Raconter, mettre des sentiments dans le jeu vidéo, c’est très à la mode. Starbreeze, qu’on croyait disparu depuis l’exécrable Syndicate (mais aussi les excellents The Darkness et The Chronicles of Riddick) nous revient dans un petit jeu sans gros budget, venu un peu de nulle part et plein de bonnes intentions. Jamais on n’aurait pu imaginer, cependant, vivre une telle aventure !
Un joueur pour deux frères
Tristesse : deux enfants ayant récemment perdu leur mère voient leur père revenir de ville en très mauvaise posture. Empoisonné, celui-ci ne peut être aidé que grâce à un remède qui se trouve de l’autre côté du monde, au sommet d’une montagne, dans un puits naturel. N’écoutant que leur courage, les deux enfants partent à l’aventure. Le joueur, de son côté, doit contrôler nos deux héros avec une seule manette : un stick analogique pour chacun ce qui, évidemment, demande un petit temps d’adaptation. Le reste est très simple puisque les sauts sont automatiques et qu’une gâchette seulement par personnage est nécessaire pour effectuer toutes les actions du jeu. Trop simple, ce Brothers ? Oui, mais tellement beau.
On s’approche définitivement du récit interactif avec Brothers. On contrôle certes nos personnages, mais finalement, cela sert surtout à tourner les pages de l’aventure. Vous allez rencontrer bien des personnages, découvrir des contrées merveilleuses, aider quelques individus sur votre passage (avec des quêtes annexes qui feront office d’un peu de liberté dans ce jeu extrêmement linéaire) et tout cela sans aucune véritable voix (un langage a été totalement inventé pour l’occasion) ni même d’explications textuelles. C’est aussi ça, la force de Brothers.
Histoire de famille
Prétentieux ? Même pas. Brothers raconte juste une histoire de deux heures (davantage si vous êtes du genre à admirer les paysages) qui se tient, du début à la fin. Tout est très logique et les retournements de situation amènent toujours vers un gameplay original. Les deux frères n’ayant pas les mêmes capacités, le petit pouvant par exemple passer à travers les barreaux d’une porte alors que le grand sait tout simplement nager, il va souvent falloir jouer en coopération… tout seul. Sur une seule manette, on le rappelle. Très curieux et efficace, même si on s’emmêlera quelquefois les pinceaux. Néanmoins le jeu n’est jamais punitif : si vous tombez d’un ravin (impossible sur des chemins normaux puisque constitués de murs invisibles), vous faites écraser par un des rares ennemis du jeu ou que sais-je encore, vous reviendrez au dernier checkpoint à quelques pas de votre défaite.
Brothers est une histoire qu’on découvre avec bonheur, très courte, mais pleine d’émotions, de réels moments de grandeur. C’est aussi une tragédie, tant le début est glauque et la progression se fait sans trop de chance. Clairement, nos deux frangins sont souvent confrontés à un défi toujours plus complexe que le précédent et si ce n’est pas difficile pour le joueur (Brothers est vraiment simple), il n’empêche que cela met en place une destinée réellement complexe pour eux. Arriveront-ils jusqu’au bout ? Pourront-ils sauver leur père à temps ? À vous d’y jouer pour le savoir.
C’est un jeu court, facile, mais accessible à tous et toutes, nous racontant une histoire très bien écrite et sans trop de clichés. La fin sera surprenante, les nombreux défis qui vous attendent vous feront visiter des environnements très différents et émotionnellement parlant, c’est complètement maitrisé. Alors certes, il est un peu cher pour le peu de durée de vie qu’il propose (surtout qu’on n’y reviendra pas), mais quelle aventure !
J’ai vraiment beaucoup aimé, je suis tombé dessus un peu par hasard et je me suis laissé emporter par le jeu.
C’est même hallucinant à quel point le jeu arrive à transmettre des émotions sans aucun dialogue.