Les J-RPG reviennent en force via KochMedia qui nous en édite plusieurs en France. Pas traduits pour autant (mais l’effort reste considérable) ces jeux nous sortent en version Anglaise sans aucune communication ni de grosse publicité. Du coup, il fallait absolument qu’on vous en parle…
La volonté de bien faire
Time & Etenity est développé par Imageepoch, les créateurs de Luminous Arc sur Nintendo DS ou encore Arc Rise Fantasia sur Wii. Leur volonté avec Time & Eternity est de propose un jeu entièrement réalisé comme un dessin-animé et dès les premiers instants, cela se ressent. Tout commence avec l’histoire du héros qui est destiné à se marier avec Toki, une gentille fille qui va devenir l’héroine (retournement de situation !) lorsque le présumé héros va se faire tuer pendant leur mariage. Des terroristes entrent de force dans l’église et assassinent son « beau prince » sous ses yeux : Toki se transforme alors en véritable furie et les affronte, mais elle ne sauvera pas son promis. Elle décide alors de remonter dans le temps pour découvrir ce qui s’est passé, qui est l’instigateur de cet assassinat et comment changer le cours de l’histoire. Plus amusant par contre : le garçon n’est pas mort et s’est réincarné dans le corps du petit dragon Drake. Il ne parle pas la même langue que la belle et sera alors le cachet Humour du jeu.
Visuellement, c’est très bizarre. Entièrement dessiné à la main, le jeu mélange des personnages toujours en 2D plate avec des environnements en 3D très peu convaincants la plupart du temps. L’impression de jouer avec des personnages « sortant » de l’écran est vraiment prononcée et gâche un peu l’idée, tant celle-ci avait du potentiel. Time & Eternity est gênant dans son approche, possède des graphismes perturbants et jamais harmonieux. Par exemple : lors de vos balades dans les mondes un minimum ouverts, vous verrez votre personnage de dos et aurez la fâcheuse impression de jouer avec une Gif animée qui tourne en boucle sur votre écran. Dommage !
Parlons justement de l’exploration : au cours de l’histoire (qui dure une trentaine d’heures avec plusieurs retournements de situation bienvenus pour la dynamique), vous devrez seulement sélectionner des lieux sur une carte pour vous y rendre. Certains lieux seront des fonds fixes avec d’autres « lieux à cliquer », menant à des quêtes annexes et de l’investigation. Tout se passe alors en scène de dialogue très mornes, bien que l’écriture soit assez drole par moment. Si vous avez de la chance, vous choisirez par contre des lieux « ouverts » ou vous traverserez une carte à la recherche de quêtes annexes et de monstres à tuer pour augmenter votre jauge d’expérience et là, il faut l’avouer, c’est fun.
Baston paresseuse…
Time & Eternity est très bancal, néanmoins ses phases « sur carte ouverte » sont plutôt amusantes graçe à une dynamique réussie entre la recherche d’objets, de lieux importants et de combats. Attention : ce n’est pas du grand art puisque les zones sont très petites et surtout, qu’absolument tout est indiqué sur votre mini-carte, du simple objet « rare » à dénicher dans un coffre jusqu’aux quêtes secondaires à valider. Du coup c’est une vraie balade de santé et aucun véritable défi ne vous y attend, surtout que les checkpoints et les points de sauvegardes sont très nombreux. C’est donc amusant, mais pas de quoi s’emballer : c’est toujours aussi perturbant et on se demande bien ce que les développeurs ont réellement voulu faire avec ce jeu.
Les combats sont aléatoires et comme dans les jeux les plus ancestraux, on ne voit pas les ennemis dans le décor avant de les affronter. Ceux-ci se battent toujours en « un contre un » et si plusieurs ennemis vous attaquent, vous devrez les affronter chacun leur tour : encore un truc qui perturbe plus qu’il ne convainct. Mais le pire est clairement dans les combats !
Quand les ennemis vous attaquent, vous pouvez esquiver (en faisant un pas sur la gauche ou la droite) ou bloquer. De votre coté, vous devez attaquer de loin avec un fusil ou vous rapprocher et frapper au corps à corps. Vient alors un sorte de jeu de rythme assez perturbant ou vous devez frapper, attendre que l’ennemi prépare son coup, esquiver ou bloquer au bon moment puis refrapper encore. Les animations sont longues à se déclencher et chacune de vos action demande une précision impossible à expliquer, ou vous gérez la longueur de l’action, son temps de réaction, etc. En gros, vous faites avec les défauts du jeu pour tenter de comprendre comment ne pas prendre mille-et-un dégât dans la figure. On s’y fait rapidement mais à chaque nouvel ennemi (malheureusement, il ne sont pas bien diversifiés) on doit changer de tactique et surtout, passer quelques premiers combats à morfler avant de saisir le rythme. Reste qu’après, c’est d’une facilité déconcertante et vous vous ennuierez bien vite à répéter toujours les mêmes actions.
Des choses à sauver malgré tout !
Time & Eternity n’est clairement pas un mauvais RPG, il est juste complètement en retard face à la concurrence et ne parvient pas à proposer une experience complète et vraiment intéressante. L’histoire à elle seul parvient à empêcher le jeu de sombre dans la fosse aux daubes, pourtant déja bien remplie. Mais il faut dire qu’on accroche vite au récit, proposant d’ailleurs la venue très importante (au coeur du jeu) d’une double personnalité pour Toki qui peut devenir… Towa, son parfait contraire, une fille au sale caractère, beaucoup moins humaine dans sa façon de voir les choses et qui la joue beaucoup plus bourrine pendant les combats… Même si cela ne change pas grand chose à ceux-ci au final.
Je pourrais vous parler de la jauge d’expérience annexe qui vous permet de débloquer des compétences pour chacune, des musiques excellentes (qui parviennent elles-aussi à relever les niveaux) ou des nombreux chapitres du jeu qui le découpe avec beaucoup de maitrise du récit, mais on va faire simple : Time & Eternity n’est pas un bon RPG et est vraiment perturbant visuellement, mais il a un peu de charme et parvient à nous sortir de l’ennui dès que les personnages discutent entre eux et que l’histoire prend le dessus. Si vous aimez les bonnes histoires à la japonaise, alors vous apprécierez ce titre malgré ces nombreux défauts. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Time & Eternity est raté dans bien des domaines et aurait pourtant pu être terriblement accrocheur avec une histoire pareille. Dommage que la direction artistique et l’absence d’intérêt des combats sabote le tout.