Moult soldats périssent sur le champ de bataille, je dédie donc ce journal à ma famille. Pour qu’ils puissent connaitre l’œuvre de ma vie si je venais à périr…
Premier jour
« C’est aujourd’hui le grand départ, le Général Yokoi sur ordre du président des États-Unis m’a choisi pour partir au front. Je me souviens parfaitement du premier son de la journée, la sonnerie du téléphone de Gunpei Yokoi… Elle me rappelle quelque chose : une femme en armure orange parcourant l’espace pour sauver le monde. Peut-être le générique d’un film de SF que j’aurai vu et dont Mr Yokoi serait fan, bref rien de précis.
Le plus grand ennemi de l’humanité a refait surface et c’est moi qui ai été choisi pour sauver le monde. J’en suis fier et vous l’avez compris, vous savez qui sont mes ennemis. Je parle bien sûr de ses pourritures communistes. »
Second jour
« Ma première expérience sur le front fut des plus éprouvantes, il m’a fallu esquiver des dizaines de tirs ennemis tout en contre-attaquant. D’après mes collègues de régiment, je serai le nouveau « Mégaman ». Je n’ai pas bien compris ce qu’ils voulaient dire, mais il semble que ce monsieur Mégaman soit une légende vivante parmi eux.
Le terrain est très peu praticable et j’ai dû apprendre de nouveaux mouvements pour pouvoir me glisser dans de petits passages. Je pense que j’aurai souvent de nouveaux mouvements à apprendre pour pouvoir progresser dans ce monde dévasté.
La journée s’est terminée après une confrontation des plus particulières nous opposant à une jeune fille endoctrinée par les communistes. Vêtue étrangement elle ne semblait pas très dangereuse, mais criait à répétition : « Meurt, sale capitaliste ! ». Je pense que la pauvre enfant a sombré dans la folie, comment rejeter notre modèle économique américain si efficace ? Je me le demande… »
Troisième jour
« Mon périple m’a conduit au moyen orient. Aujourd’hui, peu de communistes certes, mais bien d’autres brebis égarées. En effet le nombre de terroristes anti-américain est ici très élevé, je pense que ce peuple a peur de ce qu’il ne connait pas. Heureusement pour eux nous ne sommes pas méchants et une fois les quelques troubles fêtes neutralisés nous pourrons leur apprendre les mécanismes de notre civilisation. Car être américain, c’est aussi vouloir aider les pays moins développés.
Je suis tout de même épaté, malgré une qualité de vie plutôt mauvaise la technologie des armes est au contraire en avance. Nos divers assaillants sont équipés des modèles derniers cris et le tank que nous avons dû affronter en fin de journée était particulièrement curieux. Changeant de forme à plusieurs reprises, il me rappelle un peu ces jouets japonais ou l’on peut transformer des véhicules en robots humanoïdes. »
Quatrième jour
« J’approche de plus en plus du centre névralgique de la menace communiste, je parle bien sûr de la Russie. Je suis aujourd’hui dans un étrange bâtiment, j’y ressens une sorte d’aura très puissante, sans doute l’adrénaline dans mon corps. Mes compagnons de guerre ont préféré éviter cette zone, le simple fait d’évoquer le nom de cet établissement les terrorise. À bien y réfléchir Tchernobyl est un nom me rappelant quelque chose, je vérifierai cela à mon retour en Amérique.
Le sauvetage de la zone s’est soldé par un combat contre un homme aux vêtements et à la chevelure étrange qui sentait fort la bière à plusieurs mètres de distance. Il m’a semblé bien peu propre sur lui et aurait fait vomir certains de nos citoyens les plus puritains. Il me semble avoir déjà vu une célébrité du genre à la télévision, un certain maitre SEGA. Peut-être que ce jeune quelque peu égaré a voulu s’identifier à une personne connue pour tenter de réussir en société. J’ai bien tenté de la raisonner en lui proposant de rejoindre notre église et nos cours de couture, mais il n’a fait que hurler « ANARCHIE » en guise de réponse… »
Cinquième jour
« Je suis proche du but, je le sens. Certains ennemis se font plus virulents que précédemment, mais je reconnais bien les symboles communistes. J’ai par exemple combattu des hommes lançant des marteaux dans tous les sens. D’après mon ordre de mission ces jeunes hommes seraient frères et auraient vaincu l’un des meilleurs soldats de l’armée japonaise, un certain Mario. Drôle de nom pour un Japonais…
La guerre touchera bientôt à sa fin et je pourrai rentrer chez moi, fier d’avoir sauvé notre civilisation du déclin. Une dernière ligne droite et tout sera réglé. » »
Le récit de ce soldat héroïque quoique quelque peu interprété ne vaut-il pas mieux être vécu ? La guerre ne durera certes qu’une petite heure, mais vous y ressentirez toute la vision pixélisée de notre héros pour très peu de pertes humaines. En effet pour seulement 80 points Microsoft, soit un petit euro, vous pourrez revivre les aventures de ce nouveau « Megaman » à la sauce Game Boy. Le tout agrémenté de références rétro et d’une bonne dose de nationalisme américain à peine exagéré.