Inspiré de Castelvania dès ses premières images, le jeu de Scientifically Proven tente de proposer une aventure teintée de l’aura des mystérieuses créatures d’Universal et de ces vieux films d’épouvante ayant toujours laissé une trace indélébile dans notre culture cinématographique actuelle. À côté de cela, il fallait toutefois en faire un jeu vidéo. Les deux volontés se sont-elles bien mariées ?
Selena au clair de lune
Un mari tué, un fils enlevé : il n’en fallait évidemment pas davantage à Selena pour vouloir se venger de ceux qui ont chamboulé sa paisible vie d’épouse et mère aimante. N’écoutant que son courage et sa vaillance, elle part à l’aventure à la recherche de ceux ayant capturé son fils. Son point fort ? Elle est un loup-garou. C’est avec ce scénario de base, franchement original, que Blood of the Werewolf commence l’aventure. Narré avec qualité par une voix-off réussie et des cinématiques sympathiques, le jeu s’annonce comme une vraie épopée. Et puis très vite, on découvre les inspirations cinématographiques évidentes et on se dit qu’on est peut-être passés devant un scénario de grande qualité pour n’avoir finalement qu’une grosse référence à un univers de vieux films aimés et appréciables, mais qui cloisonnent le titre et l’empêchent de décoller au niveau de l’histoire.
Pas grave, le style de jeu est là pour nous séduire. Au début, cela ressemble évidemment à du Castlevania, à la différence près qu’on découvre rapidement l’absence totale de liberté et d’exploration. Les niveaux se font en ligne droite avec certes quelques bifurcations (des secrets bien cachés, débloquant des items améliorant vos caractéristiques de personnages), mais sans jamais s’éloigner d’un couloir bien conçu.
Votre personnage peut s’y battre à coup d’arbalète, de loin, tout en sautant pour esquiver les tirs ennemis. Les adversaires sont d’ailleurs particulièrement bêtes et surtout, ne bougent pas beaucoup de leur place. Quand ils se permettent de bouger, ils sont encore plus stupides et foncent simplement vers vous. Sans aucune finesse et avec une hitbox à s’énerver tout seul devant un jeu « qui triche ». Rapidement, malgré l’esthétique ravissante du titre, on déchante furieusement devant une conception loin d’être au niveau de ce que l’on attendait.
Dracula, Frankenstein et les autres…
Les niveaux sont conçus de façon à vous faire mourir, très souvent. C’est punitif, c’est violent, mais c’est aussi sacrement facile. Comment ça, c’est illogique comme phrase ? Pas vraiment. Car si effectivement chaque niveau comporte un certain nombre de passages très complexes, ils sont néanmoins totalement désacralisés par des checkpoints apparaissant tous les dix mètres. Du coup, comment voulez-vous qu’on ait peur d’un quelconque passage ? Il suffit d’aller tout droit, de foncer, de se prendre un piège pour comprendre comme l’éviter et de recommencer juste avant celui-ci. La mort n’est jamais grave et c’est bien le problème premier du jeu.
Alors certes, il y a une certaine rejouabilité intéressante ou l’on vous demande de trouver tous les symboles à travers les niveaux, en un minimum de temps et sans mourir, mais cela reste du secondaire. L’expérience première n’en est pas moins furieusement simple, assistée et pourtant frustrante à cause de collision effroyable. Vous touchez du feu ? Celui-ci vous propulse vers l’avant ou l’arrière. Vous activez un ventilateur censé vous faire sauter plus loin ? Attendez quand même deux secondes que votre personnage prenne réellement la vitesse voulue sous peine de faire le saut le plus ridicule de votre vie. Bref, tout le titre est parsemé de « petits défauts » qui gênent la progression, surtout pour les joueurs les plus rapides. Un comble pour un titre qui se veut rejouable en speed-run !
Blood of the Werewolf n’est pas mauvais, malgré tout cela, malgré ses boss effroyablement faciles, quelconques, mous et répétitifs, mais il est extrêmement décevant. Tout son potentiel présenté dans les premières minutes du jeu est explosé par l’innombrable liste de bugs, imprécisions et assistances. C’est un jeu qu’on veut aimer, qu’on apprécie pour son style original et sa maîtrise artistique indéniable, pour ces références et ce qu’il veut nous proposer… Mais tout cela est gâché par une volonté de s’offrir à un large public tout en jouant les jeux difficiles de pacotille. C’est plus que dommage : c’est rageant.