Dans cette jungle des jeux à gros budget et grand public, il n’y a plus vraiment de place pour le c-rpg et la 3D isométrique. Des titres comme Fallout ont été remodelé pour satisfaire un public beaucoup moins sujet à la nostalgie d’une époque révolue. Et pourtant, ces dernières années, la multiplication des studios indépendants a engendré tout une série de jeux de cet autre temps. Underrail en fait partie, ne pouvant nier une certaine empathie pour les vénérables Wasteland ou Fallout.
Plus « Early » que « Access »…
Disponible sur Steam en accès anticipé, il n’est pas encore terminé, mais une bonne partie de la campagne est accessible. De futures mises à jour viendront compléter et enrichir l’alpha, mais pour le moment, il faut savoir que son développeur ne garantit pas la compatibilité des sauvegardes d’une version à l’autre, en attendant la sortie définitive du jeu.
Underrail se situe dans un monde où la vie à la surface n’est plus possible. Afin de laisser une dernière chance à l’humanité, cette dernière s’est réfugiée sous terre, chaque groupe étant connectés les uns aux autres au travers d’un réseau de stations de métro. On pense tout de suite à Metro 2033 et à sa suite Last Light qui décrivaient une société souterraine similaire. Un conflit éclatera entre les différentes factions ayant chacune le contrôle d’une station, car l’homme étant un loup pour l’homme, il ne peut en rester qu’un.
Vous, vous êtes le nouveau membre d’une de ces stations, après avoir créé votre personnage en répartissant des points dans différentes catégories telles que la force, la dextérité, l’agilité, etc, de la même façon que l’on pouvait le faire dans un Fallout. En bon fils illégitime qu’il est, Underrail ne faillit pas et fait partie de ces jeux qui ne transige pas avec leur nature. Il est un jeu de rôle comme à l’époque bénie du genre, avec un système de combat en tour par tour, chacune de vos actions étant dépendantes d’une quantité définie de points d’action et de mouvement, auquel viendront se greffer pas mal d’exploration et de dialogues.
Les combats constituent une bonne part de l’action, et la partie la plus difficile du jeu, car Underrail est dur, très dur même. L’ennemi vous aperçoit, on passe en mode combat instantanément. Bien évidemment, on peut s’enfuir, en espérant que la sortie soit proche et que l’on ait assez de points pour s’y déplacer. Mais le plus souvent on meurt en boucle. Jamais sauvegarder n’aura été aussi nécessaire. Malheureusement, cette difficulté est un peu excessive en début de jeu. Je sais pertinemment que ces rpg old-school sont propices au challenge, mais au lieu de fournir une courbe de progression ascendante, la difficulté nous met au sommet dès le départ. Les pouvoirs psi sont par exemple au début relativement inutiles, nécessitant de les faire évoluer suffisamment avant de leur trouver un réel intérêt en combat. Bien souvent, le corps à corps pourra s’avérer plus salvateur que castrateur, à se demander pourquoi alors développer un personnage orienté vers les pouvoirs psi si dés le début le jeu ne nous permet pas vraiment de trouver un moyen de les mettre à contribution ? Ces quelques soucis d’équilibrage disparaîtront sans aucun doute avec le temps, une récente mis à jour par son développeur apportant déjà plusieurs modifications allant dans ce sens. Mais hormis cette frustration, Underrail est riche en terme de possibilités d’attaques. Le tableau des compétences nous montre qu’il est possible de se monter une configuration plutôt bourrine ou au contraire plus finaude. La force ou la subtilité.
Liberté narrative
Mais la partie qui m’a le plus captivé est tout l’aspect narratif. Les dialogues sont à réponses multiples, représentant chacune une émotion différente, comme la neutralité, l’agressivité voire la vantardise. Il est aussi possible de faire le pickpocket, de voler différentes choses à droite et à gauche, bien que sous le regard des autres, cela peut vouloir aussi dire vous mettre en danger, ces derniers ne réagissant pas très bien à la spoliation de leurs biens. Dans le même genre de libertés offertes, il vous sera possible d’attaquer et tuer comme bon vous semble, sans pour autant vous garantir que vous aurez le dessus.
Cette liberté d’action dans un genre pourtant très codifié est agréable à cette période où l’on a trop souvent l’impression d’être dirigé sur un rail allant tout droit. Dans Underrail, on se sent perdu. Quant une mission vous est confié, aucune énorme flèche ne vous indiquera où se trouve votre objectif. Il vous appartiendra à vous et vous seul de vous y retrouver en utilisant les indices qui vous seront donnés. Et de là vient l’excitation et l’expérimentation. On teste le crafting, on teste le marchandage et le troc, on teste les réactions de chaque individu. Il ne faudra pas s’attendre à une IA ultra réaliste, mais simplement à beaucoup de largesse dans l’approche du gameplay. Il est plaisant d’avoir cette tension quand on essaye de piquer quelques objets dans les poches ou le casier d’un des pnj en se risquant à ce que ce dernier ne nous fasse la peau s’il nous prend la main dans le sac.
Ce premier contact avec un passé que l’on pensé bel et bien révolu était plaisant. Un peu rugueux sur les bords, à la réalisation soignée bien que simplette, Underrail n’est pas là pour vous prendre par la main. Il y a de l’excitation dans ce jeu imprégnée par le sentiment jouissif de devoir se débrouiller pour tout. On se heurte cependant un peu trop vite à un mur, celui de la difficulté des combats. Un équilibrage est en cours par son développeur qui essaye de voir comment fonctionneront les changements qu’il opère. Si vous étiez et êtes un fan des Fallout, ce jeu devrait vous intéresser sans problème.