzz vont rendre visite au professeur moustachu à l’allure si sympathique, oui, celui qui invente tout un tas de trucs et de machins qui finissent toujours par se retourner contre lui. Et effectivement, il s’avère qu’un petit singe albinos du nom de Specter s’est retrouvé en possession d’un casque en forme de slip qui l’a rendu super intelligent et lui a donné la parole. Et évidemment il en avait des choses à dire, alors c’est en bon fan de tentacules pourpres qu’il a décidé à l’unanimité de conquérir le monde, avec l’aide de ses frères opprimés, pour se venger évidemment du diktat humanoïde. Scénario supervisé par le fantôme de Pierre Boulle. Il leur a ainsi fourni à leur tour des casques, mais pas aussi biens, sinon ils pourraient avoir trop d’initiatives, et les a envoyé d’une main de fer à différentes époques passées pour réécrire l’histoire à sa sauce. Spike va donc traverser les âges pour nettoyer de ces petits simiens malicieux chacun d’entre eux, mais aussi faire revenir à la raison son pote Buzz, dont le cerveau à fait « wizz » et s’est rallié à Specter, ce qui le poussera à venir défier notre héros régulièrement. Les amitiés sont toujours compliquées, hélas.
Les singes ne font pas des chats.
Outre ce scénario complètement post-apo et délicieusement japoniais qui le caractérise, c’est avant tout pour son gameplay unique qu’il se distingue. C’est en l’occurence le premier jeu de plates-formes 3D qui utilisait obligatoirement la manette Dual Analog (qui a précédé le DualShock). Et contrairement à la norme actuelle d’un stick analogique pour se déplacer et un autre pour la caméra, Ape Escape utilise le second stick pour indiquer dans quel direction utiliser les nombreux gadgets à disposition. Des gadgets qui iront de l’épée laser à l’indispensable filet à singes, en passant par un cerceau de vitesse, une hélice pour planer ou même une petite voiture téléguidée, que l’on pourra ainsi diriger avec précision. Il faudra donc s’appliquer pour attraper les singes qui aiment s’enfuir dans tous les sens, qui ont chacun des propriétés différentes (vitesse, intelligence, etc, avec même, souci du détail, chacun un nom débile et une biographie !), sachant que le plus gros du travail se fera dans l’approche, puisqu’il est possible aussi de ramper et feindre de faire une sièste peinard… Ce qui ne sera évidemment pas suffisant pour certains primates surarmés et paranos comme un avocat sous coke. Une jouabilité novatrice vraiment très agréable et réactive au final, une fois les automatismes pris (on ne saute pas avec R1 tous les jours) ; la difficulté viendra bien du jeu en lui-même (et de la barre de vie en galettes St. Michel qui se vide aussi vite qu’un paquet de gâteaux à quatre heures).
J’ai un singe dans la gorge.
Le bilan technique est lui moins reluisant, avec une 3D un peu crado (on peut en effet carrément voir à travers les murs en se collant à eux en vue subjective ! Cheap, mais pratique il faut l’avouer !), mais sauvé par une direction artistique qui part dans tous les sens avec brio, et un level design qui se renouvelle sans cesse. Chaque époque est très différente des autres, de l’époque des dinosaures, aux périodes médievales, jusqu’au « futur », les gadgets se débloquant au fur et à mesure pour diversifier les situations. Et surtout, ce qui rend ce premier opus d’une courte série (deux autres épisodes sur PS2 et depuis, rien, à part un remake du premier sur PSP et des spin-offs sans intéret) culte pour certain, c’est que tout cela est accompagné d’une bande son composée par Sōichi Terada assez incroyable pour un jeu à l’univers si enfantin. On se retrouve effectivement très souvent avec de la musique éléctronique très rythmée, qui parfois s’éloigne carrément des mélodies mémorables pour de l’experimental pur, tout en rythmiques aggressives, dans la veine des délires de Yūzō Koshiro pour Streets of Rage 3. Déroutant, mais tellement inattendu et réussi. On notera aussi chose rare, pour l’époque, que le jeu, entièrement doublé en japonais avec ses qualités reconnues, a eu droit à de nombreuses localisations, dont deux en anglais (pas très réussies), et une assez délicieuse en français, à la fois mignonne et kitch, qui donnerait presque envie d’affronter de nouveau dans sa vie un jeu en PAL 50 Hz.
Matte les prix !
Ape Escape étant un jeu tout en générosité, trouver un bon paquet de médaillons planqués dans les niveaux permet de débloquer des mini-jeux assez amusants et plus poussés qu’on pourrait le penser : un jeu de course en ski qui utilise les deux sticks (un gimmick amusant qu’on retrouvera aussi lors des déplacements en barque pendant la quête principale), un jeu de boxe au moins aussi énervant et crevant que celui de Wii Sports (quand on a encore la naïveté de croire que nos mouvements sont fidèlement retranscrits), et enfin un shoot’em up spacial multidirectionnel qui rappelle beaucoup Geometry Wars. Déjà que la longévité du jeu est assurée par son côté Metroid qui pousse à revenir dans les niveaux avec les nouveaux objets débloqués pour atteindre des singes bien planqués, cette addition est aussi la bienvenue.
Vous l’aurez compris, Ape Escape en plus d’offrir un gameplay unique à cette série, est une réussite sur toute la ligne, même pas minorée par sa technique toussotante, et les plus réfractaires aux délires « kawai » s’inclineront sans doute devant l’inventivité et le challenge offert par ce jeu. A essayer au moins pour parfaire sa culture vidéoludique. Wukiki !!