Qui n’a jamais rêvé d’être chirurgien ? Vous non plus ? Pas grave, c’est quand même ce que vous offre le dernier jeu de Bossa Studios. Théoriquement, on nous promet une expérience pleine d’humour noir. Dans les faits ? Autopsie d’un titre qui ne plaira vraiment pas à tout le monde.
Won’t you help me doctor beat
Un peu d’histoire pour commencer. Fin janvier 2013, les youtubers et streamers du monde entier se passent un prototype fabriqué en 48h à la Global Game Jam sur le thème « cœur battant ». Moitié « Docteur Maboule », moitié QWOP, vous contrôlez l’unique main d’un médecin avec comme simples commandes une touche de clavier par doigt et votre souris pour positionner le bras. Avec ça, vous devez réaliser une transplantation cardiaque, c’est-à-dire casser la cage thoracique, balancer tous les organes trainant dedans où ça vous chante et remettre le cœur environ au bon endroit et dans le bon sens.
Cette démo gratuite était, vous vous en doutez, vraiment drôle. Cette impression de jouer un écorcheur amateur complètement bourré avec musique stérile et ambiance au diapason, avec comme seul indice de réussite ou non de notre méthode la vitesse à laquelle notre victime perds son sang était savoureuse. Alors, fort de ce bruit positif, les programmeurs ont décidé de se donner 48 jours pour améliorer ce qui a été fait en 48h. Exercice casse-gueule s’il en est, à peu près similaire à transformer un court-métrage marrant en un long… Pour un résultat approchant.
Couper / coller
Dans cette version complète, vous aurez trois procédures à faire. Une transplantation cardiaque, le replacement de deux reins et une greffe de cerveau. Si vous réussissez, vous pourrez les refaire dans une ambulance en mouvement. Et si vous fouillez assez, à nouveau dans un troisième mode secret. Et… C’est à peu près tout. Trois opérations donc, répétées à l’identique trois fois, plus un menu principal interactif. Sûr que ça ne fait pas très lourd au premier abord, même si le jeu recèle quelques easter eggs amusants. Mais si j’ai passé autant de temps à vous décrire la version freeware, c’est pour une raison simple : tout le reste, du gameplay à l’humour, est sensiblement identique.
On pourra répliquer facilement que l’intérêt de Surgeon Simulator 2013 n’est pas là. C’est une blague et une parodie tout du long, même si, à l’instar d’un QWOP, les plus acharnés pourront trouver une profondeur technique soulignée par un système de scoring qui exigera de faire un quasi-sans-faute. L’humour viens bien sûr des contrôles contre-intuitifs au possible et de voir les bout d’os et d’organe voler joyeusement à travers la pièce alors qu’on « soigne » notre patient au marteau, à la scie circulaire ou au scalpel. Et aussi de situation comme notre montre qui s’échape dans le ventre ouvert de notre malade, comme de se piquer avec une seringue d’anesthésiant par maladresse, ou comme ce fameux menu principal dans lequel le simple fait de changer une disquette ou décrocher le téléphone demande un doigté sans fin.
Transplant plan
Effectivement, c’est la vanne, et pour un jeu qui s’appelle « Surgeon Simulator », je suis à la limite de penser qu’en comparaison Trauma Center est une simu ultraréaliste. Ou à la limite, c’est une excellente simulation de main et de bras dans la peau de quelqu’un qui viendrait de s’en faire greffer un pour la première fois il y a cinq minutes. Il paraîtrait que même les programmeurs n’arrivent pas à jouer correctement à leur titre, qu’ils l’ont fait volontairement « mauvais » pour surligner les traits. Après, savoir si cette blague vous amusera plus loin que la première opération, c’est un autre débat. Toujours ce problème avec ce qui se repose entièrement sur l’humour…
On pourra déplorer qu’il n’y ait pas eu plus de variations dans les procédures. Une petite suture ou une fracture à remettre en place aurait pu être « drôle ». On peut aussi se dire que pour un jeu programmé en un mois et demi et à dix euros, c’est déjà pas mal. Mon conseil, testez le prototype de la Global Game Jam. S’il vous fait marrer comme un bossu, pas de problème : foncez prendre Surgeon Simulator 2013, vous ne le regretterez probablement pas. Si ça n’est pas le cas…