Incontournable, merveilleuse, pleine d’émotions, sensationnelle… Les adjectifs qualifiants la série des Kingdom Hearts est toujours dithyrambique auprès des fans. Néanmoins, ces jeux ont vieilli et Square Enix a eu la riche idée de sortir cela en une première compilation. Et vous savez quoi ? Même pour les fans, faire le point sur l’histoire, ce n’est pas du luxe !
Le gros coup de vieux
Kingdom Hearts, c’est l’idée du jeune Nomura (devenu grand) qui après de nombreuses années chez Square Enix a obtenu ses lettres de noblesse en mélangeant habilement les mondes de Final Fantasy et Disney dans une seule et même histoire. Depuis, il y a eu un second épisode bien au-dessus du reste et Nomura est parti bosser sur celui qu’on appelle désormais Final Fantasy XV. Attention : résumer Nomura à Kingdom Hearts serait triste, tant son C.V est énorme au sein de Square Enix. Mais ce crossover est en tous les cas son bébé, bien complexe, que cette compilation nous permet de reprendre de zéro.
Sora est un jeune homme vivant sur une île ou se trouve aussi ses amis Kairi et Riku. D’autres enfants sont aussi leurs voisins, mais ce trio nous intéresse avant tout, car contrairement aux autres, il ne vient absolument pas d’une quelconque franchise Final Fantasy ou Disney : ces trois amis sont au centre d’une gigantesque histoire qui commence avec un Kingdom Hearts premier du nom ayant pris un méchant coup de vieux. Via un scénario que je ne vais pas vous gâcher, vous allez jouer le jeune Sora, allez devoir parcourir les mondes de Disney pour poursuivre une épopée gigantesque et sauver vos amis coute que coute. Pour cela vous serez aidé des deux plus fidèles soldats du roi Mickey : Donald et Dingo. L’un est un magicien, l’autre votre garde du corps le plus efficace. Action-RPG de son état, Kingdom Hearts vous propose alors des combats directs à l’aide d’un menu un peu complexe à utiliser.
Si vous frappez avec un bouton, esquivez avec un autre et pouvez sauter avec un troisième comme dans tout jeu d’action de base, Kingdom Hearts met en place plusieurs éléments originaux. Tout d’abord, un « menu de combat » vous demandant de jouer des flèches pour changer de catégorie, choisir vos magies ou vos potions que vous voulez utiliser et cela sans aucune pause, en plein combat. C’est difficile, injuste et on se prend mille et un dégâts à vouloir éviter tout ce qui nous tombe dessus pendant qu’on essaie de choisir la magie qui fera du mal à notre adversaire. Mais à l’époque déjà, Kingdom Hearts n’était pas le jeu le plus parfait du monde, loin de là.
Avec la vieillesse, cela a empiré : c’est plutôt moche (même si le travail de remise à niveau Haute Définition est extrêmement correct, avec de nouveaux fonds en 2D, un réajustement des textures, etc), le gameplay est toujours aussi horrible principalement dans un système de saut qui manque totalement de justesse et seules les musiques sont bien meilleures, réorchestrées pour l’occasion. Les plus nostalgiques s’en plaindront peut-être ? Sur qu’on aurait aimé voir le gameplay corrigé, mais tant pis : il va falloir faire avec.
Un début chaotique
Le pire avec Kingdom Hearts, c’est le commencement. De longues heures à tourner en rond, un monde d’Alice aux Pays des Merveilles tortueux et énervant (puisqu’on a aucun moyen de se battre autrement qu’en fonçant et esquivant), mais au fur et à mesure de la progression, on débloque enfin des compétences intéressantes. De nouveaux coups qui vous coutent des points de compétences, limités : dans votre inventaire, vous devrez donc choisir les compétences que Sora pourra utiliser activement pendant les combats ou passivement, comme le scan des ennemis vous signalant leur vie. Il faut donc attendre au moins cinq bonnes heures avant de commencer à prendre gout à Kingdom Hearts ! Mais après, quel bonheur…
Car la découverte des univers et de l’histoire principale, profonde, un peu abusive sur certains points, très japonaise dans son traitement, est le réel point fort de ce premier opus que le joueur doit mériter avant d’en découvrir tout l’intérêt. Et pourtant, des mauvais choix de Game Design, vous en aurez d’autres ! Je ne vous parle même pas du monde sous-marin de La Petite Sirène qui va vous faire jeter votre manette plusieurs fois.
Malheureusement, pour ceux ayant déjà terminé le premier volet sur PlayStation 2, cette version HD aussi travaillée soit-elle est réellement difficile à terminer tant les défauts explosent au visage de ceux qui en ont finalement retenu uniquement les qualités. Le scénario ? Vous le connaissez. La progression ? Déjà fait. Les héros, mondes et références ? Du déjà vu. Face au gameplay très bourrin du second jeu, le premier fait pâle figure et ne se destine absolument qu’à ceux l’ayant raté sur la précédente génération de consoles. Tout le contraire de RE : Chain of Memories, en somme !
La Game Boy Advance a bien changé…
RE : Chain of Memories est LE jeu de cette compilation. Version 3D « PlayStation » du jeu 2D « Nintendo » sorti sur Game Boy Advance, Chain of Memories propose un scénario simple (Sora doit recomposer sa mémoire et ses rencontres de Kingdom Hearts dans le manoir Oblivion, ou règnent d’étranges personnages habillés en noirs) qui mène vers tous les plus grands retournements de situation du formidable Kingdom Hearts 2. Du coup, non seulement il est un plaisir à découvrir, mais il sublime clairement la version portable. Proposant qui plus est deux histoires, celle de Sora puis celle de Riku (avec Mickey en guest-star), Chain of Memories est vraiment un beau prolongement de l’aventure originale. Mais même le gameplay est intéressant.
À base de cartes à jouer, les combats se font beaucoup plus tactiques et amusants sur certains points. Évidemment, il va falloir saisir le concept des numéros de carte, des types (les alliés à appeler à la rescousse, les effets personnels, les effets sur les ennemis, etc), mais aussi en garder pour ouvrir les portes du Manoir. Chaque carte permet à la pièce suivante d’être composée de ce que vous voulez, en fonction de votre deck. Ainsi vous aurez des zones de combats ou des zones de repos, tout un tas de variantes originales, une boutique MOG pour vous améliorer et des bases reprises, mais chamboulées avec intellect. C’est plus difficile d’y entrer, mais Chain of Memories ne déçoit vraiment pas au final.
Un petit film interactif pour finir ?
Reste à parler de l’adaptation du seul Kingdom Hearts à être sorti sur Nintendo DS : Kingdom Hearts 358/2 Days. Celui-ci se déroule parallèlement entre le premier jeu et le second et raconte l’épopée d’un Roxas, un personnage bien connu des joueurs de Kingdom Hearts 2. On ne va pas en dire plus, ce n’est pas nécessaire : il n’empêche qu’ici, le jeu n’a été porté que dans ces vidéos. Exit le gameplay, simple, mais amusant, des missions à lancer sur la petite portable à double écran de Nintendo. On suit juste les cinématiques, quelques dialogues sur fonds non-animés et c’est tout. C’est amusant, plutôt bien réalisé, mais clairement, ça ne remplace pas le jeu original. Reste que c’est un bon moyen de se rattraper si on manque de temps (ou d’envie) de se jeter sur ce titre portable.
Que dire donc de cette compilation si ce n’est que comme prévu, elle fait bien son boulot ? Le premier jeu a sacrément vieilli, ça c’est une certitude, et ce même avec les quelques améliorations faites sur cette version HD vraiment réussie malgré tout. RE : Chain of Memories est la bonne surprise du disque puisque c’est une version 3D jamais sortie dans notre pays et qui permet aux joueurs d’éviter le jeu GBA très sympathique mais pas très pratique/un peu frustrant à jouer. Enfin, on pestera devant l’absence de remake pour 358/2 Days, mais finalement, comment faire pour transférer ce jeu DS sur grand écran sans le gâcher ? L’idée des vidéos est pertinente et on s’en contentera. Cette compilation est parfaite pour débuter l’aventure, sans doute idéale pour ceux qui souhaitent s’y replonger, mais elle ne fait que le strict minimum ! Et surtout, sincèrement, qui a eu l’idée d’empêcher le joueur de revenir à la sélection des jeux une fois l’un des trois titres lancés ? Une bête erreur qui n’entache évidemment pas la grandeur d’une saga qui a ses fans, ses détracteurs, mais qui reste un grand pan de l’histoire vidéoludique de Square Enix et ce, pour encore quelques années sans doute.