Dans un look de dessin-animé parfaitement maîtrisé, très rond et cartoon à l’ancienne, Teslagrad commence par un papa amenant son enfant, blotti dans ses bras, vers son foyer. C’est le menu principal d’un jeu qu’on attendait exactement à ce niveau de qualité.
L’enfant derrière la capuche
Quelques années plus tard : des soldats viennent capturer (ou pire) une femme et son enfant. Cette maman bien décidée à sauver son protégé lui dit de fuir et c’est alors que vous vous retrouvez à jouer un plateformer assez classique dans un univers merveilleusement travaillé. Très soviétique dans son approche artistique, se plaçant dans un monde que Lenine (pour l’ambiance) et Tesla (pour la technologie) n’auraient pas reniés, Teslagrad fait travailler l’imaginaire avec un level design sans aucun réel sens logique mais avec de belles idées visuelles.
C’est pourquoi vous entrez bientôt dans un château à la recherche d’un moyen de vous sauver de l’adversité. Difficile d’expliquer exactement ce qu’il en est sans spoiler puisque la trame scénaristique du jeu n’a d’intérêt qu’en début et fin de celui-ci. Entre les deux, il va falloir dominer plusieurs salles d’un château façon Castlevania, tableau par tableau. Plusieurs pouvoirs sont à découvrir pour changer la donne de ce plateformes aux airs très classiques et le premier prend la forme de gants vous permettant de maîtriser la gravité en deux couleurs.
La gravité de la situation
Les gants vous permettent de frapper d’un éclair bleu ou rouge des plateformes à alimenter en énergie. Les deux couleurs s’attirent alors que placer une plateforme de la même couleur qu’une autre cote à cote les fera se repousser. C’est ainsi que vous vous poserez sur des blocs et décollerez dans les airs d’un poing au sol, que vous surferez sur votre longue plateforme tout au long d’un parcours ou vous devrez changer ponctuellement de couleur pour continuer, ou que vous ouvrirez simplement des portes auparavant inaccessibles sans ce gant.
Bientôt, vous découvrez aussi la possibilité de vous téléporter d’une petite distance vers l’avant. Pratique pour passer des portails, des barrières, mais aussi des ravins. Surtout que notre héros peut se rattraper sur les bords des plateformes, ce qui lui confère une grande accessibilité aux plateformes alentours. Néanmoins, le level-design vous en fera voir de toutes les couleurs, sans mauvais jeux de mot.
Plusieurs boss sont à affronter, plus ou moins durs mais demandant souvent d’être recommencés plusieurs fois pour en comprendre l’approche subtile et répétitive. Ces combats ne sont pas les plus interessants du jeu mais permettent de réellement découper Teslagrad en plusieurs actes non-distincts sans eux. Surtout qu’un énorme « ascenseur » (utilisant la gravité) central vous permet de revenir sur d’anciens lieux avec vos nouveaux gadgets pour accéder à de nouvelles zones. Plusieurs cartes à collectionner sont à découvrir, racontant davantage l’histoire de l’univers dans lequel vous évoluez. Pour en savoir plus, il y aura aussi quelques petites scènes de théâtre ou se joueront des événements passés (en rapport avec l’histoire de votre personnage et de ses parents) sous forme de personnages en carton et ficelles.
The Hood
Au tiers du jeu, vous découvrirez l’élément phare du gameplay : une capuche, vous permettant de passer librement d’une gravité bleue ou rouge, vous permettant d’oublier (ou presque) l’utilisation obligatoire de vos gants pour progresser. Cela complexifie toujours davantage le jeu avec des passages tendus, millimétrés, rapides, qui nous rappellent quelques-uns des meilleurs moments de jeux comme Super Meat Boy, VVVVVV et les autres. Néanmoins, Teslagrad est plus pataud, moins dynamique, plus posé. Ce n’est pas un défaut, c’est même quelque chose qui le fait sortir du lot quand on y pense, mais cela doit être clairement précisé.
Reste que le personnage se joue magnifiquement bien et que ce soit au clavier ou à la manette, le gameplay est aux petits oignons. Le jeu ne souffre finalement que d’un seul défaut, pas du tout rédhibitoire sauf si vous êtes un gros consommateur de jeux du genre : c’est un énième plateformer teinté de puzzle et d’une progression à la Metroidvania. C’est évident que si vous en avez déjà terminé quelques-uns cette année, Teslagrad ne vous motivera pas davantage. Mais son univers franchement sublime (bien que peu exploité au final) et ses puzzles sont de qualité, ce qui en fait un très bon jeu. Comme prévu, mine de rien.