Portage 3DS d’un jeu sorti il y a quelques mois sur PS3, Urban Trial Freestyle reprend le principe déjà bien exploité des jeux de trial, en cherchant toutefois à se démarquer de la simple étiquette de “clone” de tel ou tel titre. En insistant plus sur certains aspects et délaissant d’autres pour tenter de proposer un jeu unique, les développeurs ont-ils découvert la recette magique ?
Moto urbaine
Dans ce jeu de trial à scrolling horizontal, vous incarnez un motard accompagné de son bolide et dont l’objectif est de progresser au fil des niveaux tout en évitant les nombreux obstacles physiques qui se dresseront sur votre chemin. Pour ce faire, la possibilité d’influer sur l’inclinaison du personnage, de contrôler la vitesse relativement précisément et donc d’avancer ou de reculer sur un plan en 2D, est offerte au joueur. Ici, bien que nous nous trouvons sur 3DS qui n’est pas franchement la console la plus utilisée dans cette optique, le studio Tate Interactive a joué à fond la carte des obstacles spectaculaires et impressionnants. Par exemple, le jeu contient des séquences durant lesquelles le joueur se retrouve sur un train en marche, ou encore dans des échafaudages dantesques. C’est particulièrement réussi, tout comme le level-design en général. La plupart des niveaux sont intéressants et divers. Graphiquement soignés et recherchés, l’utilisation de la 3D les rend encore plus appréciables et beaux.
Mais l’un des gros problèmes d’Urban Trial Freestyle, car il y en a (hélas) un certain nombre, est la réalisation ca-ta-stro-phique du personnage. Véritable retour à une génération précédente, le seul mot qui me vient à l’esprit lorsque je l’aperçois, virevoltant dans les échafaudages (vraiment réussis, encore une fois) est “ignoble”. Le personnage est mal animé, moche et pousse des cris horribles. Tout, tout ce qui a trait à votre personnage est raté, simplement. Les développeurs ont bien tenté de camoufler un peu ce défaut en incluant un système de personnalisation, vous permettant, en récupérant des sacs d’argent dissimulés un peu partout dans les niveaux, d’acheter divers vêtements mais la fonctionnalité ne réussissant pas à combler le gouffre créé par le défaut cité précédemment et n’ayant aucun intérêt d’un point de vue du gameplay, elle s’oubliera bien vite. Cependant, le même système, cette fois-ci pour personnaliser votre moto, a été implanté, sauf qu’ici, il n’est pas “gadget”, il a une réelle utilité. En fonction de ce que vous achetez, vous ferez évoluer vos statistiques dans 3 domaines (la vitesse maximum, l’accélération et la manoeuvrabilité) afin d’obtenir la moto parfaitement adaptée à votre façon de jouer.
La simplicité avant tout
Toutefois, bien que l’implantation de statistiques précises pourrait paraître rebutante, le gameplay reste très simple. Les créateurs ont particulièrement insisté sur la simplicité en général, que ce soit du point de vue de la jouabilité ou des niveaux. Tout est accessible. Les contrôles s’assimilent rapidement et sont clairs, seules quelques touches sont véritablement utilisées. Cependant, même si je ne peux qu’appuyer la démarche avouée de considérer la simplicité dans le cahier des charges, j’ai ressenti à de nombreuses reprises une certaine fadeur, une certaine pauvreté dans le gameplay. Les développeurs ont trop insisté, ont voulu rendre le jeu “trop” accessible et ont ainsi cassé un peu l’immersion et le challenge que le joueur peut attendre d’un jeu de ce genre. En effet, certains niveaux ont été dépecés de nombreuses choses, d’une véritable recherche, rendant de cette façon la courbe de difficulté (et dans une certaine mesure, l’intérêt que l’on porte au titre) complètement illogique. On passe régulièrement d’un niveau plutôt difficile à un court voyage où la seule fonction du joueur est d’appuyer sur A pour avancer. Pas très excitant.
De plus, l’ambiance sonore laisse vraiment à désirer. Les musiques manquent franchement d’entrain, mixant metal et rock un peu aléatoirement, elles ne sont pas du tout convaincantes.. Après quelques niveaux, je n’ai eu qu’une envie : couper le son. De toute façon, les effets sonores se résumant à des “VROOOOOOOOOOUM” et à des “AAAAH”, ce ne fut pas une grande perte. Le jeu n’est pas à jeter pour autant. Une volonté de bien faire se ressent en permanence dans de nombreux domaines, notamment les modes de jeu, au nombre de deux. Je ferai l’impasse sur le premier, mode contre la montre on ne peut plus classique qui ne trouve un intérêt que dans la présence d’un classement en ligne vous permettant de montrer à tous votre talent ou au contraire, votre incompétence démesurée. Cependant, le deuxième mode de jeu, quoique classique également, m’a beaucoup surpris par sa finesse et sa mesure. Simplement nommé « mode figures », il vous demandera de réaliser, bien entendu, des figures. Mais ici, il ne s’agit pas simplement de faire danser votre personnage dans les airs afin de réaliser des mouvements complexes dont vous ignorez jusqu’au nom. Non, non, non. Ici, tout est utilisé, certaines figures vous demanderont de gérer uniquement votre vitesse, d’autres votre inclinaison, etc. Tout se fait vite, de façon fluide et déjantée. C’est d’ailleurs la seule et unique raison pour laquelle je suis revenu, quand bien même, j’avais déjà largement fait le tour du titre.
Et si vous faisiez vos propres niveaux ?
Les gentils développeurs de Tate Interactive ont aussi eu la merveilleuse idée d’inclure un éditeur de niveaux. « Splendide », « Incroyable », pourrait-on s’exprimer à première vue. Oui, l’éditeur est plutôt intéressant, facile d’accès et bien fait. Mais (!) vous ne pourrez jouer qu’à vos propres merveilles, vous ne pouvez partager vos créations et ne pouvez en télécharger. Ainsi, même si je pense que les limitations de la 3DS ont quelque chose à voir là-dedans, d’autres solutions étaient envisageables pour au moins permettre d’importer des niveaux de la version PS3, par exemple. Le fantastique jeu de Terry Cavanagh, VVVVVV, sorti sur 3DS, l’a fait et cela marche à merveille. Entendons-nous bien sur ce point, si Urban Trial Freestyle avait au moins un semblant de durée de vie, je n’aurais peut-être même pas évoqué ce défaut. Mais le gros problème, c’est que le titre a une durée de vie presque inexistante, en 3 heures à peine vous aurez déjà tout terminé. Certes, vous pourrez vous démener des heures durant pour tenter d’obtenir 5 étoiles sur chaque piste et dans chaque mode de jeu mais même le plus passionné de tous finira par se lasser.
Après ces quelques heures passées en la compagnie de mon motard, j’en suis arrivé à la conclusion suivante : Urban Trial Freestyle est un grand jeu raté. Le studio chargé de le développer voulait bien faire, cela se voit, cela se sent mais beaucoup trop de choses ont été baclées, auraient dû être étudiées plus longtemps. J’aurais adoré aimer ce jeu, il avait un gros potentiel. Tout a été gâché par de petits défauts, présents en trop grand nombre. Le titre en est de tout de suite ruiné. C’est dommage, vraiment, vraiment dommage. Cependant, si certains sont à la recherche d’un Trials-like sur 3DS et sont prêts à fermer un peu les yeux, le maigre prix du titre pourrait les convenir. Les autres continueront simplement leur route. Il n’empêche que je suis déçu, terriblement déçu. Urban Trial Freestyle aurait pu être un grand jeu, il n’est hélas que pauvre, un pauvre titre que l’on lançera entre deux arrêts de bus, un jeu sans saveur que l’on oubliera bien trop rapidement pour passer à autre chose.