Un « Dystopian Document Thriller », c’est ainsi que son créateur Lucas Pope définit ce jeu pour l’instant gratuit, en version bêta librement diffusée sur son site officiel, qui sort complètement des sentiers battus. Un véritable O.V.N.I en devenir !
Vos papiers, s’il vous plait…
Dans l’état communiste d’Arstotzka, vous êtes dans la peau d’un inspecteur de l’immigration. À votre guichet, vous voyez des têtes passer et devez les contrôler de plusieurs façons pour vous assurer qu’ils ont tous les droits de venir dans votre beau pays totalitaire. Tout commence alors avec de simples papiers à vérifier : résident ou non ? Si oui, vous tamponnez le Visa et le laissez passer. Sinon, il rebrousse chemin. Puis viens le second jour.
Deuxième jour, vos patrons vous disent que les frontières sont plus ou moins ouvertes aux ressortissants d’autres pays : vous devez les contrôler, vérifier leur visa, la date, la photo d’identité, le sexe. Grâce à un outil de comparaison de données, vous surlignez certains endroits du passeport de l’individu et tentez d’en déceler les irrégularités. Le cas échéant, vous le laissez passer.
Certains vous prendront en pitié, imploreront votre humanité de les laisser passer. Vous aurez le droit en tout et pour tout à trois erreurs avant d’avoir un blâme : en profiterez-vous pour jouer les bons samaritains ? Et cette personne qui vous insulte, avec ses papiers en règle, la laisserez-vous passer ? Ajoutez à cela des contrôles d’identité à base d’empreintes, des directives complexes avec un peu de géopolitique et vous aurez de quoi voir venir point de vue durée de vie et renouvellement du contexte.
Un fond d’Histoire tragique
Plusieurs événements changeront la donne de jour en jour, comme cet étrange homme qui revient avec un passeport « fait à la main » après que vous l’ayez envoyé paître faute de papiers. Ou cette femme qui vous signale qu’un criminel est posté dans la file d’attente et qu’elle vous conseille de l’emprisonner : allez-vous la suivre ? Sans parler de tous les terroristes qui se feront exploser près de votre poste de contrôle, des pages de journal mettant davantage de contexte à cette histoire et cette monotonie, cette répétition volontaire d’un travail loin d’être humain et qui vous pèsera au fur et à mesure de votre partie. La mise en abyme est incroyable.
Ce qui est « beau » dans Papers, Please, au-delà de son gameplay très évolutif et vous proposant plusieurs objectifs différents, des événements scénarisés qui chamboulent la partie, ce sont clairement les références historiques. On sait de quoi on parle ici quand on nous met aux commandes d’un poste de contrôle à la frontière d’un état totalitaire. En fin de journée, en fin « de tour » si l’on peut dire, vous obtenez votre argent. Une misère, que vous voyez dilapidée dans des soins pour votre famille, dans ce que vous donnez à l’état pour sa « grandeur », bref… On sent que derrière l’expérience proposée par le jeu, il y a une volonté de discours absolument parfaite.
Bref, « Papers, Please » est un de ces jeux à surveiller de très près, qui semblent d’ors et déjà nous promettre un petit bijou bien poli au final. En espérant qu’il passe lui-même la frontière du Steam Greenlight !
Un des jeux les plus prometteurs du moment. J’ai vraiment hâte d’essayer ça.