Si on m’avait dit que les développeurs du sympatoche, mais vite ennuyant Hard Reset seraient les premiers visés par un nouveau Shadow Warrior sur nos bécanes, je vous aurais ri au nez. Et pourtant ! Débarquant de leur monde de mécha, les développeurs polonais empruntent la licence de 3D Realms et à la surprise générale, rendent l’aventure passionnément amusante.
Ne sous-estimez pas le pouvoir du Wang !
Lo Wang. C’est le nom de votre héros, un abrutis de mafieux qui se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment. Laissé pour mort, il est ressuscité par une entité démoniaque qui tente de se venger. Et c’est pourquoi vous allez devenir le Wang, une force brute, un ninja rapide et précis, qui découpe tout ce qui bouge (et ne bouge pas aussi, d’ailleurs). Tout cela dans un bal costumé sanguinolent où les musiques vont aussi vite que l’action, où tout est question de blagues à deux euros et de tranche de rire, au milieu de tranches d’ennemis découpés en rondelle. Sortez donc vos katanas.
Il y a vraiment un scénar dans cette parodie de FPS qui ne s’ennuie pas avec les références (si ce n’est dans les quelques cookies chinois qui en plus de vous donner de la vie supplémentaire, vous donnent toujours une petite phrase débile à base de « All your cookies are belong to us »). Vous aurez aussi quelques bornes d’arcades avec le vieux jeu, Hard Reset ou Hotline Miami, un titre publié lui aussi par Devolver Digital. Un éditeur qui a laissé le champ libre à Flying Wild Hog comme jamais un éditeur ne l’a fait : Shadow Warrior a absolument tout du jeu indépendant, tant il jouit d’une liberté sans aucune limite.
Alors oui, à travers la vingtaine de niveaux proposés (pour une durée de vie très intéressante, surfant autour de la quinzaine d’heures de jeu pour un premier run), vous aurez du pistolet, de la mitrailleuse lourde, de l’arbalète pour en finir avec les ennemis volants, mais vous aurez surtout votre katana. Et croyez-en l’expérience, ce katana sera votre arme favorite ! Il découpe sec et les ennemis se font vraiment trancher, pas exactement comme vous l’avez voulu, mais pas loin. Sorte de « Metal Gear Rising » du pauvre dans le gameplay, en pourtant beaucoup plus simple et rapidement fun, Shadow Warrior nécessite aussi de bonnes idées qui rendent les affrontements rapides et originaux.
Dessine-moi un combo…
En plein jeu, katana à la main, vous pouvez tapoter deux fois de suite un bouton de direction (haut, bas, gauche droite ou Z, Q, S, D si vous êtes un vrai joueur de FPS). En faisant cela et en combinant votre cheat code officiel avec un clic gauche ou un clic droit, vous effectuerez une action spécifique. Certaines fois, vous allez pouvoir vous soigner, projeter vos ennemis en l’air et autres pouvoirs à débloquer, mais le meilleur reste à découvrir avec les techniques au katana, les skills : un coup circulaire absolument renversant (et vomitif), un concentré de pouvoir qui tranche tout sur votre passage, un coup chargé qui à la fin de l’envoi touche mortellement votre cible, tout cela est des plus jouissif à vivre.
Moyennant des cristaux de pouvoir, du Chi ou de l’argent, vous pouvez donc améliorer vos pouvoirs, vos skills (certains augmentent aussi votre force, votre résistance au combat, votre santé, etc.) et acheter de l’équipement pour améliorer vos armes. Vous allez alors fouiller chaque placard pour en piquer tout l’argent ce qui, de toute façon, est nécessaire à faire : Shadow Warrior est un pur FPS à l’ancienne vous demandant d’aller d’un point A à un point B sans trop de scripts, avec des portes à ouvrir en cassant la bonne statue de pouvoir qui se situe à l’autre bout de la carte. Nerveux, très rapide, le jeu vous demande aussi de fouiller le niveau de fond en comble pour trouver tous les secrets bien dissimulés.
Enfin un bon FPS à l’ancienne !
Bénéficiant d’un moteur très solide et visuellement loin d’être moche, bien que furieusement répétitif dans ces environnements et effets de lumières, sans parler d’un bestiaire un peu chiche en nouveauté, Shadow Warrior est une réelle surprise. Surtout qu’il y a plein de petites choses à découvrir en plus du long jeu solo principal : des lapins qui forniquent ? Tuez-en assez et vous aurez un lapin noir diabolique qui apparaîtra pour vous faire la peau sur fond de métal bien bourrin. Plus étonnant : le scénario est vraiment amusant à suivre et ne lasse pas, arrivant même à surprendre avec quelques retournements de situations bien écrits.
Shadow Warrior, messieurs de Flying Wild Hog, de Devolver Digital, toutes nos excuses. On ne croyait absolument pas à ce Shadow Warrior, surtout suite à un premier jeu assez mauvais, à des remakes qui nous ont beaucoup déçus (Duke Nukem, Rise of the Triad…), mais force est de constater que celui-ci est excellent. Pas profond, pas du genre à devenir culte, mais assez réussi et diaboliquement fun pour ne pas passer inaperçu et mériter qu’on s’y attarde si on aime le genre. Bravo !