Dans le futur, les réseaux sociaux domineront le monde et Kram Gruckezber sera le patron d’une société immense qui se la joue Big Brother. Mais quand l’univers de Lovecraft vient mettre la zone dans tout ce « trop beau » monde, c’est l’apocalypse ultime dans le monde du Puzzle-Game en 3D…
Tous les chemins mènent à Cthulhu ?
Sept candidats sont donc choisis par le PDG de MagTech pour entrer dans un énorme complexe et tenter de débloque chacune des salles. Un seul sera choisi pour être l’égérie de la société qui lui paiera ensuite un voyage dans l’espace pour participer à la recherche spatiale. Dax Ward, un génie orphelin recueilli par le mutant Gamaji qui lui sert aussi de mentor et de coach dans cette aventure, va donc tenter le défi malgré son manque de « statut » face à des candidats bien plus populaires. Néanmoins, c’est dans sa peau que vous vivrez la plus excitante des aventures et que vous tenterez d’échapper à une mort atroce. Mieux encore : vous sauverez le monde.
Tout commence comme Portal, dans le principe. Vous obtenez un gant vous permettant de charger des objets en énergie. Vous choisissez les couleurs dans les options : à la base, c’est le rouge et le vert qui vous suivront tout au long des salles. Si vous chargez deux objets avec la même couleur, ils s’attirent. Si vous utilisez deux couleurs différentes, ils se repoussent. Et c’est ainsi que commence un véritable « triturage » de méninges comme seul ce genre de jeu peut nous en offrir.
Généralement, c’est à base de plateformes et de cubes que l’aventure se déroule. Vous chargez une plateforme avec une couleur puis pouvez apercevoir un halo lumineux orange vous signalant l’axe de mouvement de cette même plateforme. Quelquefois, à l’extrémité de cette lumière, vous y voyez une stèle mécanique pouvant elle aussi être chargée en énergie. Ainsi, vous pouvez faire avancer ou reculer votre plateforme comme bon vous semble. Ajoutez à cela des cubes qui peuvent décoller (avec vous dessus par exemple ?) via des couleurs bien utilisées ou encore, bloquer deux plateformes pour qu’elles prennent juste un peu de hauteur nécessaire pour résoudre un puzzle et tout de suite, vous voyez les possibilités de gameplay proposées. Certaines stèles vous permettant aussi de propulser un cube, histoire de compliquer les choses. Enfin, certains cubes sont explosifs et ne donnent le droit à aucune erreur lorsqu’on est à proximité.
Du très beau Lovecraft
Tout au long de la progression dans le jeu, les choses se compliqueront : des miroirs pour faire rebondir vos boules d’énergie, des énormes cubes à découper à coup d’énergie, un « chien mécanique » constitué de nanobots qui vous permettra de générer des zones d’énergie sans avoir besoin des stèles précitées… D’ailleurs, ce dernier gadget va changer la donne de la plupart des puzzles, permettant souvent de tricher avec le level-design. Plutôt réussi, celui-ci n’en est pas moins très facilement contournable pour qui n’hésitera pas à sortir des clous. Ce petit chien permettra aussi une certaine autonomie même si, en soi, pas sur que ce soit voulu par les développeurs…
Magrunner est très classique dans son approche. Il enchaîne une quarantaine de salles de test entrecoupées de chargements (très nombreux, comme dans Portal 2), propose un gameplay à base de couleurs et de réflexion et pose un univers très propre découpé en trois actes : la découverte, l’univers qui s’écroule et l’apocalypse. Et là, je me rends compte que je ne vous ai pas parlé de l’ambiance qui vous est cachée lorsque vous vous procurerez Magrunner. Si vous ne voulez pas en savoir plus, arrêtez-vous ici !
Comment ça, je ne parle pas de l’univers ?
Les titres de paragraphes vous ont évidemment mis la puce à l’oreille : l’univers de Lovecraft est complètement intégré au scénario du jeu. En effet, la base de test ou vous vous trouvez sera rapidement le centre d’une collision entre les deux univers. Le scénario est entièrement basé là dessus et il est inutile de vous spoiler davantage pour vous dire ce qu’il en est du jeu puisque cela n’a finalement rien à voir avec le gameplay. L’univers est posé, évolue, fait donc office de seul intérêt à la progression du joueur… Mais c’est une vraie réussite.
Quiconque connait de près ou de loin le mythe de Chtulhu sera aux anges. Mélanger un futur à la « 1984 » avec le mythe crade et spectral de Lovecraft rend les choses terriblement intéressantes et percutantes. Pourtant, une certaine répétitivité s’installe très vite dans la progression. On a pas de GlaDos pour nous donner envie de continuer et les personnages sont globalement très creux ou en tous les cas, pas franchement passionnants. Mais ce mythe, cette ambiance et les derniers niveaux sont une vraie carotte de bon gout pour les ânes joueurs que nous sommes.
Reste le final, grandiose visuellement, incroyable en sons et images, mais qui bouleverse d’une bien mauvaise façon le gameplay avec du lancer de cube explosif et de la plateforme au millimètre. C’est assez mauvais, en tous les cas, complètement violent à prendre en main et pour les connaisseurs, cela rappellera l’immondice découverte que furent les niveaux se déroulant sur XEN dans le pourtant sensationnel Half-Life premier du nom. Un gros défaut qui vient entacher un jeu très honnête, avec plein de bonnes idées, mais qui se repose avant tout sur un postulat scénaristique original et passionnant pour ne pas plonger le joueur dans une certaine léthargie. Si vous aimez Cthulhu, croyez-moi, Magrunner vaut le coup d’oeil.