Arma III

On l’aura attendu longtemps cet Arma III, qui annonce après annonce, se faisait désirer de plus en plus chez les amateurs de simulation de meurtre de masse. Volonté de réalisme oblige, les Arma ont toujours eu une place à part et n’ont jamais eu de réelle concurrence. Et ce d’autant plus quand on a une communauté aussi fidèle derrière soi. Alors, le seigneur Arma, seul dans son château, se repose-t-il sur ses lauriers ou a-t-il gardé sa force tranquille ?

 »Ceci n’est pas un Call of » – Kévin Magritte, 2013

Pour le troufion de base au fond de la salle qui ne connaîtrait pas la série des Arma, qu’il sache qu’il ne s’agit pas là d’un fps arcade de plus. Depuis Operation Flashpoint, licence qui ne leur appartenait pas, Bohemia Interactive s’est efforcé de faire de sa série des Arma (Armed Assault) la référence des simulations de guerre moderne réaliste. Assez unique en son genre, ici vous n’aurez pas de couloirs, si ce n’est ceux des quelques maisons qui parsèment les gigantesques paysages que l’on est amené à traverser. Exit les territoires de l’Europe de l’Est d’Arma II. Le voyage se fera dans les deux îles grecques à ce jour disponible : Stratis et Altis. La première fait dans les 20km² et la seconde flirte avec les 270km² ! Oui rien que ça. Un immense terrain de jeu, magnifique au passage, se dévoile à nous après un seul et unique temps de chargement (si vous avez un SSD, je vous conseille d’installer votre jeu dessus, sinon, ça peut-être long).

C’est dans ces décors que vos missions auront lieu, et outre une grande partie composée de la faune et la flore locale, vous tomberez sur des villes, des complexes industriels et militaires. Il faut bien se rendre compte qu’effectuer une mission dans Arma, c’est très souvent se manger des kilomètres de marche à pied dans la nature, ou éventuellement à l’aide d’un véhicule si vous en avez un à disposition. Et parce-que l’environnement sous-marin est aussi présent en tant que nouveauté de ce troisième épisode, vous pourrez accoster ces îles à l’aide d’un Zodiac ou en plongée sous-marine dans votre costume d’homme-grenouille. Une fois à terre, les escarmouches avec l’ennemi sont peu nombreuses. Il ne faudra pas s’attendre à alimenter un score de frags élevé, car le cœur du jeu n’y est pas. Il faudra même bien souvent éviter dans certains cas l’ennemi pour assurer la réussite de l’objectif qui vous a été confié.

Le gameplay d’Arma III repose énormément sur l’observation ce qui explique la distance d’affichage incroyable. En sortant les jumelles, il est dès lors possible de voir sur plusieurs dizaines de kilomètres et ainsi de repérer la présence d’ennemis. Peu de jeux peuvent se targuer d’offrir une telle vue. Une fois les ennemis repérés, vous devrez avancer avec votre escouade en prenant en compte chaque paramètre. En général, on fait connaissance avec le sol, et on broute de l’herbe par tonnes à force de ramper pour ne pas se faire repérer. Des ennemis passent en véhicule, vous vous faites petit, car les tuer ne vous aidera pas, au contraire cela pourrait aggraver votre situation dans certains cas. Il est nécessaire d’analyser la situation avant d’agir à la légère, même si sous la pression, la gâchette est si vite appuyée.

C’est très souvent dans ce climat de tension que les missions se déroulent tandis que d’autres seront plus musclées à l’aide des tanks ou d’un support aérien apporté par les jets. Une balle équivaut très souvent à une mort instantanée. On sent une balle qui fuse près de l’oreille, ce qui veut dire qu’on a été repéré. La balle suivante est souvent fatale. Et si vous n’êtes pas mort, vous êtes sans doute grièvement blessé et devrait vous soigner assez vite. Plus que le skill, il faudra faire preuve d’attention et de réflexion.

More of the same, mais en mieux

Ceux qui ont déjà joué à un Arma dans leur vie ou y joue toujours retrouveront leurs marques sur celui-ci très rapidement. Comme toujours, il faudra paramétrer un très grand nombre de touches aussi bien pour l’infanterie que pour les déplacements dans divers véhicules sur terre, air ou mer. Contrairement à la plupart des fps, Arma III offre en effet un éventail d’actions et d’animations assez poussées. Vous pouvez vous déplacer en mode marche ou au pas de course, sprinter dans les moments critiques, vous accroupir ou vous allonger pour assurer une meilleure stabilité de votre viseur ou bien ramper et ainsi être le plus discret possible. Le lean est également présent. Un coup de molette près d’un objet ou d’un véhicule avec lequel vous pouvez interagir fera apparaître les différentes actions possibles. La jouabilité est forcément déconcertante et compliquée à vue d’oeil pour le débutant. Qu’il se rassure, c’est comme le vélo, on finit par y arriver avec un peu d’entraînement.

Une fois les touches configurées, on plonge dans l’action, et c’est là que la bât blesse. Il n’y a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent, en tout cas qui soit officiel, car le Steam Workshop avec lequel Arma III est compatible, a beau s’être déjà bien rempli, bon nombre des mods proposés sont souvent des imports directs de leurs semblables sur Arma II, ou bien à la qualité plus que variable. Il faudra faire le tri histoire de trouver son bonheur ou bien se plonger soi-même dans l’éditeur de mission mis à disposition du joueur, un éditeur parfois un peu trop rigide et pas toujours évident à utiliser pour le néophyte. Le contenu est mince aussi bien au niveau des véhicules et des armes que des missions, mais c’est surtout sur ce dernier point qu’il y a problème. En tout et pour tout, une quinzaine de missions se battent en duel et ont plus une valeur de tutorial qu’autre chose, auxquelles viennent s’ajouter quelques parcours pour vous apprendre à manier le trop rare arsenal mis à disposition. C’est déjà ça vous me direz, mais il est rageant de se dire que la campagne, la vraie, ne soit pas là. Bohemia a promis de la sortir sous la forme de contenu additionnel gratuit, mais plus tard. N’aurait-il pas mieux valu repousser la sortie officielle de quelques mois histoire de finaliser ce qui devait l’être ?

Il ne restera qu’au joueur passionné à se rabattre sur le contenu amateur des mods et à faire avec. Même ainsi, il est possible de vivre de grandes expériences vidéoludiques qui peuvent durer des heures, mais à la condition de jouer à plusieurs dans un groupe soudé si on veut s’amuser. Le joueur solitaire trouvera peut-être son compte en flânant sur les serveurs en ligne existant, comptant parfois jusqu’à 120 joueurs, mais ça ne sera pas la même chose.

Un moteur qui ronronne bien

La plus grosse amélioration de ce troisième épisode est sans conteste la nouvelle version du moteur qui l’anime. Avec Arma II, Bohemia avait atteint un nouveau degré dans le réalisme visuel, mais souffrait de performances en dents de scie à cause de sa consommation en ressource particulièrement élevée. Cette fois-ci, on sent qu’un gros effort d’optimisation a été fait de façon à rendre le jeu globalement plus fluide et agréable à jouer. Dans l’ensemble, tout tourne bien mieux qu’auparavant, et certaines machines vieillissantes pourront, avec quelques sacrifices, faire tourner le monstre. Bien évidemment, il ne faudra pas se faire trop d’illusions, Arma reste un jeu très gourmand, ce qui est de toute façon compréhensible quand on voit ce qui s’affiche à l’écran et sur quelle distance ! Pourtant, on pestera quand même sur les grosses chutes de framerate à certains moments, notamment à l’approche d’une ville. Baisser quelques options graphiques deviendra nécessaire, même pour les mieux lotis (personnellement, je tourne sur un i5 2500k, 8go de ram et une Geforce 670 et ça rame violemment par moment).

Ce jeu est beau, un peu moins forcément en étant obligé de sacrifier certaines options, mais pas tape à l’oeil comme un Battlefield 3 ou un The Witcher 2. Les couleurs et l’éclairage sont sobres bien que dans des tons plus chaleureux que dans Arma II, le soleil de méditerranée aidant. Ce changement de lumière est d’ailleurs le bienvenu après les couleurs très froides de l’Europe de l’Est de son prédécesseur. On regrettera pourtant que les intérieurs de la plupart des bâtiments du jeu soient si vide et sans vie, question de framerate sans doute. L’environnement sonore est réussi dans son ensemble et permet de bien nous immerger lorsque les balles fusent dans tous les sens. Les animations sont de meilleure qualité, plus complexes, et la physique des véhicules plus convaincante qu’auparavant même s’il est encore possible de faire mieux.

Mais ce que l’on appréciera le plus par rapport au second volet est sa finition bien plus aboutie. Pour une fois, un Arma sort dans un moteur à peu près correctement optimisé et surtout sans trop de bugs handicapants (il y a quand même la possibilité de quelques plantages), ce qui en soit est déjà un exploit qu’il faut souligner.

Corvée de patates, soldat !

Malgré les efforts consentis notamment en ce qui concerne l’optimisation de son moteur maison, on ne peut que regretter que Bohemia n’ait pas inclus de campagne solo dès la sortie officielle de son Arma III. Alors certes, celle-ci viendra sous la forme de DLC heureusement gratuits, mais dans combien de temps ? En attendant, il n’y a pas grand chose pour rassasier le fan de la série qui devra se contenter de quelques missions d’entraînement et/ou du contenu que les mods lui offrent. Le débutant, lui, n’aura rien pour se faire véritablement la main sur le jeu, une campagne solo étant souvent un bon moyen pour apprendre les rouages d’un jeu avant de se plonger dans son mode multijoueur.

D’un autre côté, si on veut voir le verre à moitié plein, on se rappellera que Bohemia Interactive a toujours eu un suivi exemplaire de ses titres. Les patchs ne devraient pas manquer l’appel du devoir et corriger à terme tous les petits défauts et bugs, même si cette fois-ci, ils sont bien moins nombreux. Les mods eux-même devraient peu à peu prendre en grade, les Arma ayant toujours eu droit à une communauté fidèle et entièrement dédiée à sa cause. Pour le moment, on a plus le droit à une importation massive des créations issues d’Arma II, même si à terme les missions et autres joyeuseries du Workshop devraient augmenter en qualité et faire un peu plus usage des apports de ce troisième épisode. Pure spéculation cependant.

On ne va pas reprocher à Bohemia de s’être contenté d’améliorer sa recette plutôt que de la révolutionner, d’autant plus que contrairement à d’autres franchises, ils ne nous abreuvent pas d’un nouvel épisode chaque année, mais on se plaindra sur le (trop?) maigre contenu de cette édition. Les choses évolueront les connaissant, mais en l’état, sans compagnons d’armes avec qui s’amuser (indispensable), il n’y a rien qui justifie son achat. A force de trop se reposer sur sa communauté, il ne faudrait pas oublier de faire un jeu complet derrière. Les bases sont là. Il ne leur suffit plus que de se retrousser les manches et de remplir les vides.

1 réflexion au sujet de « Arma III »

  1. Tiens comme je suis sympa, je vais compléter avec des réclamations qui risquent de décevoir :
    – Le jeu est très pauvre en contenu quand on sort juste d’ARMA 2, c’est un peu difficile à supporter.
    – Le jeu s’adapte mal a la communauté fan de simu puisqu’il y s’agit de matériel futuriste, voir parfois absurde (le Comanche par exemple, qui n’existera jamais).

    Résultat, nous sommes dans une période de transition assez instable, la communauté sérieuse semble rester sur ARMA 2.

    Répondre

Laisser un commentaire