Dur d’être original dans le monde du hack’n slash, surtout avec les ténors du genre que sont Diablo, Torchlight, mais aussi Path of Exile depuis peu. Dans ce cas, autant avoir des idées à proposer pour sortir du lot, quitte à proposer aussi une difficulté hors du commun… Petit bonus : découvrez l’histoire des développeurs qui, mine de rien, est hors du commun !
Forced’y jouer ?
Kickstarté en 2012 avec 165% de la somme initiale au final, Forced nous raconte l’histoire d’esclaves (le ou les joueurs) devant gagner leur liberté en affrontant plusieurs arènes aux nombreux défis. Quatre zones et un boss final sont au rendez-vous, avec évidemment des environnements différents : la plaine, le désert, la jungle et l’éternelle obscurité démoniaque sont donc les endroits que vous visiterez avec cinq arènes et un boss pour chacun. Chaque arène est divisée en trois objectifs : un principal, obligatoire pour terminer l’arène, un objectif secondaire secret qu’il faut révéler une fois le défi terminé au moins une fois (cela peut être un certain nombre d’ennemis à abattre d’une certaine façon, la nécessité de ne jamais se soigner ou tout autre défi en relation avec l’environnement de l’arène) et enfin, un défi de Contre la Montre. Vous allez en baver !
Parce qu’en voyant les premiers screenshots, vous vous dites que c’est un « beat’em all » de plus. Sauf que pas du tout, loin de là même. Commençons par les originalités du gameplay : chaque défi de chaque arène débloque une gemme, vous avez donc trois gemmes à débloquer maximum par arènes. Chaque gemme est un « niveau » pour votre personnage qui se verra débloquer des pouvoirs au bout d’un certain nombre de gemmes. Il y a deux sortes de pouvoirs : les actifs (ceux que vous placez sur vos boutons ou touches pour les effectuer en jeu) et les passifs. Le personnage peut en utiliser trois de chaque : il va donc falloir faire un choix parmi la vingtaine disponible jusqu’au niveau 75 (pour autant de gemmes à débloquer).
Les personnages sont disponibles en 4 classes : un voleur, rapide et précis, côtoie un Berserker plus lent, mais qui frappe durement. S’en suit un archer évidemment efficace de loin et qui peut se rendre invisible, mais à la barre de vie réduite. Enfin, il y a un défenseur, aidé d’un bouclier bien utile pour contrer, mais aussi pour être lancé sur la face des ennemis. Ces quatre classes sont sélectionnables à la volée avant chaque lancement d’une arène. On peut donc aisément passer de l’une à l’autre sans chargement entre deux arènes et évidemment, on garde les niveaux obtenus.
Un orbe pour les embrouiller tous !
La principale originalité de Forced, qui donne tout son intérêt au jeu, c’est un orbe nommé Balfus, un ancien esprit qui vous sert de mentor dans cette épopée au scénario quelconque, mais bien racontée, jamais ennuyant à défaut d’être passionnant. Cet orbe peut être appelé n’importe quand pendant la partie et doit vous suivre à chaque pas. En traversant des interrupteurs, elle les actionne. En passant à travers des sabliers, elle empêche l’apparition d’ennemis à l’infini. On peut aussi s’en servir pour bouger des caisses permettant de bloquer des lasers ou d’actionner des stèles, empêcher une brume de poison de se disperser trop vite… Bref, c’est une orbe à tout faire, même à se soigner , à électrocuter les ennemis ou à les envoyer balader dans le décor en traversant les fontaines de pouvoirs. Quant à ces étranges statues vous permettant de rendre votre orbe explosives, elles sont à double tranchant.
L’orbe est une magnifique idée qui donne tout son sens à Forced. Vous allez la maudire autant que l’aimer, surtout en multijoueur. Chacun peut appeler le même orbe, une pour quatre et évidemment, il y aura des confusions. Et rapidement, le jeu se complique et cumule les utilisations d’orbes prioritaires. Il va falloir faire des choix, jouer au micro, se donner des instructions claires et ne pas s’énerver. Cela ne va pas être simple !
Jouable seul, les deux premiers niveaux…
Disponible pour des parties jusqu’à quatre joueurs, en local ou en ligne, Forced semble totalement déséquilibré et mal pensées pour un petit nombre de participants. À quatre, le niveau du jeu est extrêmement élevé. Dès qu’on se retrouve à deux ou trois, c’est d’une galère sans nom. Les deux premiers mondes sont encore faisables, bien que vous recommencerez une bonne trentaine de fois certaines arènes tant elles sont complexes, mais le pire vient des niveaux de « puzzle » vous demandant de la jugeote.
Imaginez comment cela se passe lorsqu’il faut penser pour trois ou quatre en plus d’un orbe ! Pire : les puzzles sont souvent vraiment complexes et s’ils ne sont pas nombreux sur toute la longueur du jeu, on s’en souvient comme d’un très mauvais cauchemar. C’est une bonne chose, ils sont passionnants : mais on aurait quand même aimé que justement, les phases bourrines (qui sont les plus nombreuses parmi les 25 arènes du jeu) soient aussi jouables et que le fait de les recommencer une centaine de fois soit uniquement de notre faute et pas d’un jeu abusif, aux vagues d’ennemis incroyables de difficulté. Finir un niveau de Forced, c’est crier à la victoire comme un fou. C’est se jurer qu’on vient d’effectuer une action monumentale. C’est se prendre pour un Hardcore Gamer. Forced est non seulement dur, mais il a en plus l’audace de faire croire aux potentiels joueurs qu’il est faisable seul ou à deux : non, c’est impossible, sauf pour d’extrêmement rares individus doués d’une intelligence suprême et de réflexe de malade.
Des mises à jour régulières
Néanmoins depuis la sortie du jeu, les développeurs s’en occupent avec beaucoup de patience et lisent les commentaires de joueurs. Beaucoup de choses ont déjà changé entre l’écriture de ce test et les différents updates : le multijoueur est beaucoup plus convivial (au lancement, il était par exemple impossible d’inviter des amis), même Halloween a eu le droit à son petit skin et son arène « Survival » (un second mode de jeu assez quelconque demandant de se battre contre plusieurs vagues successives ou de faire du PVP en « dernier joueur en vie » dans un cimetière remplis de citrouilles).
C’est ce dernier point qui nous intéresse : oui, Forced n’est pas parfait, extrêmement dur, mais il propose un gameplay totalement novateur et aux idées de level-design jouissives. Jouer en coopération avec l’orbe est très amusant, mais évidemment vite frustrant tant le défi est relevé. Néanmoins, on est clairement en manque de défi, de jeux difficiles qui demandent de la maitrise. Forced est de ceux-là et il a encore beaucoup à apprendre pour être un excellent jeu. Mais en l’état, il est une belle curiosité pour Hardcore Gamers qui risque de se faire un joli nom sur la longueur si les développeurs, motivés, passionnés, continuent de s’en occuper avec autant de bienveillance. Une belle surprise, un caillou balafré et mal taillé qui ne demande qu’à briller dans les mains de gens patients qui savent ce qu’ils en font. Un jeu à suivre avec une extrême attention !