Conçu par Droqen, déjà connu pour Probability 0, Starseed Pilgrim est une de ces rares créations payantes. Il nous avait été conseillé par Michael Brough dans l’interview qu’il nous a accordé il y a peu de temps. Aux États-Unis, les critiques sont très souvent à mourir de rire : elles donnent le nom du jeu, vous disent que c’est poétique et puis se réfugient derrière la volonté de ne pas gâcher la découverte pour ne pas vous expliquer le gameplay. Alors que je vous l’avoue sans mal : je n’ai rien compris à Starseed Pilgrim et c’est pour cela qu’il est somptueux !
Le jardinier de mes rêves
Vous jouez un Pilgrim, un petit bonhomme dans un monde blanc, tenu sur de petites plateformes qu’il est possible de creuser à gauche, à droite et vers le bas. On peut sauter aussi, comme dans tout jeu de plateforme qui se respecte. Mais aucun tutorial ne vient nous aiguiller sur ce qu’on vient faire dans ce monde, ni même nous donner des indications sur les petits symboles qui se trouvent au dessus de notre tête. On creuse quelques blocs pour se retrouver devant un petit texte poétique et après, on retrouve cette horrible sensation de honte lorsque vous vous retrouvez à la piscine, que vous ne savez pas nager et que votre professeur vous jette dans l’eau de la façon la plus cruelle qu’il soit. Vous êtes le pauvre quidam qui se noie et Starseed Pilgrim est un océan d’inconnu et de questionnements divers.
Là normalement, je devrais vous dire que le jeu est sublime, poétique, magnifiquement envoutant, mais avant je vais oser vous en parler. Les petits symboles au dessus de votre tête sont des indications des graines que vous pouvez planter dans le sol, sur les blocs déjà présents à l’écran. Chaque couleur de symbole produit une plante aux propriétés différentes : la jaune généré de rapides et longues plateformes verticales ou horizontales, la bleu foncé une sorte de trampoline pour sauter plus haut, la rouge éclate à l’écran pour créer une énorme plateforme qui peut vous bloquer et vous forcer à tout recommencer, la cyan transforme les blocs adjacents en blocs de glace, les verts font pousser des petits coeurs, les roses poussent très lentement, etc.
L’autre monde…
Des blocs noirs indiquant une étoile semblent « contaminer » les blocs alentour. Si vous les touchez, vous vous retrouvez dans un monde monochrome sans plus aucun mouvement. Les petits coeurs générés par les graines vertes peuvent être collectés… Dans quel but ? Mystère.
Tout ce qu’on découvre rapidement c’est que seuls les blocs que vous avez fait pousser se transforment en « chemin praticable » dans le monde parallèle. C’est donc à vous de réussir à créer assez de plantes pour qu’un chemin se crée jusqu’aux blocs noir étoilés dont je vous parlais plus tôt qui, une fois changé de monde, cache une clé à collecter. Plusieurs clés sont disposées dans le même niveau et les obtenir toutes permet de progresser… Ou pas ? C’est compliqué tout cela.
Évidemment, la grande force de Starseed Pilgrim est de ne rien vous expliquer, de vous balancer dans un monde totalement incohérent aux premiers abords ponctué par des graphismes minimalistes franchement sympathiques et surtout, bercés par des musiques générées via les plantes que vous créez. C’est somptueux, à n’en pas douter. Point de vue expérience on en a magnifiquement pour son argent et c’est le genre de jeu artistique qui fait parler, qui partage, qui fait avancer la cause du jeu vidéo dans le bon sens.
Après, honnêtement, on ne vous en voudra pas si vous n’accrochez pas. Mais l’essayer semble quand même être très important pour votre culture vidéoludique, pour attiser votre curiosité, pour découvrir de nouvelles possibilités de jeu, tant il n’existe aucun titre comme lui à ce jour.