Au fil du temps, j’ai développé une méfiance quasi paranoïaque vis-à-vis des jeux à gros pixels. Cet atout, utilisé à tort et à travers pour justifier souvent n’importe quoi, m’a lassé. Mais il arrive parfois de faire la rencontre d’un jeu qui bouleverse vos jugements et devant lequel vous ne pouvez que bégayer un « Ohhhh » d’admiration. Le titre dont je vais vous parler aujourd’hui est l’un d’entre eux.
Un hybride ingénieux
Cubetractor nous vient tout droit des fourneaux du petit studio Ludochip et se revendique comme un « nouvel hybride rétro entre puzzle, action et stratégie ». Derrière cette appellation barbare et peu alléchante se cache en fait un jeu simple et ingénieux. Dans un univers coloré et tout mignon, vous incarnez un « quadribot » (une sorte de robot) du nom d’Endroi que vous suivrez durant son apprentissage de l’art de l’attraction des cubes. Malheureusement pour vous, quelques rabats-joie ne sont pas trop d’accord avec vos pratiques et décideront donc de tout faire pour vous arrêter. Un scénario relativement correct donc, qui permet de mettre en place un cadre bien précis autour du reste du jeu. Et là, permettez-moi d’adresser une mention spéciale à l’idée qu’ont eue les développeurs d’inclure le tutoriel dans le scénario, de lui faire suivre la logique de l’histoire, car effectivement, l’apprentissage du “Cubetracting” par Endroi correspond à votre apprentissage des mécaniques du jeu.
Il est désormais temps de parler du gameplay. Vous l’aurez peut-être compris, mais ici, pas de fusils, de grenades, de bombes ou quoi que ce soit, seulement des cubes à déplacer. Deux possibilités s’offrent à vous, soit vous lancez tout simplement les cubes vers vos ennemis afin de détruire leurs constructions, soit vous “combinez” deux cubes en les envoyant l’un contre l’autre afin de former une tourelle, une barrière, etc. Le but du jeu est de battre votre adversaire en détruisant toutes ses “machines” tout en récoltant les batteries que ces dernières laissent tomber à leur mort. L’idée est splendide et magnifiquement mise en oeuvre. Cependant, quelques problèmes de ralentissements récurrents additionnés à une difficulté démoniaque altèrent la précision et la concentration nécessaires à la réalisation des niveaux, pouvant provoquer parfois quelques ragequit violents.
Egalité ! Egalité !
Les deux personnes à l’origine de Cubetractor ont également voulu instaurer une sorte d’égalité des forces. Les ennemis ne sont jamais plus puissants ou plus faibles que vous. Ils possèdent exactement la même puissance que vous, jamais ils n’auront des caractéristiques que vous n’aurez pas, et vice-versa. (Mal)heureusement pour nous, nous ne pourrons donc plus nous justifier avec l’excuse typique du “maaaaaais, les ennemis sont trop cheatés”. Quoi qu’il en soit, l’idée est intéressante et donne même parfois l’impression de jouer contre un véritable adversaire.
Histoire d’en finir avec les défauts, je ne peux que déplorer l’absence d’une musique moins répétitive, que vous finirez sans doute par arrêter très vite, si vous ne souhaitez pas devenir complètement fou. À part cela, on avance gentiment, la durée de vie est bonne avec près de 40 niveaux bénéficiant d’une (très) bonne rejouabilité. Les développeurs ont en effet insisté sur l’aspect “speedrun” de leur titre. Plusieurs niveaux de récompense, dépendant du temps, du nombre de batteries collectées et du nombre de coups pris, sont présents pour chaque niveau : argent pour les gens normaux, or pour les hardcore gamers et maître pour les monstres de la vitesse. Et c’est ce que j’aime beaucoup dans Cubetractor, le jeu est un “mix” de plein de genres à la fois, mais ses créateurs n’ont gardé que le meilleur de chacun, créant ainsi un gameplay unique et très plaisant.
Sinon, la réalisation graphique en 8-bit est excellente. On sent que cette pixellisation était un choix et non une contrainte, on s’arrête parfois simplement pour apprécier les teintes chatoyantes utilisées. Enfin, les dialogues précédant chacun des niveaux sont agrémentés d’un humour, qui, si vous maîtrisez un peu l’anglais, vous fera esquisser un sourire à chaque fois. Pour conclure, Cubetractor est le genre de jeu que l’on voudrait voir plus souvent. Simple, modeste, coloré, frais, innovant et ingénieux, c’est un véritable must-have. Vous ne regretterez pas les 10€ que coûte le titre.
Très bon article ! 🙂