Total War : Rome II

Cela fait maintenant plus de 10 ans que la série des Total War règne en maître sur le monde des RTS à grande échelle, permettant de gérer sa faction au tour par tour sur une carte de campagne et mettant en scène plusieurs milliers d’unités dans des combats en temps réel vraiment épiques. Total War : Rome II est un jeu de stratégie développé par The Creative Assembly et édité par Sega. Il est disponible sur Steam pour 54,99€.

Qu’il est beau !

Chaque épisode est d’excellente qualité, repoussant toujours un petit plus loin le réalisme et les possibilités, tant au niveau de la gestion de sa civilisation qu’au niveau des combats. J’ai toujours été un grand fan des Total War, et ce depuis les débuts de la série. Par ailleurs, Rome premier du nom est certainement l’épisode que j’ai le plus joué (au coude à coude avec Medieval II). J’attendais donc sa suite avec une grande impatience. Mon verdict ? Si vous êtes un amateur de jeux de stratégie, que vous connaissiez ou non la saga Total War, économisez vous du temps de jeu, et allez l’acheter tout de suite, vous lirez mon test pendant le téléchargement.

Oui, Rome II est un de ces jeux-là, un de ces jeux qu’il faut avoir joués pour espérer faire croire à quidam qu’on aime un tant soit peu la stratégie.

Juste une petite précision à apporter avant de commencer, Rome II est le premier opus que je vais tester. Je m’étais contenté jusqu’alors de jouer aux divers jeux de la saga et de les apprécier sans me poser plus de questions que ça ni sans aller chercher la petite bête. Si je vous écris cette petite parenthèse, c’est un peu pour me dédouaner de ce qui va suivre. Je vais mentionner certains défauts et bugs qui existent peut-être depuis les premiers Total War mais dont je n’avais jamais vraiment prêté attention tant le plaisir de jeu était grand. Je n’aurais probablement jamais relevé ces soucis si je n’avais pas eu à rédiger un test, mais je vais le faire parce que c’est mon boulot de testeur de pointer du doigt ce genre de truc.

En premier lieu, ne vous laissez surtout pas tromper par la cinématique de lancement, de qualité vraiment moyenne par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir dans la série (oui, ce n’est qu’un détail, mais j’ai dit que je ne laisserais rien passer), le jeu est vraiment magnifique. De la végétation aux diverses unités, en passant par le relief et les bâtiments, c’est une véritable claque visuelle qui vous attend, à condition, malheureusement, d’avoir une bête de compétition. Mais même les plus grosses configs devront mettre un genou à terre sur certaines cartes lors de l’affichage des milliers d’unités, c’est le prix à payer. Rassurez-vous, un très grand nombre d’options graphiques vous permettront de le faire tourner sans problèmes sur des ordinateurs qui ont déjà vécus, mais si vous avez Le PC qui va bien (avec un grand L et un grand P) et que vous le faites tourner à fond (ou presque), vous allez vraiment en prendre plein les yeux.

Un peu de renouveau…

Parmi les nouveautés, on a maintenant accès à une carte tactique, carte qui apporte énormément de lisibilité au champ de bataille. D’un coup d’oeil, en switchant avec TAB, on sait où se situe l’ennemi visible par rapport à nos troupes. Ennemi visible ? Eh bien oui, en plus d’avoir la possibilité de se cacher dans les forêts pour tendre des embuscades, il faudra faire avec le relief. Les unités ne pouvant voir derrière une montagne ou une colline, il sera impératif d’envoyer un éclaireur pour repérer les mouvements ennemis (cela vaut aussi bien pour la partie bataille en temps réel que pour la partie gestion au tour par tour).

On peut aussi désormais gérer des débarquements depuis la mer directement pendant les phases de batailles, c’est un plus stratégique indéniable, d’autant plus que les combats navals sont toujours aussi spectaculaires, entre les manoeuvres tactiques, les bateaux qui s’éperonnent avec violence et les abordages. Les combats au sol ne sont pas en reste, avec un niveau de détails tout bonnement hallucinant et des animations de combat de folie. Je ne vais pas m’éterniser là-dessus, car ça a toujours été la force des Total War, de proposer des combats réalistes et impressionnants de crédibilité. Sachez juste que cet opus ne déroge pas à la règle, et va encore un peu plus loin (et comme j’ai la très fâcheuse habitude d’admirer les combats caméra au sol, je me fais souvent surprendre par la cavalerie ennemie ou une quelconque manoeuvre de débordement).

La carte de campagne a été agrandie depuis le premier Rome, et nous avons maintenant accès à de nouvelles civilisations. Ce sont pas moins de 117 factions qui sont présentes, mais “seulement” 9 sont jouables (12 avec le DLC). Certaines des factions jouables sont divisées en plusieurs familles (jusqu’à 3), chacune apportant divers bonus et malus. Je reparlerais de ce système de famille lorsque j’aborderais la politique. Toutes ces factions se partagent les 183 villes de la carte (chaque ville représentant une région), elles-mêmes regroupées en 57 provinces. Une province peut contenir jusqu’à 4 villes (dont une capitale), et les bonus des bâtiments des villes sont appliqués à toute la province. Bon, c’est peut-être un peu flou dans votre esprit balancé comme ça, mais ce système est vraiment génial.

Sachant qu’il sera rare que vous possédiez une province au complet, il faudra essayer de garder un équilibre entre les bâtiments de production, de commerce et de recrutement des troupes dans chacune de vos villes. Y maintenir l’ordre public ne sera pas une mince affaire, surtout si vous la partagez avec une culture étrangère ou si vous êtes un adepte de l’esclavage (qui apporte un bonus économique relativement conséquent). La rébellion n’est jamais bien loin, surtout si on ne prête pas attention à ses régions. Prendre une ville fait également baisser de manière conséquente la stabilité provinciale. Gardez cela en tête avant de vous lancer à la conquête de plusieurs villes d’une même province dans le même tour, ou dans un laps de temps relativement court.

Une I.A avec ses hauts et ses bas…

Vous serez évidemment tenté de contrôler toutes les villes de chaque province où vous êtes implanté, mais ce serait une énorme erreur stratégique, dans le sens où vous aller vous attirer les foudres de tout le monde et ne pourrez plus vous faire d’alliés, et croyez moi, seul sans alliance, vous n’irez pas loin ! Habitués de la série, vous n’aurez aucun mal à prendre en main cet opus, vous retrouverez très rapidement vos marques et apprécierez les quelques ajouts, améliorations et particularités. Sinon, et comme pour chaque Total War, il faudra passer par une phase d’apprentissage et de prise en main, très bien retranscrite dans le long (et sublime) prologue qui fait office de tutoriel. Je vous conseille également de lire l’encyclopédie “in game”, elle fourmille de conseils et astuces pour vous simplifier la vie et vous apprendre à maîtriser le jeu (sur la carte de campagne, un clic droit sur une unité ou un bâtiment ouvrira sa page dédiée dans l’encyclopédie, c’est très pratique).

Passons maintenant aux choses qui fâchent, comme précisé plus haut, ce ne sont que des détails, mais je suis obligé de les mentionner pour rester un minimum impartial et vous présenter le jeu tel qu’il est vendu. Dans ma version de test, j’ai eu quelques bugs et des soucis de stabilités. Le jeu sauvegardant à chaque tour, rien de bien pénalisant pour les crashs, mais concernant certains bugs, c’est une autre histoire. Si les animations qui ne se lancent pas et les unités mortes qui restent debout et immobiles ne gênent en rien le gameplay, l’IA adopte parfois un comportement vraiment spécial. Parfois c’est hilarant, comme cette armée ennemie qui me charge, se prend une volée de flèches, se replie, revient à la charge, se reprend une deuxième volée de flèches, se replie, et ainsi de suite jusqu’à éradication complète…

Parfois, ça nous “arrange”, comme cette grosse armée en renfort près d’une ville sur la carte de campagne qui décide de s’en aller lorsqu’on s’approche pour attaquer, laissant la ville sans aucune surveillance ni aucune résistance… Et parfois, c’est très frustrant, comme cette immense armée qui prend d’assaut ma capitale sans engin de siège ni échelle et qui reste donc figée à l’autre bout de la map, incapable de rentrer dans la ville à cause des murailles, et hors de portée de mes tours et archers. Si je sors les chercher, je me fais exterminer (ils sont 100x plus nombreux que mes quelques troupes en garnison), et si j’attends… Et bien je me tape les 60 minutes de batailles (oui, il y a bien l’avance rapide, mais je trouve qu’elle n’avance pas grand-chose). Mais l’IA peut aussi être surprenante d’ingéniosité, je ne sais pas si elle le fait exprès et si elle s’en rend compte, mais elle peut être redoutable par moment, et annihiler toute forme de stratégie qu’on aurait pu mettre en place au moment du déploiement.

Évidemment, il faut relativiser tout ça, les quelques soucis que j’ai pu avoir, que ça soit vis-à-vis des crashs, des bugs ou de l’IA, sont à répartir sur les quelque 60h de jeu que j’ai déjà à mon actif, ce qui ne les rend pas si fréquents qu’on pourrait le croire en me lisant. De plus, il y a déjà plusieurs patchs de prévus pour corriger tous ces petits soucis, IA incluse apparemment, donc wait & see, mais pour le moment, je juge le produit tel qu’il est vendu. Tant que je suis dans la liste des choses qui fâchent, le passage au tour suivant peut être effroyablement long, d’autant plus si vous n’avez pas désactivé les déplacements IA. Je sais que c’est super pratique de voir les déplacements ennemis, mais oubliez et désactivez cette option dès le lancement du jeu. Si vous ne le ressentez pas trop en début de partie, c’est lorsque vous allez commencer à vous étendre et à rencontrer du monde que vous repenserez à moi. Prévoyez du café et des petits gâteaux.

Politique et changements

Je regrette aussi la politique du premier opus. Ici elle est vraiment reléguée au second plan, lorsque vous jouez Rome par exemple, vous jouez Rome dans sa totalité, et devrez mener les batailles dans toutes les directions (et croyez moi, aller jusqu’en Gaulle est un vrai challenge tellement vous allez être ennuyé de tous les cotés). Dans le premier opus, les 3 familles qui composaient Rome étaient 3 factions alliées, chacune ayant son propre objectif et il fallait se démarquer des autres familles pour gagner du pouvoir à Rome. Ici, vu qu’on contrôle les 3 familles, on se moque un peu de qui va avoir du pouvoir à Rome… Il y a bien ce système de Gravitas, d’influence dans la faction, de promotion des membres de sa famille, de mariage des membres d’une autre famille avec une fille de la sienne, d’assassinat ou de rumeur à répandre pour faire perdre sa crédibilité à un membre trop influant d’une famille “rivale”, mais au final, ça n’apporte rien de vraiment concret.

Je n’ai donc pas vu en quoi l’aspect politique influait grandement sur quoi que ce soit, c’est vraiment secondaire, juste pour dire que c’est là, et vous n’y toucherez très probablement jamais. En revanche, côté Gaulois, c’est plutôt jouissif. Vous jouez l’Arvernes, et il faudra rassembler tous les peuples pour former la confédération gauloise et repousser les Romains (ainsi que les Germains et les Britanniques). Ça se fera soit par la force, soit par relations diplomatiques amicales, soit par la peur. En effet, plus vous êtes puissant, et plus vous faites peur, et ça se ressent au niveau diplomatique, quelle que soit la civilisation qu’on joue.

La diplomatie est au coeur de tout le jeu. Elle a toujours eu une place importante, mais c’est d’autant plus vrai dans ce Rome II. Établir des routes commerciales et former des alliances sont indispensable si vous comptez passer les 30 tours (ah je ne dis pas, vous allez vous sentir puissant d’écraser tous vos voisins, mais vous allez énerver du monde, beaucoup de monde, et vous vous en mordrez les doigts à un moment ou un autre). Vous avez aussi la possibilité de soumettre une civilisation en tant qu’état-client (ou satrapie, l’équivalent perse), qui sera alors sous votre protection et vous reversera un (faible) tribut à chaque tour. Cependant, si vous la soumettez par la force, elle ne vous aimera pas pour autant et ne vous apportera donc pas grand-chose (refusant tout commerce), si ce n’est de vous emmerder quelques dizaines de tours plus tard lorsqu’un de vos alliers voudra la réduire en cendre, ou encore lorsqu’elle se rebellera au moindre signe de faiblesse de votre part.

Les alliances sont donc indispensables, mais vous allez être confronté à des dilemmes cornéliens. Déclarer des guerres non voulues à cause d’un allier un peu agressif ou rompre votre alliance avec ce dernier, ce qui serait très mal perçu par tous vos autres alliers, qui ne vous estimeront plus dignes de confiance ? Chaque décision, que ce soit au niveau diplomatique ou au niveau de la carte de campagne, aura ses conséquences. Vous ne les verrez pas forcément venir, et vous les paierez parfois très cher. Et c’est ça qui rend le jeu aussi bon.

Décisions importantes

Déclarer la guerre à un ennemi lointain pour faire bonne impression auprès de ses alliers proches, puis voir débarquer quelques tours plus tard une flotte d’invasion de ce dernier qui aura traversé toute l’Europe pour nous faire payer notre choix. Accepter de prendre sous sa protection en tant qu’état-client un ennemi qui nous supplie de l’aider et nous offre tant de richesses, au risque de frustrer tous nos alliers sur le point de le détruire ? Ce genre de décisions ne sont pas rares, surtout sur des parties un peu plus avancées, et vous feront réfléchir de longues minutes aux diverses probables conséquences de chacun de vos choix.

Comme dans le premier opus, vous recevrez régulièrement des missions pour “vous guider dans la marche à suivre”, mais vous êtes vraiment libre de les accomplir ou non. Vu qu’elles apportent pas mal de bonus et d’argent, vous allez être fortement tenté de les effectuer, mais rien ne vous y oblige pour atteindre votre objectif ultime, qu’il soit militaire, culturel ou diplomatique. Il faudrait encore que je vous parle du multijoueur, permettant des batailles jusqu’à 4vs4 et une campagne jouable en coopération ou en 1vs1, mais il n’apporte pas grand-chose par rapport aux anciens épisodes, ce qui ne lui empêche pas d’être toujours aussi bon 🙂

Rome II Total War est donc un excellent cru, après un Shogun 2 vraiment réussi, The Creative Assembly confirme (en avaient ils réellement besoin ?) et renforce encore (pour peu qu’il puisse encore l’être) leur statut de rockstar dans le domaine du RTS à grande échelle. Car oui, je l’ai déjà écrit plus haut, mais la citation est parfaite, aussi bien pour introduire mon test que pour le conclure : Rome II est un de ces jeux-là, un de ces jeux qu’il faut avoir joué pour espérer faire croire à quidam qu’on aime un tant soit peu la stratégie.

Petite précision : Un DLC « Pack de civilisations grecques » est déjà disponible pour la modique somme de 7.49€. Vraiment, je déteste ce genre de pratique (DLC le jour J), mais vu qu’il était offert pour toute précommande du jeu, et qu’il vaut vraiment le coup, pour une fois, je ne vais pas trop rechigner. Il propose pas moins de 3 nouvelles factions jouables parmi les Grecs : Athènes, Épire et Sparte (autant vous dire qu’il est presque indispensable).

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